Globalement, l'Institut estime dans sa dernière note de conjoncture que la croissance sera "limitée au premier semestre", et même "à l'arrêt" (+0,0%) au premier trimestre - soit moins que ce qu'il avait initialement prévu (+0,2%).
"Les premières données disponibles pour janvier 2024 (notamment production industrielle et consommation des ménages) sont mal orientées et la croissance serait nulle au premier trimestre, pénalisée par des arrêts ponctuels dans l'industrie, en particulier dans le raffinage et l'automobile", explique l'Insee.
A cette surprise "ponctuelle" se sont ajoutées "des nouvelles données concernant les mises en chantier de logements un peu plus dégradées que ce qu'on anticipait", a expliqué jeudi lors d'une conférence de presse Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture.
"Désinflation confirmée"
Globalement, "la reprise se fait attendre", affirme l'Insee, et "l'amélioration de la consommation ne se traduirait dans la croissance qu'au printemps". La croissance "rebondirait" en effet au deuxième trimestre, à +0,3% (contre +0,2% initialement), "sous l'effet d'importantes livraisons aéronautiques et navales" et grâce à un desserrage des "freins" du début d'année.
Le gouvernement table lui sur 1% de croissance en 2024 pour tenir son budget et son plan de réduction du déficit, un objectif ambitieux face aux faibles prévisions pour ce début d'année.
"Comptablement, il faudrait avoir 0,7% de croissance au troisième et au quatrième trimestre pour obtenir 1% de croissance sur l'année", a expliqué Dorian Roucher.
Bonne nouvelle cependant du côté des prix: "en France, l'épisode inflationniste s'estompe", affirme l'Insee. "L'indice des prix à la consommation est tombé à +2,9% sur un an en février 2024 (selon l'estimation provisoire) et ce reflux se poursuivrait à +2,6% en juin", se rapprochant donc de la cible des 2% d'inflation prônés par la Banque centrale européenne (BCE).
L'inflation sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et l'énergie, devrait elle aussi refluer d'ici juin, à +2,1% sur un an.
"La composition de l'inflation a toutefois beaucoup changé", affirme l'Insee: "les prix alimentaires et des produits manufacturés tendent à se stabiliser et l'inflation est désormais majoritairement portée par les prix de services", où "les entreprises répercutent à leurs clients la hausse passée de leurs coûts salariaux".
Redémarrage "par la consommation"
Les prix de l'énergie augmentent eux aussi "fortement", "sous l'effet du rétablissement partiel des taxes sur l'électricité", même si cela est en partie "contrebalancé par la baisse des prix du gaz". L'Insee prévoit ainsi que l'inflation énergétique passe de +4,4% sur un an en février à +7,8% en juin.
Malgré ceci, "la désinflation est confirmée", selon l'Insee.
Grâce à ce ralentissement de l'inflation, à la revalorisation des prestations sociales et à une progression des salaires supérieure à la hausse des prix, l'Insee table sur une hausse du pouvoir d'achat de l'ordre de 0,8% mi-2024.
Ces gains de pouvoir d'achat "favoriseraient un relatif rebond de la consommation des ménages" (+0,3% par trimestre), notamment en ce qui concerne les dépenses d'hébergement-restauration et les achats alimentaires, qui "commenceraient timidement à remonter la pente" après "deux années de recul inédit".
Le "message général", c'est qu'il "y a un redémarrage par la consommation plutôt que par l'investissement qui, lui, reste déprimé" (-1,0% au premier trimestre, -0,5% au deuxième), a résumé le chef du département de la conjoncture.
Le taux de chômage devrait lui enregistrer une "légère hausse" de 0,1 point au premier trimestre 2024, à 7,6% de la population active - son plus haut niveau depuis le troisième trimestre 2021 -, puis resterait à ce niveau au deuxième trimestre.
En cause: la population active devrait continuer à augmenter d'environ 40.000 actifs supplémentaires par trimestre, "notamment sous l'effet de la réforme des retraites", quand l'emploi progresserait lui "deux fois moins vite", explique l'institut.
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