Toutefois, le rythme du freinage de l'activité s'est sensiblement modéré sur les derniers mois de 2019 et le début de l'année 2020 semble poursuivre le redressement de tendance avec un rebond de l'activité selon les premiers résultats provisoires sur janvier. Du côté des marchés de la construction, les indicateurs demeurent plutôt bien orientés. Certes, l'optimisme des professionnels du BTP se tempère mais les enquêtes d'opinion restent à haut niveau et l'activité constructive résidentielle faisait encore preuve de résilience début 2020. Mais depuis ces derniers jours, la visibilité sur les mois à venir devient difficile avec l'épidémie de Covid-19 qui va provoquer un choc d'offre et de demande sans précédent sur l'ensemble de l'économie mondiale.
Modération du freinage sur les derniers mois
Après avoir enregistré une progression sensible de +3,9% en 2018 (+4.5% en données CVS-CJO), la production de granulats aurait quasiment stagné en 2019(+0,3% en brut et -0,3% en CVS-CJO selon les données provisoires),suivant un profil mensuel en repli sur une bonne moitié de l'année. Toutefois, au cours du second semestre, le mouvement s'est modéré et, après un mois de décembre très ralenti,notamment en raison des grèves, l'activité a rebondi en janvier, selon les données provisoires de l'enquête mensuelle, avec une hausse de +7,6% des volumes au regard de décembre (CVS-CJO) et de +8,9% par rapport à janvier 2019. Effet de rattrapage et/ou poursuite du redressement tendanciel, l'activité des granulats affiche en tout cas une hausse de +3,6% sur les trois derniers mois connus (novembre à janvier) par rapport aux trois mois précédents, et de +1,2% par rapport à la même période d'il y a un an. De fait, à fin janvier, le cumul des douze derniers mois redevient positif à +0,3% sur un an (données CVS-CJO). Du côté du BPE, après une année 2018 encore en nette hausse (+2,8% en données brutes et +3,4% en CVS-CJO),les livraisons ont également décru une bonne partie de l'année avant d'amorcer une légère inflexion fin 2019.
Selon les données encore provisoires, la production aurait finalement à peine augmenté par rapport à 2018 (+0,6% en brut et -0,1% en CSV-CJO).
Tout comme pour les granulats,le mois de janvier semble avoir marqué un rebond, après le creux de dé-cembre, de +10,6% sur un mois (CVS-CJO) et de +5,5% sur un an. Au cours des trois derniers mois, les volumes produits de BPE se redressent de +2,1% au regard des trois mois précédents mais demeurent en retrait de -2,9% par rapport à la même période de 2019.
Sur ces douze derniers mois, les cubages reviennent ainsi tout juste à l'équilibre (+0,1% en CVS-CJO).
L'indicateur matériaux, encore provisoire pour janvier, traduit des mouvements similaires avec une inflexion sensible de +8,1% sur un an (données CJO). Après un quatrième trimestre encore en repli (-5,4% sur un an), l'activité matériaux aurait donc observé une pause en 2019 après avoir cru de +4,6% en 2018.
Même s'il est encore difficile d'estimer le réel impact de l'épidémie de Covid-19 qui s'étend actuellement sur le territoire, il semble acquis qu'au niveau national, l'activité sera fortement ralentie pendant une bonne partie de l'année 2020.
Bien qu'étant également touché, le secteur du BTP et des matériaux apparaît cependant moins exposé que d'autres activités comme le tourisme, l'hôtellerie-restauration, les loisirs etc. qui, une fois le pic pandémique passé, ne pourront jamais rattraper les pertes de volumes ou d'activité subies.
Bâtiment : redressement des permis logements
Selon la dernière enquête menée par l'INSEE en février dans l'industrie du bâtiment, le climat des affaires se maintient à un niveau élevé, dans le gros œuvre comme dans le second œuvre.
Les professionnels sont plus nombreux à indiquer une hausse de leur activité récente mais aussi à anticiper un accroissement de celle-ci au cours des prochains mois. D'ailleurs, leurs perspectives d'embauches se redressent et les goulots de production demeurent élevés (pour 45% des entreprises) tandis que les carnets de commandes faiblissent à peine. Ils représentent 8,7 mois d'activité dans le gros-œuvre,compte tenu des effectifs présents,soit un niveau encore très au-dessus de la moyenne de long terme (6,1 mois) mais en repli au regard du point haut de septembre 2019 (à 9,1 mois).
Les données sur l'activité constructive traduisent il est vrai un certain dynamisme du côté du segment non résidentiel. A fin janvier, et sur les trois derniers mois connus, les surfaces commencées progressaient de +9,5% au regard de la même période d'il y a un an,les segments du commerce,des entrepôts ou encore des bâtiments industriels et de certains bâtiments publics alimentant le gros des chantiers.Sur les douze derniers mois, les locaux commencés affichent une hausse de +5,7% sur un an, un rythme un peu supérieur à celui des demandes de permis (+4,9%) dont la dynamique s'est un peu essoufflée sur les trois derniers mois (-0,4%). Du côté des logements, en revanche, les mises en chantier sont toujours en recul (-2,8% en glissement annuel sur les trois derniers mois et -1,2% en cumul sur douze mois, à 409 200 unités) mais la baisse se modère, notamment grâce au redressement du segment de l'individuel pur. En effet, sur les trois derniers mois, les ouvertures de chantier ont cru de +2,8% sur un an, un chiffre qui fait écho à la bonne orientation des ventes de maisons individuelles en secteur diffus qui progressent encore de +5,3% sur un an à fin janvier, soit un total de 126 00 unités vendues. Les dernières données sur les autorisations du secteur résidentiel sont également très encourageantes puisque, sur les trois derniers mois (novembre à janvier), elles ont bondi de 9,9% au regard du trimestre précédent (+8,3% sur un an), une accélération qui concerne le logement individuel (+4,1%) mais surtout aussi le collectif (+14,4%). Avec un cumul annuel de 451 500 permis déposés à fin janvier, la tendance demeure en repli (-1,6%) mais sur un rythme beaucoup plus atténué que ce qui était constaté il y a 6 mois (-6% en septembre 2019).
TP : l'activité tient bon…
Tout comme pour les matériaux,l'activité des travaux publics semble avoir repris de la vigueur en janvier,après un mois de décembre un peu poussif, comme en témoignent les résultats de l'enquête mensuelle menée par la FNTP. Ainsi, les facturations affichent une hausse de +15,9% sur un an en janvier, ce qui laisse la progression des travaux réalisés de ces douze derniers mois sur une tendance de +12,4% (données CVS-CJO). L'approche des échéances municipales et les chantiers à finaliser alimentent l'activité, tout comme la montée en puissance du projet du Grand Paris Express qui, selon la FNTP, mobilise actuellement 14 tunneliers et totalise 150 chantiers en cours.
En revanche,les entrées de commandes continuent de se contracter (-12,3%) du côté des opérateurs privés mais aussi et surtout, en raison de l'année électorale,en provenance des collectivités locales.
Une situation qui, à terme, devrait se solder par un freinage de l'activité.