Le produit intérieur brut (PIB) s'est légèrement contracté de 0,1% au premier trimestre, selon une nouvelle estimation vendredi de l'Insee, qui a fortement revu à la baisse sa précédente évaluation d'une croissance de 0,4%.
En cause, une reprise de l'activité et de l'investissement dans le secteur de la construction bien moins forte que ce qu'avait évalué l'Insee.
La France rejoint donc les grandes économies européennes qui ont aussi vu leur PIB se contracter sur la période même si elle s'en sort un peu mieux (-1,8% pour l'Allemagne, -0,4% pour l'Italie, -0,5% pour l'Espagne).
Mais cela ne jette aucun froid sur l'optimisme du gouvernement. Le chiffre révisé "ne change rien à notre ambition (...) d'avoir 5% de croissance en 2021", a aussitôt réagi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire auprès de l'AFP en marge d'une visite d'entreprise à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine).
Le ministre met d'ailleurs en avant le fait que l'Insee a légèrement amoindri l'ampleur de la récession record de l'an dernier, avec une chute du PIB ramenée à environ -8% (-7,9% sans correction des jours ouvrés), contre -8,2% précédemment estimé.
Cette révision ramène par ailleurs le ratio de dette publique à 115,1% du PIB en 2020, contre 115,7% évalué jusqu'ici. Le déficit public reste lui de 9,2% l'an dernier, contre 3,1% l'année précédente.
"Garder son sang-froid"
Cela "prouve que nous avons bien protégé l'économie française en 2020, grâce à tous les dispositifs que nous avons mis en place", a défendu Bruno Le Maire, citant la progression du pouvoir d'achat des ménages (+0,4%).
Ces aides sont d'ailleurs prolongées cette année même si elles seront progressivement réduites avec 15,5 milliards d'euros supplémentaires alloués aux mesures d'urgence, auxquels s'ajouteront de nouveaux dispositifs de soutien aux entreprises pour la sortie de crise.
Le gouvernement compte sur une très forte reprise cet été, à l'image du rebond spectaculaire de l'économie à l'été 2020 après le premier confinement, porté par la consommation des ménages.
Appelant à "garder son sang-froid et sa constance, ne pas céder à un chiffre ou à un autre, à un indicateur ou à un autre qui peuvent tomber au fil des jours", M. Le Maire a assuré que "les indicateurs sont tous bien orientés".
La confiance des ménages et des entreprises a effectivement nettement rebondi en mai, selon l'Insee.
"L'annonce d'ouverture de la vaccination à tous les adultes à partir du 31 mai devrait continuer d'accompagner la forte reprise d'activité" dans les services et le commerce de détail, a souligné Samuel Abettan, économiste à la banque ING.
"Même si les chiffres montrent maintenant que l'économie a débuté 2021 plus difficilement que ce qui était estimé précédemment, cela ne change pas la perspective globale", estime aussi Diego Iscaro, économiste au cabinet IHS Markit.
"Nous estimons toujours que la réouverture progressive de l'économie conduise à un fort rebond de l'activité, a-t-il indiqué à l'AFP.
En 2022 au niveau d'avant crise
Le ministre a également réitéré "l'objectif stratégique" fixé depuis le début de la crise qui est de "revenir au premier trimestre de 2022 au niveau de développement économique que nous avions avant la crise en 2019".
L'écart à combler pour atteindre l'ambition gouvernementale se creuse toutefois un peu après la moindre performance du premier trimestre.
Le PIB y restait encore 4,7% sous son niveau de fin 2019, juste avant le début de la crise sanitaire. Et l'acquis de croissance pour 2021, qui correspond à la croissance que l'on aurait si l'activité restait au niveau du premier trimestre jusqu'à la fin de l'année, se situe désormais à 3,5% contre 4,1% estimé précédemment.
L'Insee ne donne pas encore de prévision pour l'ensemble de l'année, tandis que la Banque de France table sur 5,5%, l'OCDE sur 5,9% et la Commission européenne sur 5,7%.
Dans le détail, au premier trimestre la consommation des ménages n'a progressé que de 0,1%, la production est restée stable (contre +0,4%) et l'investissement n'est en hausse que de 0,2% (contre +2,2%).
Le revenu disponible des ménages a lui légèrement diminué au premier trimestre (-0,2%) tout en restant au-dessus de son niveau d'avant crise, selon l'Insee, tandis que la baisse des impôts de production est déjà visible dans le taux de marge des entreprises, qui a progressé à 34,8%.