Les Expos universelles, 175 ans d'histoire

Ces événements à l'écho mondial, qui attirent des millions de visiteurs tous les cinq ans environ dans une ville du globe, sont nés en 1851 avec l'"Exposition universelle" organisée à Londres pour célébrer la révolution industrielle en plein essor.
Inspiré par les expositions nationales de Paris, l'Empire britannique construit alors l'immense Crystal Palace, structure révolutionnaire aux immenses surfaces de verre, pour accueillir 14.000 exposants venus de 40 pays.
Les éditions suivantes prennent de l'ampleur: à Paris, l'Exposition de 1889 met en vedette la Tour Eiffel (attraction censée être temporaire), et celle de 1900 laissera pour héritage le Grand et le Petit Palais.
A l'époque, outre les développements technologiques, les puissances impériales présentent leurs colonies avec des représentations ouvertement racistes.
Dans la mémoire collective, les Expos sont surtout liées à des héritages architecturaux (comme l'Atomium pour Bruxelles-1958), l'attractivité qui a transformé durablement certaines villes organisatrices, et les technologies futuristes présentées.
Des innovations majeures y ont été dévoilées au grand public : le ketchup, le téléphone, les rayons X...
Le tableau pacifiste "Guernica" de Picasso y fut exposé pour la première fois en 1937.
Où se déroulent-elles ?
Outre diverses nations d'Europe, les Expos parcourent la planète : Etats-Unis (Philadelphie dès 1876, puis Chicago, Saint-Louis...), l'Australie (Melbourne-1880), le Canada (Montréal-1967), puis l'Asie plus tardivement (Osaka déjà en 1970, avant Shanghai en 2010).
La dernière édition a eu lieu à Dubaï en 2021-2022.
Depuis 1928, le Bureau international des expositions, basé à Paris, organise l'événement. Plus de 180 pays en sont membres et la ville-hôte est choisie par un vote de l'assemblée générale.
L'édition 2025 est la deuxième Exposition organisée à Osaka : celle de 1970, où était visible une roche lunaire, avait attiré 64 millions de visiteurs, un record jusqu'à Shanghai-2010.
Jusqu'à Seattle en 1962, les Etats-Unis ont accueilli sept Expositions, qui ont laissé des monuments emblématiques comme la tour Space Needle de Seattle.
La dernière Exposition universelle en France remonte à Paris-1937.
Avons-nous encore besoin des Expos ?
Les Expos universelles, où les pays continuent de vanter leurs atouts et de présenter des technologies d'avenir, peuvent apparaître obsolètes à l'âge d'Internet, des médias de masse et de la démocratisation des voyages.
Reflétant le désintérêt majeur des Japonais comme du public international, peu ciblé, la billetterie d'Osaka-2025 connaît des débuts très décevants.
Enfin, les conflits mondiaux, les tensions géopolitiques et commerciales ébranlent les valeurs idéalistes au cœur des Expositions.
Les organisateurs d'Osaka-2025, pour autant, insistent sur l'importance des échanges en personne entre nations et des "rencontres inattendues" rendues possible par de tels rassemblements.
"Les humains sont des créatures qui ont progressé en se rassemblant, interagissant et partageant", plaident-ils.
Et de pointer les attractions d'intérêt universel à Osaka : météorite venue de Mars, "cœur" battant cultivé à partir de cellules souches...
Yusuke Nagasawa, 28 ans, professeur de collège, ambitionne ainsi d'y amener 140 élèves lors d'un voyage scolaire, "une opportunité importante" pour eux.
"C'est une expérience d'apprentissage précieuse, de pouvoir expérimenter les choses réelles, le contact humain, qui ne peuvent être transmis via un écran", affirme-t-il à l'AFP.
"Je trouve fascinant d'en apprendre davantage sur des pays où je ne suis jamais allé (...) Et des personnes de plusieurs pays m'ont approché pour bavarder", ajoute-t-il.
Des lieux d'expérimentation architecturale ?
L'architecture occupe une place centrale lors des Expositions universelles, où les nations rivalisent d'audace dans l'apparence de leurs pavillons.
Osaka-2025 ne fait pas exception : le pavillon chinois évoque un rouleau de calligraphie déroulé, tandis que le pavillon portugais -- créé par l'architecte japonais Kengo Kuma -- arbore des cordes imitant "le mouvement de l'océan".
"Les Expositions universelles ont toujours été, et continuent d'être, des lieux d'expérimentation architecturale", confirme à l'AFP Isaac Lopez Cesar, de l'université espagnole de La Corogne.
Elles offrent un forum "où sont testés de nouvelles formes architecturales, de nouveaux matériaux, de nouvelles conceptions et types de structures, et, plus généralement, de nouvelles avancées technologiques appliquées à l'architecture", explique-t-il.
Quel impact environnemental ?
Les thèmes du développement durable sont omniprésents à Osaka-2025, notamment dans le pavillon suisse qui déroule des sphères transparentes entrelacées de végétal et qui vise à réduire au maximum l'empreinte écologique.
Mais les Expositions universelles ont souvent été critiquées pour leur caractère temporaire, la majorité des pavillons étant voués à être détruits après les six mois d'accueil du public.
Après octobre, l'île artificielle accueillant Osaka-2025 sera ainsi rasée pour laisser place à un complexe hôtelier avec casino.
Et selon la presse japonaise, seuls 12,5% du "Grand Anneau" --colossale structure de bois entourant les dizaines de pavillons nationaux -- seront réutilisés.