Le secteur du bâtiment face au défi du budget 2026 : la rénovation énergétique comme levier d’avenir

La transition écologique ne peut pas attendre, et le secteur du bâtiment a un rôle central à jouer. Réduire les investissements dans la rénovation énergétique serait non seulement contre-productif, mais également dangereux à long terme, tant pour l’économie que pour notre société et notre environnement.

Ne sacrifions pas une urgence écologique et sociale

La France compte encore 5,8 millions de logements énergivores. Ce sont autant de foyers — souvent modestes — qui vivent dans des passoires thermiques, où l’on chauffe à perte et où la précarité énergétique devient la norme.

Pourtant, ces logements représentent une opportunité immense : chaque rénovation permet de réduire les émissions de CO₂, de créer de l’emploi local, et d’améliorer durablement la qualité de vie des habitants. Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement.

La rénovation énergétique est l’un des rares domaines où écologie, économie et justice sociale se rejoignent.

Investir dans la rénovation, c’est investir dans l’avenir

À la tête de plusieurs entreprises spécialisées dans la réhabilitation de bâtiments, je constate chaque jour à quel point ce secteur est porteur : pour nos artisans, pour nos jeunes en formation, pour nos territoires. Mais sans soutien public fort, les dynamiques locales risquent de s’effondrer.

Je propose plusieurs pistes concrètes pour éviter une impasse :

• Un co-financement public-privé élargi

Les collectivités et l’État ne peuvent plus assumer seuls les coûts de la transition. Il est temps de mobiliser les acteurs privés — entreprises, investisseurs, coopératives — pour co-financer des projets à fort impact environnemental.

• Des incitations fiscales maintenues et renforcées

Réduire les dispositifs d’aide comme MaPrimeRénov’ ou les crédits d’impôt serait une erreur. Il faut au contraire les rendre plus accessibles, notamment dans les zones rurales et les quartiers populaires.

• La rénovation comme moteur de l’emploi local

Chaque chantier de rénovation mobilise des compétences locales : maçons, plaquistes, chauffagistes, artisans. C’est un levier direct de relance pour les territoires, et un tremplin pour les jeunes qui se forment aux métiers du bâtiment.

• Préserver notre patrimoine tout en le modernisant

Rénover, c’est aussi préserver. Il est essentiel de valoriser nos bâtiments anciens, plutôt que de les raser. On peut conjuguer respect du patrimoine et performance énergétique : c’est tout l’enjeu d’une rénovation intelligente.

Le court terme ne doit pas tuer le long terme

Oui, nous traversons une période de rigueur budgétaire. Mais ce n’est pas une raison pour renoncer à nos engagements climatiques. Réduire les dépenses aujourd’hui ne doit pas coûter plus cher demain, en aggravant les inégalités sociales, en alourdissant notre dépendance énergétique, ou en rendant notre parc immobilier obsolète.

La rénovation énergétique n’est pas une variable d’ajustement : c’est la clé d’un modèle économique plus durable et plus résilient.

Il est temps que les décisions budgétaires soient guidées par une vision de long terme, pas uniquement par l’urgence du déficit. Si nous voulons bâtir une France plus verte, plus juste, et plus prospère, la rénovation énergétique doit être au cœur du budget 2026.

Tribune de Sylvain Gruelles, entrepreneur et expert en rénovation énergétique (Linkedin).