L'architecte en chef, Philippe Villeneuve, et une dizaine de responsables de la maîtrise d'ouvrage, se sont réunis lundi matin dans les bureaux de la base-vie au chevet de la cathédrale pour examiner des options complexes: après le plomb, le coronavirus exige de nouvelles mesures drastiques de distanciation et d'hygiène.
Sur le chantier mis en sommeil mi-mars rien ne bougeait encore: le démontage de l'immense échafaudage ne devrait pas démarrer avant une semaine ou deux, le temps d'optimiser les mesures anti-contamination et de retenir les meilleurs options pour le travail des cordistes dans les airs.
Le général Jean-Louis Georgelin, qui pilote "la task-force Notre-Dame", a répété sur Europe 1 l'objectif des cinq ans fixé par Emmanuel Macron: "nous ferons tout pour que les délais soient respectés. Cela veut dire être en mesure de rendre la cathédrale au culte". "Cela ne veut pas dire que tout sera terminé", a-t-il remarqué.
Retardé par l'alerte au plomb et les intempéries, le démontage -- véritable chantier dans le chantier -- de 10.000 tubes de métal tordus et soudés de l'ancien échafaudage, devait enfin reprendre le 23 mars. Las, le coronavirus en a décidé autrement. "Il y a un vrai ras-le bol, ils veulent tous se débarrasser de cet énorme machin", soulignait lundi à l'AFP un familier du chantier.
Un documentaire diffusé sur France 2, "Sauver Notre-Dame", a montré la grande cohésion des équipes pour ce "chantier du siècle" d'une complexité inouïe et aussi l'exaspération de nombreux intervenants quant aux retards provoqués par les mesures sanitaires imposées avant le coronavirus.
Lente montée en puissance
La reprise a été décidée après consultation des entreprises et conformément aux "préconisations de sécurité sanitaire".
L'ancien chef d'État-major des armées a prévu "trois étapes" au fil de la montée en puissance des effectifs en mai: 1/remise en fonctionnement de la base-vie, 2/achèvement des travaux qui étaient en cours mi-mars, concernant notamment les nouvelles installations de décontamination, 3/ lancement de la dépose de l'échafaudage sinistré (qui devrait prendre quatre mois).
"Pour les cordistes, la distanciation sociale est évidente", avait expliqué en avril le général Georgelin à l'AFP, en plaidant déjà pour la reprise partielle.
Une réunion du collège interentreprises de sécurité, de santé et des conditions de travail (CISSCT) devait se tenir lundi après-midi en présence de l'Inspection du travail.
"Il est extrêmement important d'assurer à chacun en amont des conditions sûres face à la pandémie", a encore insisté lundi Jean-Louis Georgelin.
Le découpage pourra se faire à partir de nacelles, ou de la poutre métallique montée au-dessus de l'échafaudage. La grue géante déposera ensuite au sol chaque pièce découpée.
Les compagnons disposeront de masques et de gel hydroalcoolique.
Une extension de la base-vie doit être ouverte d'ici 3 semaines dans des baraquements sur le bord de la Seine. Il s'agit surtout d'installer de nouvelles douches à distance les unes des autres, préservant mieux de la décontamination, alors que le nombre d'ouvriers sera accru.
Avant mi-mars, le chantier mobilisait entre 60 et 70 ouvriers chaque jour.
Sodexo et Accor, partenaires de la Fondation du patrimoine (FdP), ont apporté leurs soutiens logistiques.
Alors que la chaîne d'hôtels logera à prix coûtant des compagnons venant souvent de province, une convention signée avec la FdP prévoit que Sodexo livrera, à titre gracieux, des repas chauds pour le déjeuner et des repas à emporter pour le dîner.
"Il faut faire en sorte que l'activité économique puisse redémarrer", a martelé lundi le général Georgelin, rejoignant la préoccupation de la Fondation de faciliter en France des chantiers du patrimoine pourvoyeurs de nombreux emplois pour les PME.
Le chef de l'Établissement public a reconnu qu'il y aurait un coût supplémentaire dû à tous les retards, coût que "nous n'avons pas encore complètement chiffré". L'achèvement de la phase actuelle de sécurisation est toujours prévu avant la fin 2020.