"Lutter contre l'artificalisation des terres n'est pas une option, c'est un impératif, pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences", n'a pas tardé à tacler le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, Christophe Béchu sur X (ex-Twitter). Interrogée par l'AFP, la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, Sarah El Hairy (MoDem), a rejeté comme "profondément populistes" les propos de M. Wauquiez.
La loi Climat et résilience, adoptée en 2021, confie aux régions la tâche de se fixer un objectif de réduction de la bétonisation des terres à travers leur document de planification (Sraddet).
Le but étant de réduire de moitié, d'ici à 2031, la consommation d'espaces naturels et agricoles par rapport à la décennie précédente, jusqu'à atteindre le "zéro artificialisation nette" à l'horizon 2050, et de ne plus bétonner du tout de sols à moins de "renaturer" des surfaces équivalentes.
Les régions devront répartir l'effort de réduction entre les différentes zones de leur périmètre régional, des schémas de cohérence territoriale (Scot) au niveau du département, jusqu'aux plans locaux d'urbanisme (PLU) et cartes communales.
"Mettre sous cloche les décisions des permis de construire sur la ruralité, cela signifie qu'on s'interdit toute forme d'avenir (...) J'ai décidé que la région se retirait du processus. On le fait en lien avec les départements", a lancé M. Wauquiez à l'Alpe d'Huez (Isère), sous les applaudissements de membres de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) réunis en congrès.
"Cette loi +ruralicide+ est vraiment l'incarnation d'une technocratie administrative qui consiste à appliquer une même règle de façon très uniforme sur l'ensemble du territoire", a-t-il déclaré à l'AFP. "On a des gens qui vont être sur des terrains où normalement ils peuvent construire et où on va leur dire +vous n'aurez pas votre permis+. Ca va créer une rancoeur et une colère considérables", a-t-il ajouté en estimant qu'il faut "repartir des propositions du Sénat", qui a déjà assoupli l'application du texte, pour "refaire la loi".
Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions présidentielles pour 2027, sera dimanche à Valence (Drôme) à l'occasion du campus des Jeunes Républicains.
"Les uns contre les autres"
"Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes se désengage vis-à-vis du ZAN, alors même qu'un accord a été trouvé avec les parlementaires (...) pour améliorer ce dispositif en collaboration avec l'AMF (...) A croire que, selon lui, la loi s'applique de manière sélective", a réagi auprès de l'AFP Christophe Béchu.
"Rejeter le ZAN revient à refuser de protéger les terres agricoles (...). Refuser le ZAN signifie également ignorer la nécessité de préserver les espaces naturels, qui abritent une biodiversité riche et contribuent au stockage du carbone", a ajouté le ministre, accusant le patron d'Auvergne-Rhône-Alpes de faire "jouer les territoires les uns contre les autres".
"Le gouvernement doit mettre un coup d'arrêt aux attaques séparatistes et écocidaires de Laurent Wauquiez", ont réagi dans un communiqué les Ecologistes de la région AuRA, pour qui "sortir la région de l'objectif du ZAN c'est abandonner les maires des communes rurales, les laisser sans solutions face aux bétonneurs".
"La zéro artificialisation nette, ce n'est pas une lubie (...) c'est une loi", a insisté Sarah El Hairy, interrogée par l'AFP aux journées de rentrée du MoDem à Guidel (Morbihan).
Rapporteur de la loi Climat et résilience en 2021, le député Renaissance Jean-René Cazeneuve estime lui que "cette réaction montre le chemin étroit entre une droite climato-sceptique et une gauche écolo punitive".
Après une première salve d'applaudissements, des maires ruraux ont montré des réactions plus prudentes. "Est-ce que c'est l'Etat qui doit reprendre la main ? Compliqué pour tout le monde cette application de la loi", a jugé Sébastien Gouttebel, maire de Murol (Puy-de-Dôme).