Sur les trois derniers mois, l'activité des granulats est au point mort par rapport à l'an dernier et à cet été ; quant au BPE, elle ne progresse plus que de +2% sur un an et de +1% sur trois mois. Il est vrai que les mois d'octobre-novembre de 2017 avaient été particulièrement dynamiques, mais avec les intempéries et grèves du début d'année, on pouvait s'attendre à un rattrapage sur la deuxième moitié de l'année au vu de la bonne orientation des indicateurs de demande, notamment dans le segment du granulat. Si la demande de granulats a sans doute été finalement moins solide que prévu, il n'est pas à exclure non plus qu'une partie ait été satisfaite par le circuit de l'économie circulaire qui échappe aux chiffres de la production en tant que telle.
L'activité des matériaux en baisse en novembre
En novembre, et après un mois d'octobre finalement moins bon qu'en première estimation, la production de granulats aurait quasiment stagné par rapport à octobre (+0,1%) mais serait en net repli au regard de novembre 2017 (-2,8%), en données désaisonnalisées et corrigées des jours ouvrés. Sur les trois mois d'automne, l'activité s'inscrit en repli de -0,7% par rapport aux trois mois d'été et se stabilise à son niveau d'il y a un an. En cumul sur les onze mois de l'année, la progression revient à +1,4% sur un an. Ce chiffre est plutôt décevant au regard du dynamisme des indicateurs de demande, notamment sur les marchés des travaux publics. Toutefois, il convient de relativiser la croissance des travaux réalisés, bien plus soutenue en valeur qu'en volume, et dopée par des chantiers du Grand Paris qui, pour le moment, sont assez peu gourmands en granulats. Par ailleurs, une part sans doute non négligeable de la demande de granulats peut être satisfaite par un autre circuit que celui de la production, notamment via le recyclage sur chantiers ou sur des plateformes dédiées non capté par notre recensement statistique. Du côté du BPE en revanche, le freinage de l'activité s'inscrit dans la droite ligne du ralentissement de la demande, en liaison avec le fléchissement des mises en chantier. En novembre, les livraisons ont reculé de -1,5% par rapport à octobre et de -2,5% par rapport à novembre 2017. Sur les trois derniers mois, l'activité demeure en hausse de +1% au regard des trois mois précédents et de +2,1% sur un an. Au total, sur les onze mois de 2018, la progression de la production revient à +3,1%.
Du côté de l'indicateur matériaux, le quatrième trimestre s'annonce également plutôt morose, certains produits affichant même des replis ces derniers mois (briques, produits en béton). En données provisoires, l'indicateur afficherait une croissance modeste de +1,3% sur les onze mois de l'année 2018, soit bien moins qu'en 2017 à la même période (+4,8%).
Bâtiment : l'atterrissage se poursuit
Sur les trois derniers mois connus (août à octobre), les mises en chantier de logements ont continué de fléchir par rapport aux trois mois précédents (-3,6%,données cvs-cjo), le repli étant plus marqué dans le collectif (-4,4%) que dans l'individuel (-2,3%). Sur les douze derniers mois, la tendance reste haussière (+1,2%) avec 419.500 logements commencés, mais la FFB, dans sa dernière conférence de presse, s'attend à un repli sur l'année 2018 à 404.000 unités (soit -6%). En revanche, du côté des autorisations, les trois derniers mois ont connu un léger redressement (+1,4%) grâce notamment au segment de l'individuel (+4%), le collectif se stabilisant. Sur les douze derniers mois, le nombre de permis se contracte de -6,4% (à 470.600 unités). Il est à noter que le taux d'annulation des permis a sensiblement augmenté, passant à 25%, contre 17% en moyenne sur longue période.
Selon la FFB, la détérioration du contexte macroéconomique, courant 2018, couplée à l'attentisme du secteur locatif social et à la baisse de la solvabilité des ménages expliquent le recul et les annulations des dépôts de permis. Dans un contexte de mesures de soutien public moins incitatives (PTZ, Pinel, suppression APL accession) et de hausse du prix des logements neufs (+2% sur l'année), le bas niveau des taux d'intérêt du cycle, une stabilisation pourrait intervenir après la baisse d'activité du second semestre 2019, et ce grâce à trois facteurs positifs : la réouverture du dossier du PTZ pour les zones B2 et C, la mise en place des “plans logements” (programme “Action Cœur de Ville” et “Denormandie ancien”) et l'entrée en vigueur des lois Elan et Essoc*. Ce nouveau contexte institutionnel permettrait de redonner une certaine dynamique au logement neuf, notamment sur des territoires en difficulté, et l'acte de construire serait facilité par la simplification des règles d'urbanisme tout en limitant les hausses de coûts.
TP : activité et coûts en hausse
La dernière enquête menée en octobre chez les professionnels des travaux publics traduit une poursuite de l'accélération de l'activité, le montant des facturations ayant progressé de +8,8% par rapport à octobre 2017, soit +11,8% sur les dix premiers mois de l'année (données cvs-cjo).
Alimentée par la hausse des investissements des collectivités locales, du secteur privé mais aussi des grands opérateurs publics (Grand Paris Express, Plan de relance autoroutier, Plan très Haut Débit…), cette croissance des travaux en valeur est plus modeste si elle s'exprime en volume, en raison de la forte hausse des coûts de production mesurée par l'indice TP01 (+3,5% à fin octobre sur un an). Reste que l'activité demeure soutenue, une part non négligeable étant imputable aux chantiers du Grand Paris. Du côté des travaux routiers, Routes de France affiche également une hausse de son activité,de +6,5% en volume sur les neuf premiers mois de l'année (données cjo), et des carnets de commandes plutôt bien garnis.
* Lois Évolution du Logement et Aménagement Numérique (ELAN) et pour un État au Service d'une Société de Confiance (ESSOC)