Récession et dette
Ce nouveau projet de loi de finances rectificative (PLFR 3) table sur un recul de 11% du PIB en 2020, au lieu de 8% auparavant, soit la plus forte récession en France depuis 1945.
Avec les dépenses supplémentaires pour soutenir l'économie et cette récession record, le gouvernement anticipe un creusement du déficit public à -11,5% du PIB environ, contre 3% l'an dernier.
La dette publique devrait augmenter de plus de 250 milliards d'euros et s'envoler à 121% du PIB, alors qu'elle avait atteint 98,1% l'an dernier. La France figure ainsi parmi les pays européens les plus endettés.
45 milliards pour les secteurs sinistrés
Le gouvernement va débloquer environ 45 milliards d'euros pour soutenir les secteurs les plus touchés par la crise.
Ce montant recouvre des mesures budgétaires et un soutien à la trésorerie des entreprises.
Le tourisme bénéficiera de 18 milliards d'euros. Cette somme englobe les mesures de chômage partiel, les prêts garantis par l'État, près de 3 milliards d'euros d'exonérations sociales ou encore les reports d'impôts. Mais l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie-restauration, a dit jeudi sa déception "au regard des objectifs affichés au départ par le gouvernement".
L'industrie automobile profitera de 8 milliards. Outre l'aide au chômage partiel et les emprunts garantis, ce montant inclut un milliard d'euros pour soutenir la demande de véhicules et un milliard afin d'encourager les investissements pour produire les voitures hybrides et électriques en France.
L'État consacrera 15 milliards d'euros à l'industrie aéronautique et au transport aérien, dont 7 milliards de prêts accordés à Air France-KLM.
En échange de ces mesures de soutien, les députés ont voté une disposition LREM réclamant des engagement écologiques "forts" des grandes entreprises, via la publication annuelle d'un rapport sur le sujet. L'opposition de gauche y voit du simple "greenwashing" et un "leurre", faute de vraies contreparties.
Le gouvernement va aussi dédier 600 millions d'euros supplémentaires aux start-up technologiques, en créant notamment un fonds d'investissement. Des mesures sont aussi prévues pour les secteurs de la culture et du BTP.
Le texte entérine en outre une aide de 4,5 milliards d'euros aux collectivités.
Embauche des jeunes
Ce PLFR3 intègre des mesures du plan jeunes dévoilées par le gouvernement. Parmi elles, une prime maximum de 4.000 euros accordée aux entreprises pour l'embauche jusqu'en janvier 2021 d'un jeune, jusqu'à un salaire de deux Smic, au lieu de 1,6 Smic initialement.
Cette "compensation de cotisations", versée trimestriellement par tranche de 1.000 euros, pourra être touchée pour l'embauche d'un jeune de moins de 25 ans en CDI ou en CDD d'au moins trois mois. Le gouvernement espère 450.000 embauches.
Ce nouveau budget prévoit aussi 744 millions d'euros en autorisations d'engagement pour l'aide exceptionnelle à l'apprentissage, et 50 millions d'euros pour le financement du repas à un euro pour les étudiants boursiers.
Transports franciliens
Les parlementaires ont rajouté 180 millions d'euros aux 425 millions d'acompte prévus en 2020 pour la société de gestion des transports franciliens Ile-de-France Mobilités, selon le rapporteur Laurent Saint-Martin (LREM). Le renflouement des transports franciliens, durement touchés par la crise du coronavirus, fait l'objet d'un bras de fer entre la majorité et la présidente (ex-LR) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse.
Au niveau national cette fois, le texte prévoit 250 millions supplémentaires pour l'agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF). A cause du confinement, cette agence va subir une nette baisse de ses ressources, notamment de la fraction de la taxe de solidarité sur les billets d'avion qui lui est attribuée, ou des amendes des radars routiers.
Quelque 75 millions d'euros sont par ailleurs prévus pour renouveler et "verdir" la flotte de véhicules de police et gendarmerie.
Industrie
Le gouvernement a rajouté durant la discussion parlementaire une enveloppe maximum de 490 millions d'euros, dont 50 millions mobilisables à court terme, pour décarboner l'industrie, financer l'industrie du futur ou des projets de relocalisation industrielle. Le but est de "lancer un appel à projets très vite" sur ces trois sujets, a souligné le ministre délégué aux Comptes publics Olivier Dussopt.