"Le marché est super dynamique avec des prix qui, sur la France entière, restent relativement sages", a résumé jeudi le notaire parisien Thierry Delesalle, lors d'une conférence de présentation des chiffres du logement ancien pour le troisième trimestre.
Publiés de concert par l'Insee et les notaires, ils confirment les tendances des précédents trimestres: après deux années de flambée, les prix augmentent toujours mais n'accélèrent plus. Avec une hausse de 2,9% par rapport à un an plus tôt, leur progression n'est maintenant guère supérieure à l'inflation, qui a accéléré en France cet été.
Les ventes confirment, elles, une stabilisation: à 956.000 sur l'année écoulée fin septembre, leur niveau est semblable à trois mois comme un an plus tôt.
Sur ce plan, "2017, (...) c'était une année record ; eh bien on se pose la question: est ce que ce record va être battu ?", a commenté M. Delesalle.
"Notre sentiment est que non", répond-il, soulignant que le mois de septembre n'avait pas vu un fort afflux de dossiers chez les notaires.
Reste que "tout ça masque évidemment des marchés complétement différents les uns des autres", a-t-il enchaîné.
L'écart reste considérable entre l'Île-de-France, en premier lieu Paris, et le reste du pays, à la traîne depuis des années. Certes, il y a des signes de rééquilibrage: toujours élevée, la hausse des prix ralentit dans la capitale, à moins de 7% au troisième trimestre par rapport à un an plus tôt.
C'est aussi entre l'ensemble de l'Île-de-France et les autres régions que les déséquilibres se réduisent: dans l'ensemble de la première, les prix ralentissent leur hausse, alors que dans les secondes, elle accélère, les deux chiffres se rapprochant ainsi de 3%.
Malgré ce rapprochement, "l'effort pour se loger en Île-de-France est assez conséquent", souligne M. Delesalle, notant que le prix moyen des seuls appartements s'y rapproche de 6.000 euros le mètre carré, deux fois plus que dans le reste du pays.
Du rural aussi en Île-de-France
La situation ne se résume pas à une simple opposition entre, d'un côté, Paris et ses abords, et de l'autre le reste du pays.
Il y a aussi une divergence "entre les dix plus grandes villes, hors Paris, et les zones rurales", souligne à l'AFP Sébastien de Lafond, président du site MeilleursAgents.com, qui établit chaque mois ses propres statistiques sur la base de données remontées par quelque 11.000 agences.
Depuis le début de l'année, le site observe globalement une hausse des prix dans cette dizaine de grandes villes - avec des exceptions comme Bordeaux qui revient d'une flambée l'an dernier et Nice où le marché est atone - et une stagnation dans les 30.000 plus petites communes de France, qu'il qualifie de zones rurales.
Plus largement, selon les données du site, le niveau des prix est nettement inférieur dans ces dernières régions à ce qu'il était voici dix ans, au moment où frappait la crise financière.
"C'est la France à deux ou trois vitesses: l'indicateur sur les zones rurales montre bien la France qui est un peu abandonnée", commente M. Lafond. "L'attractivité est moindre, ce qui se ressent dans les prix de l'immobilier."
Si les situations sont contrastées dans l'ensemble du territoire, l'Île-de-France est elle-même frappée par de fortes disparités entre Paris, les petits départements limitrophes (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) et le cercle suivant, la "grande couronne" des Yvelines, de 'Essonne et du Val-d'Oise.
"Il n'y a pas que Paris, il y a aussi tous ces départements de grande couronne qui sont ruraux", a souligné M. Delesalle.
Alors que ces zones rurales franciliennes représentent plus de la moitié de la superficie de la région, elles n'accueillent que 6% de la population. La grande majorité loge dans des maisons, un marché loin de flamber dans ces zones.
"Elles se vendent depuis 12 ans à perte", leurs prix n'étant jamais revenus à leur niveau de 2006, souligne M. Delesalle.