Selon Greenpeace, "en 2022, TotalEnergies était impliquée, en tant qu'opérateur ou en tant qu'actionnaire, dans 33 projets d'énergies fossiles +super-émetteurs+", c'est-à-dire, aux yeux de l'ONG, ceux qui sont susceptibles d'émettre au moins 1 milliard de tonnes de CO2 équivalent (CO2e) chacun.
"Catastrophiques pour le climat", ces projets aussi qualifiés de "bombes climatiques" "mettent en péril" l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris en 2015 de limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, dénonce Greenpeace.
Si les réserves encore contenues dans ces projets à fin 2022 étaient effectivement extraites et brûlées, elles pourraient produire 93 milliards de tonnes de CO2e, couvrant les émissions "en amont" (transport, extraction, transformation) et celles liées au gaz et pétrole consommés par l'usager final.
Elles représenteraient sur la durée l'équivalent d'une fois et demie les émissions mondiales annuelles, estimées en 2019 à environ 60 milliards de tonnes de CO2e, selon le Giec.
Pour arriver à ses "calculs estimatifs", Greenpeace a converti les volumes des réserves en potentiel d'émissions en recourant notamment à une base de données de l'Ademe.
A partir des données du cabinet de recherche Rystad Energy arrêtées à avril 2023, Greenpeace a retenu les projets dans lesquels TotalEnergies est engagée dans au moins un actif - un projet pouvant regrouper plusieurs actifs, ou champs, et impliquer plusieurs entreprises opératrices et/ou actionnaires.
Ces projets se situent dans 14 pays et 19 se trouvent "à moins de 50 km d'une zone de biodiversité protégée", selon l'ONG.
"Le plus émetteur", selon Greenpeace, est le projet d'extraction de gaz de schiste de Vaca Muerta en Argentine, suivi de deux projets au Qatar.
D'autres sont recensés aux Etats-Unis, au Brésil, en Australie, au Mozambique et aussi en Russie, dans l'immense champ de gaz liquéfié Artic LNG2: le groupe en est toujours actionnaire à 10% même s'il a annoncé ne plus retenir dans ses comptes cette participation ni les réserves potentielles, en vertu des sanctions contre Moscou.
Greenpeace entend "apporter une contribution au débat d'intérêt général sur l'enjeu de l'expansion fossile", qui sera au coeur de la COP28 dans un mois à Dubaï (30 novembre au 12 décembre), souligne l'ONG, à la veille de la publication des résultats financiers du groupe.
Greenpeace accuse également la multinationale d'avoir continué après l'accord de Paris en 2015 à "s'engager dans une perspective d'exploration et d'ouverture de nouveaux champs pétroliers et gaziers", avec "l'acquisition de nouvelles licences d'exploration" dans "84 projets différents".
"L'industrie fossile crée cette fameuse demande pour continuer à engranger des profits faramineux, et nous enferme dans une dépendance (...) pour plusieurs décennies", a commenté Greenpeace auprès de l'AFP.
"Nous continuons à investir dans de nouveaux projets pétroliers pour répondre à la demande mondiale encore croissante qui, selon nos projections, devrait se stabiliser jusqu'à 2030 puis décroître" et pour répondre "au déclin naturel de nos champs actuels (4% par an)", a justifié mercredi le groupe.