Son principe : transposer aux habitants d’une zone urbaine les grilles d’analyse des risques psychosociaux utilisées en entreprise pour conseiller les municipalités sous l’angle de la “santé psychologique” de leurs riverains. Testées depuis début 2022 sur un échantillon de plus de 3.000 répondants dans 58 départements, les premiers chiffres de référence nationaux viennent d’être publiés, afin de pouvoir ensuite être comparés avec les villes qui souhaiteront analyser le ressenti de leurs habitants.
De premiers indicateurs riches de pistes de réflexion pour les municipalités
La création d'un Observatoire National de mesure de la Qualité de Vie Urbaine (QVU) est une première en France qui évalue de manière scientifique la perception qu’ont les habitants de leur cadre de vie. A travers 98 questions regroupées en 11 dimensions, 4 modérateurs de QVU sont estimés : facteurs de protection, de risque, levier, vigilance. Leur analyse permet de répondre à la question « comment vont les français dans leur quartier/ville » en :
- Identifiant les impacts négatifs comme le stress éprouvé ou la santé morale et physique perçue.
- Distinguant les impacts positifs, source de bien-être et de qualité de vie urbaine appréciée par les habitants.
L’Observatoire National de mesure de la Qualité de Vie Urbaine permettra aux collectivités et municipalités de :
- Procéder à un référendum continu, puissant facteur de satisfaction pour leurs populations.
- Redonner de la force et de la légitimité à l'expérience citoyenne et à la vie politique locale.
Les principaux chiffres de l’Observatoire Santé et Qualité de Vie Urbaine montrent que les Français évaluent positivement leur qualité de vie urbaine, avec la note de 69/100.
- Stress : 15,2/40
- Santé physique : 67/100
- Santé morale : 66/100
- QV personnelle : 70/100
Au-delà de ces résultats bruts, moyenne nationale de comparaison, ces indicateurs ont pour objectif de mettre en lumière les facteurs prioritaires aux yeux de ceux qui vont le mieux, et inversement, afin que les municipalités et collectivités puissent mettre en place des projets qui visent l’amélioration continue.
Pour Barbara Attia : « Pour l’heure, le questionnaire aborde l’ensemble des dimensions dont on sait, de par la littérature, qu’elles ont un impact sur la santé et la qualité de vie des habitants : sentiments de liberté, de sécurité ou d’appartenance, attachement au lieu, importance du soutien social, des souvenirs etc ; tout en évaluant leurs perceptions à propos de leur environnement urbain : l’espacement des constructions, la beauté des bâtiments, les différents espaces disponibles, l’accessibilité, l’exposition à différents risques etc. Le croisement de ces données permet de faire à la fois un état des lieux de la santé globale des riverains mais aussi de donner une définition d'un environnement urbain de qualité. »
Analyse qualitative des 1ers résultats de l’Observatoire Santé et Qualité de Vie Urbaine
Les impacts positifs sur la Qualité de Vie Urbaine sont :
- Les facteurs de protection stratégiques : la sensation d’être bien intégré dans son quartier et la réputation de ce dernier, le soutien social perçu, les contacts visuels établis dans son environnement urbain de proximité, l’offre d’activités proposée pour les enfants, le volume des bâtiments.
- Les leviers pour l’amélioration de la Qualité de Vie Urbaine : l’importance du tissu associatif, la facilité à d’accès aux sanitaires, la présence d’équipements médicaux, le sentiment d’être consulté et la possibilité de mener des actions en faveur de l’écologie,
Les impacts négatifs sur la Qualité de Vie Urbaine sont :
- La gêne provoquée par les bruits de voisinage ainsi que la gêne provoquée par la gestion des ordures et des déchets, la sensation d’oppression et le risque sécuritaire sont les points de vigilance auxquels prêter la plus grande attention.
- Enfin, la sensation que l’on construit trop est le facteur de risque prioritaire pour la population française aujourd’hui.
Analyse quantitative des 1ers résultats de l’Observatoire Santé et Qualité de Vie Urbaine
- Globalement les femmes sont plus stressées que les hommes (15.9/40 vs 14.2/40).
Elles ont également une forme physique et morale moins élevée que les hommes. (F=64.7/100 ; H=68.8/100) (F=63.8/100 ; H= 68.9/100)
- Avec l’âge le stress diminue
Les jeunes âgés de moins de 20 ans présentent le score de stress le plus élevé (18.1/40), les personnes âgées entre 20 et 49 ans sont à peine moins stressées (16.8/40). Dans cette continuité, les personnes âgées entre 50 et 59 ans sont également moins stressées avec 13.2/40, ainsi que les seniors âgés de 70 ans et plus (12.3/40). Plus précisément, les données montrent que les plus stressés sont les étudiants (18.7/40) suivis des personnes en recherche d’emploi (17.6/40) et des personnes ayant signé un contrat à durée déterminée (17.6/40).
- Des niveaux de forme perçus hétérogènes
Les étudiants montrent un niveau de forme morale assez faible (57.6/100) à la différence des cadres et catégories professionnelles supérieures (70.7/100).
Les personnes en recherche d’emploi ont une forme physique et morale plutôt faible (58.2 et 57.3/100), comparé aux personnes en activité indépendante qui présentent le plus haut niveau de forme physique (71.1/100).
- Des retraités et des couples en forme et heureux dans leur quartier
Les retraités sont ceux qui présentent le niveau de stress le moins élevé (12.3/40) et ont également le niveau de forme morale le plus élevé (69.9/100). Ce sont eux qui ont le moins l’intention de quitter leurs quartiers (33.1/100).
Les personnes vivant en couple sont également peu stressées (13.5/40) et ont une bonne forme morale et physique (70.1 et 67.6/100). Cette catégorie de personne est également une de celle qui désire le moins quitter son quartier (37.6/100).
Pour Barbara Attia : « Avec l’Observatoire Santé et Qualité de Vie Urbaine, mon objectif final est de parvenir à inclure le bien-être des populations dans les statistiques nationales, et ainsi compléter les données auxquelles nous avons l’habitude de nous référer, qui sont aujourd’hui trop centrées sur l’économie et trop peu sur la questionnement des usagers. L'ambition de l'Observatoire Santé et Qualité de Vie urbaine est d'apporter une analyse fine et précise des attentes des citadins, car la Qualité de Vie Urbaine est à la fois un enjeu d’utilité et de santé publiques : améliorer la qualité de vie des habitants et la perception de leur environnement urbain, de façon scientifique et responsable. Pour les collectivités locales, considérer les attentes des habitants revient à avoir une démarche proactive vers une « cité heureuse ». Donner aux populations les clés pour comprendre un projet qui les concerne revient à les y engager. »