Ce biais sera d'ailleurs amplifié le mois prochain, la comparaison avec avril 2020, quasiment à l'arrêt en raison du confinement, rehaussant artificiellement les tendances. Mais le rebond constaté sur janvier-mars n'apparaît pas seulement “mécanique” et semble traduire la poursuite d'un rattrapage de l'activité, les volumes de granulats et de BPE étant aussi en hausse au regard du quatrième trimestre.
Côté construction, les signaux repassent au vert : les mises en chantier de logements se redressent, notamment pour la maison individuelle qui affiche une bonne tenue. L'optimisme des professionnels du bâtiment se confirme, leurs carnets de commandes étant au plus haut, et les promoteurs perçoivent une nette hausse de la demande de logements depuis janvier.
Enfin, côté TP, un certain réveil de l'activité se dessine et les carnets de commandes se regarnissent tout doucement.
Un mois de mars supérieur à la moyenne
Les données provisoires sur le mois de mars montrent un fort rebond de l'activité des matériaux. Comparés au mois de mars 2020 en partie “confiné”, la production de granulats a bondi de +78,5% mais a également grimpé de +8,2% par rapport à février (données CVS-CJO).
Au-delà de l’effet de base, l’activité de mars apparaît soutenue puisqu’elle est supérieure de 3,8% à un mois de mars moyen sur ces vingt dernières années. Ainsi, au premier trimestre, la production de granulats enregistre une hausse de 13,9% sur un an mais aussi de +2,4% par rapport au quatrième trimestre.
En cumul sur les douze derniers mois,le glissement ressort désormais à -1%. Côté BPE, le sursaut est également marqué avec une progression des volumes livrés de +124,8% par rapport à mars 2020 et de +7% en un mois (CVS-CJO).
Comparées à mars 2019, les livraisons sont 12% plus élevées, ce qui suggère aussi un mouvement de rattrapage.
Au premier trimestre, les livraisons ont ainsi progressé de +19,4% sur un an et de +1,6% par rapport au trimestre précédent.
En cumul sur douze mois, les volumes sont quasiment stabilisés à leur niveau des douze mois précédents (-0,1%).
L’indicateur matériaux décrit les mêmes tendances avec une accélération de plus de 20% sur un an au cours du premier trimestre (données CVS-CJO, provisoires), le rebond se constatant également dans le secteur des produits en béton, notamment ceux à destination des TP.
Bonne tenue de l'activité dans le bâtiment
Tout comme les mois précédents, les entrepreneurs du bâtiment, interrogés en avril par l'INSEE, témoignent de leur optimisme sur l'activité à venir. Qu'il s'agisse des perspectives générales comme de leur propre activité, les soldes d'opinion se situent à des niveaux très supérieurs à la moyenne de long terme et, corolaire de ce constat, leurs prévisions d'embauche continuent de se redresser.
Le solde d'opinion sur les effectifs prévus a quasiment renoué avec ses niveaux très élevés d'avant crise sanitaire tandis que l'évolution des effectifs passés progresse. Il est vrai que les carnets de commandes atteignent des points hauts jusqu'ici inconnus dans le bâtiment (9,1 mois de travail, soit autant dans le gros œuvre que le second œuvre) et que les goulots de production continuent de se multiplier.
Plus de la moitié des entrepreneurs (54,4%) ne peuvent accroître leur activité faute de personnel et 68,3% d'entre eux éprouvent des difficultés à recruter.L'activité récente reste donc très dynamique mais les pénuries de matériaux et autres difficultés d'approvisionnement des chantiers actuellement constatées risquent d'en ralentir le rythme et d'accroître un peu plus les tensions avec, à la clef, un allongement artificiel des carnets.
Ces indicateurs seront à surveiller de près dans les enquêtes des mois à venir pour éviter toute surinterprétation des tendances. Du côté de l'activité constructive, il est vrai que les mises en chantier de logements, publiées par le SDES, se sont raffermies au cours du premier trimestre 2021 au regard du trimestre précédent (+3,2%, données CVS-CJO). Comparé au premier trimestre 2020 (avec un effet de base très favorable sur mars en raison du début du confinement), les logements commencés auraient grimpé de +11,9% (dont +19,8% dans le segment de l'individuel pur et +9,8% dans le collectif).
On dénombre à fin mars, en cumul sur un an, 366 000 mises en chantier de logements, soit un repli de -3,7% en glissement annuel. Les chiffres de mars des constructeurs de maisons individuelles du secteur diffus confirment ce réveil du marché avec des ventes qui ont rebondi au premier trimestre et une tendance haussière du marché sur un an.
Du reste, les permis logements de l'individuel pur et groupé ont bien progressé au premier trimestre (+14,8% et +5,7% respectivement) alors que, pour l'ensemble du résidentiel, il affiche encore un repli de -2,3% sur un an, ce qui laisse le cumul sur douze mois à -15,6% (soit 384 300 autorisations). Le marché de l'individuel bénéficie il est vrai de plusieurs facteurs de soutien : à commencer par l'attachement des ménages pour ce type de logements qui s'est sans doute encore renforcé avec les épisodes de confinement ; les conditions de crédit, ensuite, qui restent exceptionnelles avec des taux d'intérêt en repli (à 1,07% en avril, soit un plus bas historique) et des durées de prêts allongées (230 mois environ).
Ainsi, le durcissement des conditions d'octroi des prêts, recommandé par le HCSF fin 2019 puis assoupli fin 2020, a pour le moment pu être amorti par la vigueur de l'offre bancaire… mais il deviendra juridiquement contraignant pour les banques à compter de juillet 2021.
La demande de maison individuelle pourrait donc rester soutenue au moins jusqu'à l'été, profitant de conditions bancaires encore très favorables et de prix immobiliers qui risquent ensuite de grimper avec l'arrivée de nouvelles réglementations (RE2020, ZAN) et la pénurie de matériaux. Enquêtés en avril par l'INSEE, les promoteurs confirmaient cette tendance haussière de la demande de logements de la part des ménages, soulignant que l'apport personnel des candidats à l'acquisition avait par ailleurs augmenté au cours des derniers mois.
TP : les perspectives s'améliorent
Interrogés en avril par la FNTP, les entrepreneurs des travaux publics se montrent plus optimistes qu'en janvier dernier sur leur activité future : le solde d'opinion est ainsi repassé au-dessus de sa moyenne de longue période, notamment pour l'activité auprès de la clientèle privée même si le redressement continue aussi de s'opérer auprès des collectivités locales.
Côté carnets de commandes, ils sont également jugés plus remplis qu'en janvier. Pour autant, le manque de demande demeure le principal obstacle qui limite l'activité des entreprises (pour 44% d'entre elles contre 46% en janvier) même si les contraintes de main-d'œuvre refont leur apparition (27% contre 20% en janvier) incitant les chefs d'entreprise à revoir à la hausse leurs effectifs futurs.