Placée en garde à vue jeudi dernier, au lendemain de la mise en examen de M. Kerimov pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, cette femme de 46 ans a été mise en examen et placée sous mandat de dépôt samedi, elle aussi pour blanchiment aggravé de fraude fiscale.
Basée à Nice, elle intervenait au Cap d'Antibes, presqu'île paradisiaque dont les villas d'époque ou de prestige à l'abri des regards séduisent les grandes fortunes du monde entier, notamment russes.
Deux architectes, un jardinier-paysagiste et le régisseur des villas de M. Kerimov sont également inquiétés dans cette enquête qui s'est brusquement accélérée le 20 novembre avec l'arrestation du milliardaire à son arrivée en avion à Nice, selon une source proche du dossier.
L'enquête, aux ramifications internationales menant en Suisse, à Monaco et au Luxembourg, s'étend désormais à divers professionnels intervenus lors de l'achat ou des travaux d'embellissement dans les villas que l'oligarque russe est soupçonné d'avoir achetées au Cap d'Antibes à partir de 2006, cinq au total, dont l'une revendue depuis, selon la même source.
Ce sont plus de 400 millions d'euros qui auraient échappé au fisc grâce à des actes de vente sous-déclarés par rapport au prix réel. A cela s'ajoutent environ 40 millions d'euros de prestations diverses payées en liquide au noir, avec des espèces provenant de comptes en Suisse ou à Monaco, toujours selon la même source.
Les deux architectes et le paysagiste, entendus la semaine dernière par la police, ont été remis en liberté mais n'ont pas été mis en examen contrairement au régisseur de M. Kerimov, Cédric Faugeroux, mis en examen pour blanchiment aggravé de fraude fiscale et libéré sous contrôle judiciaire contre une caution de 140.000 euros.
Le parquet de Nice a fait appel de la libération de MM. Kerimov et Faugeroux. La cour d'appel d'Aix-en-Provence doit examiner mardi sur cet appel.
Classé 21e fortune de Russie par le magazine Forbes qui estime son patrimoine à 7 milliards de dollars, M. Kerimov a fait fortune lors de la chute de l'URSS. Il a notamment détenu des parts dans le numéro un mondial des engrais agricoles Uralkali et contrôlé le club de football daguestanais d'Anzhi Makhachkala, qu'il avait hissé un temps au sommet en achetant des joueurs de premier plan comme le Camerounais Samuel Eto'o ou le Brésilien Roberto Carlos.
Après d'importantes pertes financières, il a cédé la plupart de ses actifs et détient désormais, avec sa famille, le producteur d'or Polyus.
Interdit de quitter les Alpes-Maritimes, il a versé une caution de 5 millions d'euros et a été prié de quitter son éden antibois, dont il se dit simple locataire, pour loger dès que possible à Nice.