A partir du 15 avril 2022 et jusqu’à la fin de l’année, le montant de MaPrimeRénov’, accordée pour remplacer les chaudières fioul et gaz par un système de chauffage vertueux, sera augmenté de 1.000 euros. Une mesure bienvenue pour les familles, mais qui ne suffira pas pour leur permettre d’engager une transformation profonde des passoires thermiques - et donc de faire des économies conséquentes sur le long terme.
Un sondage Pretto/ Happydemics (réalisé du 24 février au 8 mars 2022 auprès de 1.053 personnes) démontre que les Français sont aujourd'hui nombreux à porter un vif intérêt à la rénovation énergétique, mais admettent manquer d’accompagnement. Un enjeu pourtant central pour les propriétaires - occupants et bailleurs - puisque qu’à partir de 2023 les logements F et G seront exclus du parc locatif.
68% des Français déclarent ne pas être accompagnés par leur banquier sur la rénovation énergétique
D’après un récent sondage Pretto/Happydemics, 52% des Français sont attentifs au Diagnostic de Performance Energétique (DPE) - 28% des Français sont assez attentifs au DPE/ très à 24%. Seuls 18% des sondés ignorent ce qu’est le dispositif.
Malgré cette attention particulière, ils sont 47% à ne pas connaître les aides et dispositifs à la rénovation énergétique. Ils sont même 20% à attendre une meilleure aide sur ce point de la part des candidats à la présidentielle “pour les logements et immeubles”.
Outre une méconnaissance globale des différents dispositifs d’aides en particulier celles en banque, 68% des sondés déclarent que leur conseiller bancaire n’a pas su leur fournir de conseil sur les dispositifs de financement.
”L’intérêt accru autour du DPE s’explique par une volonté des Français de réduire leur facture énergétique - notamment dans un contexte inflationniste. Cependant, pour plusieurs raisons, ils se sentent démunis car ils ne savent pas vers qui se tourner pour avoir une meilleure connaissance des dispositifs qui existent pour les aider à la rénovation énergétique de leur logement”, explique Pierre Chapon, co-fondateur de Pretto.
Les banques sont conscientes du sujet mais sont encore loin d’être mobilisées à 100%
Le manque d’accompagnement pointé par les Français s’explique en partie par une mobilisation très progressive des banques sur ces sujets. En effet, elles sont conscientes des enjeux autour du DPE, et plus globalement sur la rénovation énergétique, mais éprouvent encore des difficultés à bien identifier la composition de leur portefeuille. Un manque de visibilité qui ne permet pas d’identifier la part des DPE des biens classés F et G.
A cela vient s’ajouter une difficulté à maîtriser certaines aides. "L'éco-PTZ peut présenter certaines difficultés de traitement pour des acteurs bancaires, notamment en raison du processus administratif”, rappelle Pierre Chapon.
Cependant, les banques commencent à se mettre en ordre de bataille, à travers notamment:
- des actions de sensibilisation en interne auprès de leurs conseillers,
- la mise en place d’une politique de RSE,
- le conditionnement du financement de biens classés F et G à des travaux de rénovation énergétique.
Il faut inciter les acteurs du financement à accélérer la rénovation énergétique
Pour Frédéric Utzmann, Président d’Effy : “Aux côtés de l’État et des fournisseurs d’énergie, la place des banques dans le financement de la rénovation énergétique est encore trop souvent négligée. Elles sont pourtant en première ligne lors de l’achat d’un bien immobilier. Leur implication dans le financement de la rénovation énergétique est essentielle pour éviter la dévalorisation patrimoniale de ces biens et, demain, l’interdiction de leur mise en location après les récentes évolutions du DPE. Nous sommes convaincus que des leviers financiers et incitatifs peuvent être facilement actionnés pour leur permettre de se saisir pleinement du sujet”.
Afin d’inciter les banques à se mobiliser davantage en faveur du financement de la rénovation énergétique, Pretto et Effy ont esquissé 3 propositions simples et efficientes :
- Relever le taux maximum d’endettement à 37% ou 38 % pour l’octroi d’un crédit immobilier afin de permettre le financement de travaux de rénovation énergétique. Interrogées par Pretto, certaines banques considèrent envisageable de permettre à la seule enveloppe travaux de dépasser les 35% d’endettement.
- Inciter les banques à proposer davantage l’éco-PTZ en augmentant de manière significative leur rémunération en contrepartie d’une obligation quantitative dans la distribution de ce prêt.
- Intégrer les activités de Retail banking à la démarche environnementale des banques : leur mobilisation autour des enjeux de rénovation énergétique des logements pourrait représenter un levier majeur de réduction de leur empreinte carbone.
💡 Que faire si l’on possède une passoire thermique ? Les conseils d’Effy pour faire passer le logement d’une classe énergétique F/G à D/E.
Identifier les travaux à réaliser
Lorsque l’on possède une passoire thermique, les premiers travaux à effectuer sont les travaux d’isolation, en particulier l’isolation des combles. Ensuite, l’isolation d’éventuels vides sanitaires ou sous-sol, voire même des murs, peut être réalisée.
Une fois le logement bien isolé, il est alors possible de faire installer un système de chauffage performant comme une pompe à chaleur.
Mobiliser les aides à la rénovation énergétique
Ces aides sont multiples (dispositif des CEE, MaPrimeRénov’, Crédit d’Impôt Transition Énergétique, Éco-Prêt à Taux Zéro, taux de TVA réduit à 5,5 %...), certaines sont cumulables et permettent de réduire significativement le reste à charge.
SIMULATION : Une famille modeste qui vit dans une passoire thermique et se chauffe au fioul
- Une famille de 4 personnes à revenus modestes ( ≤ 52 925€ en IdF, ≤ 40 201€ hors IdF)
- Elle occupe une maison de 100m² classée passoire thermique
- Elle se chauffe au fioul
- Sa facture annuelle 2021 était de 2000€ pour une consommation de 2000L / an
Pour rénover sa passoire thermique, la famille doit opter pour l'isolation des combles perdus et le remplacement de la chaudière fioul par une pompe à chaleur qui permettent à minima de diviser par deux les consommations énergétiques du logement.
Estimation du coût global des travaux, hors aides | 13 540 € |
Montant des aides (Ma Prime Rénov, Primes CEE) | 8 450 € |
Montant du reste à charge | 5 090 |
Retour sur investissement en année | 2,5 ans |
💡 Quelles solutions de financement des travaux de rénovation énergétique lors de l’achat d’une passoire thermique ? Les conseils de Pretto.
Inclure le montant des travaux dans le prêt immobilier
Ce montant ne doit pas dépasser 40 à 50 % du montant total du prêt. Exemple : pour l’achat d’un bien immobilier à 100 000 €, si le montant des travaux dépasse 60 000 €, le dossier sera refusé. Pour intégrer le montant des travaux au prêt immobilier, il est nécessaire de fournir des justificatifs à la banque.
Bon à savoir : si la part du prêt consacrée aux travaux n'est pas utilisée à 100 %, la banque peut réduire les mensualités. Il est donc fortement recommandé de prévoir un plafond de travaux plus élevé pour parer aux imprévus (qui sont de 10 % en moyenne), au moment de l'estimation faite par les artisans dans leur devis.
Faire passer le montant des travaux sur l’apport
Par exemple, pour un apport total de 60 000 €, 20 000 € pourront être consacrés aux travaux de rénovation énergétique.