Certaines parties de l'ancien site de 70 hectares dans le sud de Toulouse sont aujourd'hui ouvertes au public, à commencer par le mémorial en souvenir des victimes de la plus grave catastrophe industrielle en France depuis 1945.
A quelques mètres de ce monument évoquant le "cratère" laissé par l'explosion accidentelle qui a fait 31 morts et des milliers d'autres victimes, le 21 septembre 2001, des piétons se promènent au soleil sur une piste cyclable.
Vers le nord, on se rapproche de l'endroit où les 300 tonnes de nitrate d'ammonium, une substance servant à faire des engrais, ont vraiment explosé. Mais, avant d'y arriver, on trouve porte close: les vestiges du "cratère" de 50 mètres de diamètre se trouvent sur un terrain vague clôturé et interdit d'accès.
"Sous scellés judiciaires"
Contrairement au reste du site, ce terrain n'a pas été dépollué car il est encore sous scellés judiciaires, ont indiqué à l'AFP Toulouse Métropole et TotalEnergies, ex Total, dont la filiale Grande Paroisse était la propriétaire du site en 2001.
Seulement après cette dépollution, une "réflexion" sur son avenir pourra être enclenchée, précise Toulouse Métropole.
En suivant la même piste cyclable vers le sud, le long d'un grillage qui entoure la zone en bord de Garonne remplie de panneaux solaires, on aperçoit l'Oncopole.
Ce centre de recherche pour le cancer, construit à cheval sur l'ancien site d'AZF et celui d'une ancienne poudrerie de l'armée, compte plusieurs bâtiments comme celui, avec de grandes surfaces vitrées, des laboratoires Pierre Fabre.
Avant la construction de l'Oncopole et de la centrale photovoltaïque, Total a "réhabilité" l'ancien site d'AZF.
"Les travaux de remise en état" réalisés entre 2002 et 2007 ont coûté 100 millions d'euros, selon TotalEnergies, qui souligne leur conformité avec les exigences des autorités.
Cependant, des défenseurs de l'environnement relativisent la portée de la dépollution.
"On a enlevé quelques poches de pollution, soit d'arsenic, soit de plomb, soit de mercure, parce que c'était vraiment trop flagrant", a expliqué à l'AFP Rose Frayssinet, des Amis de la Terre, qui a suivi de près la "réhabilitation" du site.
Les seuils de polluants admis sont d'ailleurs différents selon l'usage des parcelles. Ainsi, ils sont plus exigeants pour la partie Oncopole que pour la partie des panneaux solaires, fermée au public.
"Dépollution pas totale"
Dans tous les cas, "si on avait voulu construire des habitations, il aurait fallu aller beaucoup plus loin dans la dépollution", selon Rose Frayssinet.
Un point de vue partagé par Antoine Maurice, tête de liste EELV battu de justesse aux municipales à Toulouse en 2020.
"La dépollution n'est pas totale. Par exemple, on ne peut pas cultiver. Il peut y avoir des remontées de substances toxiques", déclare à l'AFP M. Maurice. "La dépollution réelle prendra des centaines d'années", ajoute-t-il.
Des défenseurs de l'environnement dénoncent aussi la présence à proximité du site d'une "poubelle externe" où Total avait entreposé des déchets d'AZF.
TotalEnergies affirme que ce "terril" a également fait l'objet de travaux de réaménagement, en conformité avec les exigences des autorités et qu'il est régulièrement surveillé.
Enfin, également à proximité de l'ancienne usine, se trouvent depuis 1917, dans des petits lacs artificiels nommés "ballastières" (carrières d'où on extrait le ballast), 5.000 tonnes de nitrocellulose, un explosif à la puissance équivalente au TNT qui est provisoirement inactivé par l'eau.
Régulièrement, élus et défenseurs de l'environnement demandent la dépollution de ces ballastières.
La reconversion du site d'AZF répond à une volonté de limiter la place de l'industrie chimique dans le sud de Toulouse, après l'accident de 2001.
La chimie n'a cependant pas totalement quitté la zone : depuis le mémorial, on aperçoit aussi, derrière les panneaux solaires, sur une île proche, l'usine de fabrication de carburant de la fusée Ariane.