Le marché du jardin nous avait habitués à de bien meilleurs scores. Après deux années exceptionnelles pendant la pandémie, durant lesquelles les Français se sont recentrés sur leur foyer, 2022 a sonné la fin de l’euphorie. Le marché s’est replié de 6% l’an passé, portant son chiffre d’affaires de 9,1 à 8,5 milliards d'euros *. La sanction a été encore plus sévère en volume. Sur l’ensemble des familles suivies par Promojardin-Prom’animal, la demande a fléchi de 13%.
Une tempête de vents contraires
Si le secteur paie le contrecoup du boom lié au Covid, il a aussi cumulé les difficultés. Le réveil de l’inflation a porté un coup rude au porte-monnaie des ménages, les amenant à restreindre leurs achats pour leur jardin. Le climat exceptionnellement chaud et, surtout, très sec, est également venu jouer les trouble-fêtes. La France a connu en 2022 un déficit pluviométrique record de 25%. La sécheresse des sols a concerné quasiment tous les départements, limitant les activités de jardinage. Et comme si cela ne suffisait pas, le jardin a aussi pâti des difficultés du marché immobilier, en particulier de la chute vertigineuse des ventes de maisons neuves.
Quelques gagnants, beaucoup de perdants
Quasiment tous les rayons ont fini l’année en négatif. Victimes du manque de pluie, les végétaux ont été les plus impactés par le retournement de tendance. Leurs ventes se sont repliées de 14% en valeur, sans pour autant effacer totalement le gain spectaculaire de 2021 (+18,5%). Dans leur sillage, tous les segments liés aux activités de jardinage comme les outils à main, les pots et contenants, ou les produits d’entretien et de soins des végétaux, ont eux aussi subi une violente correction. Triste saison également pour les tondeuses (-15%), pénalisées par l’absence d’alternance de pluie et de soleil qui a freiné la pousse de l'herbe.
La chaleur exceptionnelle de 2022 a néanmoins fait quelques heureux comme l’arrosage, dont les ventes ont progressé de 6% ou les piscines, en hausse de 14%. Reflet d’un jardin qui se transforme, confirmant comme jamais son statut de 5e pièce à vivre de la maison, les achats de mobilier extérieur ont également poursuivi leur ascension (+5%).
Les généralistes ont mieux résisté
Le fléchissement de la demande est visible dans tous les circuits. Mais dans ce paysage baissier, certains s’en sortent mieux que d’autres. La grande distribution alimentaire a limité son repli à 3%, profitant de la bonne tenue des ventes de produits d’outdoor et de loisirs au jardin. Les enseignes de bricolage ont également fait preuve de résistance (-3%), un résultat qui reflète en grande partie les fortes hausses de prix subies par le secteur de l’aménagement extérieur. Le e-commerce s’ancre, quant à lui, dans les habitudes d’achat des jardiniers, maintenant sa part de marché à 8%.
Le bilan est beaucoup plus sombre pour les spécialistes du jardin, qui regroupent les réseaux de jardineries et de libre-service agricoles. Ces enseignes ont subi de plein fouet le retournement des ventes des végétaux et des produits associés et finissent l'exercice 2022 en repli de 12%, après une année 2021 qui avait été, à l’inverse, marquée par des progressions records (+14%).
Ces chiffres en négatif masquent néanmoins une réalité plus réjouissante. Si le marché s’est effrité en 2022, il reste 17% au-dessus de son niveau de 2019, avant la pandémie.
*Sur le périmètre de la distribution alimentaire, des jardineries, des Libre-service agricoles, des enseignes de bricolage, des enseignements d’ameublement pour le mobilier extérieur et du e-commerce
3 chiffres à retenir
- -6% : La baisse du marché du jardin en valeur en 2022, par rapport à 2021
- +7% : La hausse moyenne des prix des produits pour le jardin en 2022
- 17% : Le gain de chiffre d’affaires du marché, par rapport à 2019
*Sur le périmètre de la distribution alimentaire, des jardineries, des Libre-service agricoles, des enseignes de bricolage, des enseignes d’ameublement pour le mobilier extérieur et du e-commerce