Une salve d'indicateurs publiés par l'Insee mardi 31 mai matin dressent un tableau peu réjouissant de la situation économique française, conséquence notamment des répercussions de la guerre en Ukraine.
Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) s'est finalement contracté de 0,2%, a indiqué l'Institut national de la statistique, révisant ainsi à la baisse sa précédente estimation publiée fin avril d'une croissance de 0%.
Signe inquiétant : la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française, a chuté de 1,5%, contre un recul de 1,3% estimé précédemment, et qui avait déjà surpris la plupart des économistes qui ne s'attendaient pas à un tel coup de frein si tôt dans l'année.
Les ménages sont frappés de plein fouet par l'accélération de l'inflation, qui avait grimpé à 4,5% en mars, amputant leur pouvoir d'achat de 1,9% au premier trimestre.
Et les choses ne se sont pas améliorées depuis, avec des prix qui ont continué de flamber, avec une inflation de 4,8% en avril et de 5,2% en mai, selon un chiffre également publié mardi. L'inflation dépasse les 5% pour la première fois depuis septembre 1985.
"Nous savons que les prix sont tirés vers le haut à la fois par la situation sur les marchés de l'énergie, également par la situation sur les marchés alimentaires", avait déjà prévenu lundi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, ajoutant que "nous allons entrer dans une période nouvelle où l'inflation ne sera plus aussi basse qu'elle l'a été au cours des années passées".
Conséquence : en avril, la consommation des ménages a encore reculé, de 0,4% a aussi indiqué l'Insee mardi, ces derniers ayant en particulier réduit leurs dépenses alimentaires, dont les prix sont tirés vers le haut par la guerre entre l'Ukraine et la Russie, deux pays exportateurs majeurs de céréales ou huiles par exemple.
Des mesures après les élections
La pression monte donc sur le nouveau gouvernement qui a fait de la protection du pouvoir d'achat sa priorité, alors que l'Insee prévoit une nouvelle baisse de ce dernier au deuxième trimestre.
Il ne doit y avoir "ni oubliés ni angles morts", a ainsi assuré la Première ministre Élisabeth Borne vendredi dernier à l'issue d'une réunion avec le gouvernement.
Ce sera d'ailleurs l'objet des premiers textes soumis à la future Assemblée nationale issue des législatives de juin, qui doivent entériner les promesses d'Emmanuel Macron, avec notamment le maintien de la remise carburant, les indexations des pensions de retraites et des prestations sociales, le dégel du point d'indice des fonctionnaires, une baisse des cotisations des indépendants ou encore la création d'un chèque alimentaire.
La prolongation jusqu'à la fin de l'année du "bouclier tarifaire" sur le gaz et l'électricité est elle aussi actée.
Ces aides s'ajouteront aux plus de 26 milliards d'euros mis sur la table depuis la fin 2021 pour réduire l'impact de l'inflation, même si le gouvernement se défend de prolonger le "quoi qu'il en coûte" déployé au plus fort de l'épidémie de Covid-19, en assurant vouloir davantage cibler les mesures d'aide.
Le sujet est explosif, à deux semaines des élections législatives, alors que le Rassemblement national et la Nupes ont multiplié les promesses et montent au créneau pour dénoncer l'inaction de l'exécutif.
Lundi, le ministre de l'Économie a improvisé un point presse alors que des inquiétudes, relayées par Marine Le Pen, s'élevaient sur la perspective d'un rattrapage du gel du prix de l'électricité sur les factures de l'an prochain. "Il n'y aura aucun rattrapage" sur les factures d'électricité, a-t-il martelé, tout en reconnaissant que le gouvernement devrait prendre des mesures supplémentaires pour financer ce gel.