Pause ? Essoufflement ?... Les mois d'été sont venus rappeler que le mouvement de redémarrage, s'il est bien enclenché, reste encore hésitant et très graduel, notamment dans le segment des granulats. Les volumes d'activité ont en effet stagné sur les trois derniers mois connus et il faudra compter sur un dernier trimestre plus solide pour terminer l'année sur les tendances attendues. Les indicateurs conjoncturels plaident toutefois dans ce sens. Que ce soit du côté du bâtiment comme de celui des travaux publics, les professionnels se montrent confiants et témoignent de carnets de commandes sensiblement regarnis.
Les volumes de BPE et de granulats se stabilisent au cours de l'été
L'impression de « pause » de l'activité qui s'était dessinée au cours de l'été s'est confirmée en septembre. En effet, les livraisons de granulats ont reculé de -3,9% entre août et septembre (données cvs-cjo), mais aussi de -1% au regard du mois de septembre 2016. Au total, sur le troisième trimestre, les volumes ont quasiment stagné, affichant -0,5% par rapport aux trois mois précédents, mais aussi en comparaison du même trimestre de l'année 2016 (+0,5%). Sur les neuf premiers mois de l'année, l'activité des granulats s'inscrit désormais sur une tendance de l'ordre de +3% sur un an. Du côté du BPE, le même « coup d'arrêt » dans le mouvement de reprise se constate. En septembre, les productions ont reculé de -1,3% par rapport à août mais ont continué de progresser de +1% au regard de septembre 2016. Mais au troisième trimestre, les volumes ont également stagné par rapport au deuxième trimestre (-0,5%) bien qu'ils demeurent plus élevés que ceux de 2016 (+3,5%). En cumul sur les neuf premiers mois de 2017, la production de BPE progresse cependant encore de +5,8% sur un an. Ce profil un peu heurté se retrouve également dans les évolutions de notre indicateur matériaux. En effet, après un premier semestre porté par la croissance vigoureuse de l'activité au deuxième trimestre (+7,6% sur un an), les mois d'été ont marqué un net ralentissement, ce constat étant partagé par la quasi-totalité des matériaux composant notre panier. Les résultats encore provisoires font état d'une hausse d'à peine 3% au troisième trimestre, laissant ainsi la tendance sur les neuf premiers mois de l'année à +4,3% (données cjo, provisoires).
Bâtiment : les professionnels plus confiants, les promoteurs un peu moins…
Après une certaine stabilisation au cours de l'été, le climat conjoncturel qui ressort de l'enquête mensuelle menée par l'INSEE dans l'industrie du bâtiment s'est de nouveau amélioré en octobre, s'inscrivant bien au-dessus des niveaux moyens de longue période. Les perspectives d'activité demeurent très favorables même si le solde d'opinion sur l'activité passée s'est nettement replié. Les carnets de commandes s'étoffent et le solde d'opinion se situe désormais à son plus haut niveau depuis octobre 2008. Compte tenu de leurs effectifs, les professionnels du bâtiment estiment que leurs commandes assurent 7,4 mois de travail en moyenne, dont 8 mois dans le seul segment du gros œuvre. Alors qu'à l'été 2016, un peu moins d'un tiers des entreprises du bâtiment (31,4%) déclaraient avoir des difficultés à recruter, elles sont aujourd'hui plus de la moitié à faire face à cette difficulté (51,7%). Après les premières annonces du Projet de Loi de Finances 2018 plutôt mal accueillies par les professionnels du logement, les récentes avancées sur les mesures comme le CITE, le PTZ ou encore le Pinel ont contribué à rassurer et rendre confiance au secteur du bâtiment. Du côté de la construction, les dernières données sur le mois de septembre confirment que les demandes de permis demeurent dynamiques, tant du côté des locaux d'activité que de celui des logements (respectivement +14,3%, sur un an pour les trois mois de juillet à septembre, et +9,7%). En dépit d'un certain tassement sur le segment résidentiel, les mises en chantier restent aussi sur une tendance soutenue (+11,1% pour le logement sur la même période et +20,9% pour les locaux).
Il est vrai que les conditions de crédit demeurent attractives. Après avoir augmenté de 20 points de base au cours des trois premiers mois de 2017, les taux d'intérêt sur les prêts à l'habitat du secteur bancaire sont restés pratiquement stables depuis avril. À 1,56% en moyenne à fin septembre, ils sont à peine 13 points au-dessus de leur niveau d'il y a un an. Toutefois la relative maitrise des conditions de crédit ne suffit pas à préserver la capacité d'achat des ménages en raison de la hausse des prix des logements. Ainsi, selon les derniers chiffres de l'Observatoire du Crédit Logement, le coût relatif des opérations d'achat a sensiblement augmenté, atteignant 4,09 années de revenu en moyenne au troisième trimestre 2017 (soit le plus haut niveau constaté depuis 2000) contre 3,76 années en 2014 (avec des taux d'intérêt à 2,6%). De leur côté, les promoteurs notent une demande moins nourrie de la part des ménages en ce début d'automne, notamment s'agissant des logements destinés à la location. L'enquête trimestrielle de l'INSEE du mois d'octobre souligne par ailleurs que les perspectives de mises en chantier sont un peu moins favorables qu'en juillet même si elles se situent encore à un niveau bien au-dessus de la moyenne de long terme.
TP : une période estivale marquée par la stagnation de l'activité
Selon la dernière enquête de conjoncture menée par la FNTP, l'activité se serait contractée en août, de -2,1% par rapport au mois d'août 2016 (données cvs-cjo, en valeur). Ainsi, à l'instar des matériaux, la période estivale marque le pas. Pénalisés par des épisodes de fortes chaleurs en juillet-août, les travaux réalisés ont stagné durant les trois mois de juin à août (-0,3%), laissant le cumul sur les huit premiers mois de l'année sur une même tendance stable (+0,2% sur un an). Si le même repli s'est constaté en août avec les marchés conclus (-1,1% par rapport à août 2016), la tendance cumulée depuis janvier reste néanmoins très positive (+10,2% sur un an), les prises de commandes étant boostées par les attributions des chantiers du Grand Paris.
L'enquête trimestrielle d'octobre suggère quant à elle une amélioration à venir de l'activité, en liaison avec des carnets de commandes qui continueraient de s'étoffer, tant du côté de la clientèle privée que publique. Les chefs d'entreprise apparaissent donc très confiants pour le quatrième trimestre et s'attendent à un accroissement de leurs effectifs… En effet, les signes de tensions sur les capacités productives se confirment, plus d'un tiers des entreprises (35%) déclarant avoir une activité bridée par des insuffisances de main-d'œuvre.