Sur la base aérienne d'Istres (Bouches-du-Rhône), Emmanuel Macron a ainsi affirmé "qu'aucun budget autre que celui des armées ne sera augmenté" en 2018, au lendemain de la démission retentissante du chef d'état-major des armées Pierre de Villiers, très critique des 850 millions d'euros d'économies décidées pour la défense en 2017.
À l'Assemblée, lors du débat d'orientation des finances publiques pour 2018, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a affirmé que "tous (les) objectifs" du gouvernement "sont liés à la réduction du poids (des) dépenses publiques" (56,4% du PIB en 2016) de trois points d'ici à 2022, un "effort sans précédent".
"Trop de dépenses, donc trop d'impôts, trop de déficits et trop de dette", a-t-il résumé.
"Avec le niveau de dépenses le plus important de tous les pays européens, nous devrions avoir le taux de chômage le plus faible, la croissance la plus forte, la balance commerciale la plus vigoureuse et c'est exactement le contraire", a renchéri son collègue des Finances, Bruno Le Maire, également issu du parti LR.
Appelant à "une révolution copernicienne" dans l'évaluation des dépenses, M. Darmanin a identifié trois politiques pour lesquelles, selon lui, la France dépense "plus que (ses) voisins sans pour autant améliorer les services: logement, formation professionnelle et dépenses d'intervention sociales au sens large".
"Toute notre action réformatrice se concentrera, du moins dans les premiers mois de notre mandat, sur l'amélioration de l'efficacité de ces politiques en termes concrets pour les usagers, tout en parvenant à limiter leur coût", a-t-il exposé.
Situation explosive
Le gouvernement a reçu sans surprise un appui résolu de sa large majorité. Pour Jean-René Cazeneuve (REM), cette stratégie est "un impératif pour retrouver (la) souveraineté économique" de la France et sa "crédibilité européenne".
Le MoDem Jean-Noël Barrot a souhaité que "chaque nouvelle dépense soit expérimentée et évaluée". Concernant les APL, dans le collimateur du gouvernement, il a jugé qu'"elles conduisent à une augmentation des loyers qui bénéficie aux propriétaires" avec "18 milliards d'euros" revenant "chaque année à une politique qui produit des effets opposés à ceux fixés".
La majorité et le Constructif Charles de Courson ont également salué l'engagement de M. Darmanin à "mettre un terme aux sous-budgétisations initiales" pour ne pas devoir faire ensuite, comme cette année, 4,5 milliards d'économies sur un budget voté, afin de respecter l'objectif européen de 3% de déficit.
Parmi les opposants, l'Insoumis Eric Coquerel a lancé: "Ce n'est pas une révolution copernicienne, mais le malade imaginaire. Avec cette politique, le malade mourra guéri." "Pour les riches, c'est l'été. Pour les pauvres, (...) l'hiver arrive toujours plus vite", a-t-il dit.
Le communiste Fabien Roussel a dépeint une "situation explosive" avec le "triptyque (...) baisse des dépenses, cadeaux aux plus riches, soumissions aux règles européennes".
"Vous allez faire rentrer la France dans les clous du cercueil européen", a lancé le Front national Sébastien Chenu.
Tous les groupes d'opposition ont dénoncé les économies réclamées aux collectivités locales, 13 milliards d'ici à 2022. M. Darmanin a exclu une baisse uniforme des dotations, promis des concertations et assuré qu'en 2018, l'État ferait "plus de 50% de l'effort" budgétaire.
Au sujet de la fiscalité, la droite a concentré ses critiques sur les hausses de la CSG, des taxes sur le tabac ou les carburants. "Il ne fera pas bon en 2018 d'être un retraité qui roule au diesel et qui fume", selon le président de la commission des Finances et ex-ministre du Budget, Eric Woerth.
Comme les communistes, la socialiste Christine Pires-Beaune a dénoncé "une réforme sur la fiscalité de l'épargne et du patrimoine qui va favoriser les plus riches".
"Quand on augmente de 100 euros l'allocation adulte handicapé et le minimum vieillesse, je ne pense pas qu'on mène une politique pour les plus riches", a riposté M. Darmanin.