"On est en décélération", à résumé à l'AFP Christine Fumagalli, présidente du réseau Orpi, premier de France avec 1.250 agences. "La tendance pour 2019, c'est plutôt un marché qui vise la stabilisation, une année un petit peu plus calme en nombre de ventes comme en prix."
Selon les chiffres revendiqués par les quatre grands réseaux français - Orpi, Laforêt (700 agences) ainsi que Century 21 (880 agences) et Guy Hoquet (550 agences) qui appartiennent tous deux au géant immobilier Nexity -, le marché de l'immobilier ancien signe une nouvelle année de hausse en 2018 mais son rythme de progression ralentit après deux ans de flambée.
Avec Guy Hoquet ce lundi, ces réseaux ont maintenant tous publié leur bilan annuel. Ils ne représentent qu'une petite part des plus de 20.000 agences françaises, mais leurs chiffres donnent un avant-goût des indicateurs plus représentatifs que publie l'Insee en partenariat avec les notaires. Pour 2018, ils sont prévus le 28 février.
Bilan: "on a atteint un plafond de verre sur les prix (et) on va peut être se cogner un peu la tête", prévenait début janvier Laurent Vimont, président de Century 21 France, lors de la conférence de présentation des chiffres du réseau. "Ca fait trois ans maintenant que les prix progressent en France: (...) la réserve de hausse potentielle devient extrêmement faible".
Son réseau fait état d'une modeste accélération de la hausse du prix moyen au mètre carré l'an dernier (+1,7% contre +1,2% en 2017), de même que Laforêt (+2,8% contre 2,6%). Elle ralentit chez Guy Hoquet (+1,9% contre +2,6%) et Orpi (+0,9% contre +3,1%).
Le prélèvement à la source surveillé
Quant au nombre de ventes, qui se rapproche du million par an dans le pays, il monte chez les quatre réseaux, mais sa décélération est marquée: la progression s'établit dans l'ensemble à un peu plus de 3%, alors qu'elle était à deux chiffres chez certains d'entre eux en 2017.
"Autant de signes annonciateurs d'un marché qui n'est pas en rupture, mais au contraire plutôt mature", relativise dans un communiqué Yann Jéhanno, président de Laforêt France. "Pour le moment, on continue d'emprunter dans des conditions extraordinairement favorables."
C'est l'explication majeure à l'essor du marché ces dernières années: les banques, confrontées à une politique monétaire sans précédent de la Banque centrale européenne (BCE), prêtent à des taux historiquement bas, qui sont même passés sous l'inflation en France l'an dernier, et la situation, selon plusieurs observateurs, devrait perdurer pendant l'essentiel de 2019.
"On sait tous que les taux d'intérêt nous aident à maintenir cette dynamique du marché", a admis à l'AFP Mme Fumagalli.
Pour autant, "le côté dangereux de la moyenne c'est que ça ne donne qu'une grande tendance", a-t-elle enchaîné. "Il faut absolument signaler qu'on a des disparités. Un tiers des ventes se font sur 10 départements. Dans plus d'une trentaine de départements, les volumes de ventes sont en baisse."
Pour l'heure, la présidente d'Orpi s'attend à une année "un petit peu plus calme en nombre de ventes comme en prix" sur une ligne plutôt prudente par rapport aux autres réseaux.
Enthousiaste, Guy Hoquet promet une nouvelle hausse des prix au premier semestre, tandis que chez Century 21, M. Vimont, malgré sa crainte d'un plafond, veut croire à une progression de 1% à 2% sur l'ensemble de 2019 et que chez Laforêt, M. Jéhanno prévoit une année "très dynamique".
Le président de Laforêt, qui souligne que la demande excède toujours largement l'offre, évoque toutefois des inquiétudes extérieures aux seules considérations immobilières: les conséquences économiques du mouvement des "gilets jaunes" et, surtout, le prélèvement à la source, dont l'effet psychologique reste incertain chez les acheteurs potentiels.
"Le prélèvement à la source va complètement changer pour le Français la façon, la perception de prévoir son budget sur l'année", renchérit Mme Fumagalli. "On attend avec impatience de voir les premiers jours 2019 pour voir comment chacun va concevoir son pouvoir d'achat".