Lundi, avant l'ouverture du salon, le coliving, grande colocation en résidence avec services, qui essaime à grande vitesse dans les métropoles, a eu droit à un sommet exclusivement dédié.
Plutôt destinée aux jeunes actifs, cette forme d'habitat a pris son envol en France en 2021, avec 440 millions d'euros d'investissements recensés cette année-là par le spécialiste de l'immobilier d'entreprise JLL ; puis 291 millions en 2022.
"En France, on est un marché sous-équipé sur le coliving et le résidentiel étudiant, quand on le compare avec le marché britannique, espagnol, allemand", explique Maël Aoustin, PDG du groupe UXCO, spécialisé dans le coliving et l'habitat étudiant.
Car les plus classiques résidences séniors ou étudiantes se réinventent elles aussi.
Numéro un du logement étudiant en France via sa filiale Studéa, Nexity, dont le coeur de métier historique -la promotion immobilière- souffre d'un marché atone, a fait du développement de l'immobilier géré un pilier de sa stratégie d'entreprise.
Bouygues, entré sur le marché des résidences seniors en 2014, accélère aussi leur développement, et se lance lui aussi dans le coliving.
"Dans le résidentiel comme dans le bureau, on se rend compte que les utilisateurs sont à la recherche de services et d'une expérience. Ce qui fait que notre stratégie va se déplacer sur ce genre d'actifs où on vient opérer, gérer, et apporter cela à nos clients tout au long de leur parcours résidentiel", explique à l'AFP Olivier Durix, directeur général offres et clients de Bouygues Immobilier.
Une nécessité produite par les changements des modes de vie.
"On sent bien que les parcours résidentiels sont en train de se transformer par les deux bouts", explique à l'AFP David Chouraqui, directeur général adjoint de Crédit Agricole Immobilier.
"On rentre de plus en plus tard dans un parcours résidentiel classique: on va faire du coliving, bouger, chercher du meublé, il y a des zones dans lesquelles on a du mal à se loger (...) et à l'autre bout du spectre, il y a une vraie transformation du logement senior, avec des concepts revisités pour des gens qui ne veulent pas aller dans un Ehpad à 4.000 euros par mois", détaille-t-il.
L'argent afflue
Avec le vieillissement de la population, le besoin de logements adaptés à la perte d'autonomie va en effet aller croissant.
C'est à ce besoin qu'entendent répondre les résidences seniors, qui visent les personnes âgées dont le logement n'est plus adapté, mais encore assez autonomes pour éviter l'établissement médicalisé.
Ces résidences proposent davantage de services que les résidences seniors en copropriété, développées il y a plusieurs décennies.
"Les personnes qui vont dans ces résidences-là y vont plutôt à la demande des enfants, parce qu'ils savent leurs parents dans un environnement sécurisé. Ca les rassure", explique Florence Sémelin, responsable de l'investissement résidentiel chez JLL. "Sinon, le senior fait le pas quand il lui arrive un accident dans sa vie, souvent, c'est le décès du conjoint, il se retrouve tout seul et a un besoin de socialisation".
"On arrive dans des générations de femmes qui ont travaillé, qui ont eu l'habitude de consommer des services, ont voyagé, fait du sport, et très favorables pour entrer en résidence senior", ajoute-t-elle.
En France, il faudrait créer 200 à 300.000 places en résidence senior d'ici 2050, selon une récente étude du Haut-commissariat au Plan.
De l'autre côté, l'argent afflue car les investisseurs jugent les résidences peu risquées.
En 2022, 448 millions d'euros ont été investis dans les résidences étudiantes en France, selon JLL, et 584 millions dans les résidences senior.
"C'est un bon produit-refuge pour les investisseurs qui souhaitent faire du logement, mais avec une certaine sécurité. Vous cochez la case logement et vous cochez la case sécurité", dit à l'AFP Olivier Bokobza, président de BNP Paribas Real Estate.
"Comme investisseur, c'est plus facile que de gérer plusieurs appartements multi-occupants", dit aussi Nicolas Verdillon, directeur des investissements chez CBRE. "C'est un bon moyen pour investir et se protéger de l'inflation."