Entre avril 2021 et mars 2022, l'immobilier ancien s'est renchéri de 7,3% sur un an, selon l'indice Notaires-Insee qui fait référence. Un rythme comparable aux trimestres précédents.
Les nuages qui s'accumulent sur l'économie mondiale, avec la guerre en Ukraine et la remontée des taux d'intérêt, ne sont pas encore visibles dans les chiffres des notaires, basés sur les ventes définitives du premier trimestre, lesquelles ont été décidées quelques mois auparavant.
Mais ils n'ont pas relevé de signes laissant penser à une chute dans les mois qui viennent.
De fait, le volume de ventes dans l'ancien, qui a explosé après la mi-2020, se stabilise à un niveau très élevé, avec 1.175.000 ventes en un an.
"On le comprend, les ménages ont considéré plus que jamais la pierre comme un refuge, une sécurité, dans un contexte anxiogène et difficile", a déclaré Marc Cagniart, président de la Chambre des notaires de Paris.
Les familles déménagent
Les tendances sont donc toujours celles à l'oeuvre depuis la sortie du confinement mi-2020 : les maisons ont plus de succès que les appartements et les prix augmentent plus vite à mesure que l'on s'éloigne de Paris.
En un an, les prix des maisons ont augmenté de 9,2% en moyenne et ceux des appartements de 4,7%. Et l'écart ne fait que s'accentuer.
Dans le neuf aussi, le succès des maisons ne se dément pas selon les chiffres déjà dévoilés par le ministère de la Transition écologique : +7,1%, contre 3,7% pour les appartements.
En Ile-de-France, les prix dans l'ancien, maisons et appartements confondus, ont augmenté de 2,5%, contre 9,3% en province.
"C'est un phénomène de changement structurel de la demande", commente pour l'AFP Barbara Castillo Rico, responsable des études économiques chez Meilleursagents. "Suite au Covid, avec la démocratisation du télétravail, le choix de localisation des ménages a été plus large", explique-t-elle.
Cela peut également représenter un gain de pouvoir d'achat, première préoccupation des Français, dont le logement constitue l'un des principaux postes de dépenses.
"Quand on voit qu'à Paris il faut payer plus de 10.000 euros le mètre carré, que quand on passe en petite couronne on va déjà avoir un choix à moitié prix et si on va en grande couronne on va multiplier par trois la surface avec le même budget... réduire les dépenses, c'est le principal enjeu", ajoute Barbara Castillo Rico.
En Ile-de-France, les ménages qui sautent le pas sont désormais plutôt des familles, note Thierry Delesalle, président de la commission statistiques immobilières des Notaires du Grand Paris.
"Il leur a fallu deux ans pour aligner les planètes : télétravail monsieur, télétravail madame, et les enfants qui passent du primaire au secondaire...", a-t-il expliqué.
Accélération
La surface des maisons vendues en région parisienne a en outre augmenté. Non pas parce qu'elles sont plus grandes, a noté Me Delesalle, mais parce que les combles sont de plus en plus souvent aménagés en pièces à vivre, tout comme les garages.
Pour les mois à venir, les notaires s'attendent, en Ile-de-France, à une nouvelle hausse des montants des ventes. Les prix des maisons, de 358.000 euros en moyenne, pourraient passer en juillet à 372.700 euros selon leurs projections.
A Paris, le nombre de transactions est à nouveau élevé et la pause actuelle dans les prix -déjà stratosphériques, avec 10.520 euros le mètre carré en moyenne- risque de ne pas durer.
L'augmentation rapide des taux d'intérêt, de nature à grever le pouvoir d'achat des primo-accédants, pourrait avoir un effet contre-intuitif sur le marché, a déclaré Me Delesalle.
"Est-ce que ça bloque le marché ? Eh bien pas du tout. Ça a même plutôt un effet d'accélérateur. Tous ceux qui essayent de déménager aujourd'hui se disent que les taux montent et donc il faut y aller rapidement."