Son intervention le mardi 21 février sur France Inter dans l’émission « Le téléphone sonne » est édifiante sur la méconnaissance des problématiques du chauffage en France et l’imposition des visions urbaines, à l’encontre de la cohésion et de l’égalité des territoires.
En premier lieu, le Ministre méconnaît le fait que le fioul domestique traditionnel va disparaître de lui-même au profit de combustibles liquides moins émissifs en CO2.
Ainsi, l’autorisation de la mise sur le marché français en 2022 du fioul domestique F30, dit « Biofioul » (biocombustible incorporant 30% d’énergie renouvelable d’origine végétale), et qui abaisse les émissions de CO2 de 10%, est la première étape vers le prochain F55 (55% de biocombustible renouvelable).
Tous les pays européens travaillent sur la substitution du fioul par des combustibles liquides renouvelables et de synthèse ainsi que la Directive européenne sur les énergies renouvelables y incite.
Par ailleurs, la politique du bouc émissaire est absurde et stigmatisante pour les Français habitant en zones rurales et périurbaines. Les consommateurs dont le choix énergétique est restreint de par leur situation géographique sont ainsi désignés comme « criminels » et désinformés sur les impacts de l’utilisation des énergies de chauffage.
Certes l’usage du fioul domestique en chauffage émet plus de CO2 par kWh que d’autres énergies mais il faut en relativiser les proportions pour disqualifier ces propos excessifs, outranciers, inadmissibles de la part d’un responsable gouvernemental.
Valeurs CO2 du DPE – étiquette climat / énergie (arrêté ministériel du 15 septembre 2006, modifié)
- Électricité de réseau : 180 gr
- Gaz de réseau (méthane) : 234 gr
- Gaz en citerne (propane) : 274 gr
- Fioul domestique traditionnel : 300 gr
- Bois de chauffage : 13 gr
- En comparaison :
- Biofioul F30 : 275 gr (disponible sur le marché)
- Biofioul F55 : 234 gr (en tests de compatibilité chaudières)
Nota : seul le CO2 est considéré, à l’exclusion du CH4 (méthane) ou des HFC (fluides frigorigènes), polluants dont le fioul domestique n’est pas « criminel »
Le Ministre au lieu de s’expliquer sur les défaillances des DPE, de la gestion des aides à la rénovation, de la chute des travaux pourtant prioritaires d’isolation crée une diversion péremptoire.
Pour Eric Layly, Président de FF3C : « Si le Palais de l’Elysée ou les chambres parlementaires, qui utilisent du fioul domestique, ont les ressources pour opter pour d’autres solutions, qu’en est-il des Français habitant dans les territoires ruraux ? En pleine crise énergétique, les déclarations du Ministre sont particulièrement discriminantes pour près de 3 millions de foyers qui se chauffent au fioul domestique. »
Le syndicat FF3C souligne en outre combien le rôle des entreprises de distribution d’énergies hors réseaux est crucial pour la sécurité d’approvisionnement des consommateurs qui, quelles que soient les crises passées et récentes, n’ont jamais été menacés de coupures.
Emporté par la résurgence d’un culte imposant l’électricité, quoi qu’il en coûte, le Ministre en charge de la Ville et du Logement se rend coupable d’anathème sur un sujet qui demanderait de la tolérance, de l’adaptation aux territoires, de l’information objective et des mesures concrètes pour inciter les consommateurs à remplacer leurs équipements par des matériels biocompatibles neufs qui, au passage, permettent de réduire d’un tiers la consommation et de plus de 50 % si l’isolation du bâti était au rendez-vous.