Ces dernières semaines, emprunteurs et acheteurs "sont au rendez-vous, il y a des recherches en ligne importantes, il y a des visites de biens, il y a des ventes qui se réalisent de manière significatives, et dans un contexte où les prix semblent tenir. On a une forme d'élan post-confinement", a résumé jeudi dans une vidéo Jean-Marc Vilon, directeur général de l'organisme Crédit Logement qui réunit les principales banques françaises.
Cet élan est-il durable? "Il est encore un peu tôt pour le dire. La période qu'on traverse est absolument unique, on n'a évidemment jamais vécu cela et ce qui va se passer sur le marché de l'immobilier va dépendre du marché immobilier lui-même, mais aussi et encore plus de l'évolution économique générale", a-t-il toutefois nuancé, évoquant des "incertitudes très fortes".
"Il faut attendre la rentrée pour être un peu plus affirmatif sur les tendances du marché, mais en même temps, il ne faut pas bouder notre plaisir d'une reprise d'activité qui, depuis la fin du confinement, est quand même tout à fait réelle", s'est réjoui M. Vilon.
Remontée des taux
Le taux moyen des crédits immobiliers en France a continué à progresser en juin, prolongeant la tendance esquissée en avril et en mai. Durant ces deux mois, les taux du crédit immobilier avaient en effet grimpé respectivement à 1,18% puis 1,25%, après des mois d'évolution à un plancher historique touché en fin d'année dernière à 1,12%.
Le résultat du mois de juin porte ainsi le taux moyen des crédits immobiliers à 1,25% sur l'ensemble du deuxième trimestre.
"Avec le durcissement de la crise économique déclenchée par la mise en oeuvre du confinement, les risques portés par les établissements prêteurs sur la dette immobilière des particuliers se sont renforcés. La montée du chômage et les pertes de pouvoir d'achat accentuent les risques de défaut sur la dette en cours de remboursement, alors que la suppression des aides personnelles à l'accession a fait disparaître un filet de sécurité qui avait montré son efficacité durant la crise des +subprime+", souligne l'observatoire Crédit Logement-CSA.
Cette tendance masque des disparités entre les différents profils d'emprunteurs.
Les emprunteurs ne présentant pas en général les meilleurs profils (niveaux des revenus et de l'apport personnel, durée des crédits octroyés...) et qui supportaient déjà un taux supérieur à la moyenne de leur famille de durée connaissent l'augmentation la plus forte. À l'inverse, la hausse des taux survenue depuis décembre 2019 est moindre pour les emprunteurs dont le profil est jugé moins porteur de risques.
Allongement des durées
Cette évolution apparaît en ligne avec les demandes des autorités financières qui, face à l'essor du crédit immobilier avant le confinement, avaient demandé aux banques de resserrer un peu leurs conditions, alors que les prêts atteignaient en France un montant total historique.
Mais si elles se sont montrées plus sélectives envers les profils d'emprunteurs, les banques semblent avoir lâché un peu de lest du côté de la durée des emprunts.
La remontée des taux des crédits et la poursuite de la hausse des prix des logements ont donc été partiellement compensées par l'allongement des durées : au deuxième trimestre 2020, la durée des prêts bancaires accordés était de 231 mois en moyenne, contre à peu près 228 mois sur le premier trimestre et sur l'ensemble de l'année 2019, montre l'observatoire.
En ce qui concerne l'activité des nouveaux prêts immobiliers, l'observatoire remarque une reprise en juin, après des turbulences en mars sur fond de déclenchement de la crise du Covid-19, suivies par un effondrement de la production en avril et en mai. Mais "la reprise observée en juin n'a pas permis de retrouver le niveau d'activité de février 2020, et encore moins celui de juin 2019".
Le mois dernier, la production, c'est-à-dire le montant global des crédits accordés, a chuté de 10%, et le nombre de prêts bancaires a reculé de presque 12% par rapport à juin 2019, selon l'observatoire.