"C'est vraiment l'année qui a battu tous les records", se félicite auprès de l'AFP Alexander Kraft, PDG de l'agence Sotheby's International Realty France. "2020 était déjà une très bonne année, ce développement continue en pleine force en 2021, et ça continue même jusqu'à aujourd'hui".
Comme ses concurrents dans l'immobilier "de prestige" Barnes et Daniel Féau, l'agence a largement battu son record de transactions en France l'an dernier : +42% en un an.
Pour la seule région parisienne, par rapport à 2019, la meilleure année jusque-là, le nombre des ventes a bondi de 39% pour Daniel Féau. Barnes, de son côté, a fait 30% de transactions en plus qu'avant la pandémie.
"Résidences semi-principales"
Des chiffres portés par l'envie de vert et d'espace : chez Daniel Féau, le nombre des ventes de maisons et d'hôtels particuliers avec jardin a presque triplé en deux ans.
"Les clients sont à la recherche d'espaces verts, de terrasses, de jardins, et lorsqu'ils sont dans les grandes villes, ils vont dans la périphérie. C'est pour cela que les Hauts-de-Seine et les Yvelines ont clairement explosé au niveau des ventes de maisons et des ventes d'appartements avec terrasse", témoigne pour l'AFP Thibault de Saint-Vincent, président de Barnes.
"Les gens, avec les confinements, se sont rendus compte que le lieu de vie était peut-être le facteur décisif pour la qualité de vie, et pourquoi rester dans un appartement si on peut avoir plus de verdure et plus d'espace ailleurs ?", explique Alexander Kraft.
D'où l'engouement pour les biens situés loin de Paris, tandis que les prix stagnent dans la capitale.
Barnes observe que les ventes et les prix ont "explosé" sur la côte atlantique, la côte basque ou à Deauville, avec des propriétés parties pour 3, 5 ou même 10 millions d'euros.
Le département "Propriétés et châteaux" de l'agence, plutôt centré sur la campagne, a aussi "clairement repris des couleurs", explique Thibault de Saint-Vincent.
Au point de déceler un phénomène de "résidences semi-principales" : avec l'essor du télétravail, des propriétaires achètent un bien en région en conservant un pied-à-terre en région parisienne.
"C'est une tendance qu'on a vu apparaître après le premier confinement, et elle se voit au niveau mondial : on a des New-Yorkais qui vont s'installer en Floride ou dans les Hamptons (littoral à l'est de New York, NDLR), des Parisiens qui vont s'installer sur la côte basque...", observe Thibault de Saint-Vincent.
Les Français portent le marché
Barnes comme Sotheby's observent que le fossé se creuse entre les biens impeccables, sans défaut majeur, et ceux, même de luxe, sans terrasse ni jardin, ou situés à un étage bas, ou avec des travaux à faire.
"Les acheteurs sont devenus plus gourmands. Ils n'ont pas nécessairement envie de faire des gros travaux, de restaurer, de rénover... ils veulent acheter des biens qui sont déjà en bon état, qui ont déjà des atouts comme des piscines, des grandes cuisines bien équipées, des chambres avec des salles de bain en suite... et ils sont prêts à payer un prix pour ça", relève Alexander Kraft.
En France, ce sont encore les Français qui portent le marché, assure-t-il. Les étrangers "sont prêts à acheter, mais évidemment il n'y a pas beaucoup de gens prêts à acheter sans avoir visité le bien", explique-t-il, estimant entre 90 et 95% la part de Français parmi ses clients l'an dernier, contre environ 50% en temps normal.
"La clientèle française d'entrepreneurs, de jeunes travaillant dans les nouvelles technologies, de jeunes ayant fait des investissements très profitables dans les cryptos, commence à apparaître", note Thibault de Saint-Vincent, qui voit cependant la clientèle étrangère revenir progressivement depuis le printemps 2021.
De quoi lui faire pronostiquer une "très belle année" 2022, quoiqu'un peu en deçà de 2021.