Le produit intérieur brut (PIB) devrait finalement se contracter de 8,7% en 2020, a estimé lundi l'institution, soit moins fortement que la chute de 10,3% qu'elle anticipait en juin.
"Le choc du deuxième trimestre a été moins important qu'attendu" et "le rebond de l'activité constaté au cours des derniers mois est plus prononcé que ce à quoi on s'attendait", a expliqué Olivier Garnier, directeur général chargé des études et des relations internationales à la banque centrale française, lors d'une conférence de presse.
Cette prévision de la BdF est proche de celle de l'Insee qui table sur une récession de 9% cette année, mais plus optimiste que celle du gouvernement, qui anticipe un recul du PIB de 11%, même s'il a prévu de réviser prochainement ce chiffre.
"L'économie française se redresse progressivement (...) nous sommes dans la bonne direction", a ainsi estimé lundi matin le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, un peu avant la publication de la BdF.
La Commission européenne anticipe un recul de 10,6% et l'OCDE, qui prévoit jusqu'ici une baisse de 11,4%, doit dévoiler mercredi sa nouvelle prévision.
Pour l'an prochain, la Banque de France table aussi sur un rebond un peu plus important, avec une croissance de 7,4%, puis encore de 3% en 2022. Ces prévisions ne tiennent toutefois pas encore compte de l'ensemble du plan de relance annoncé début septembre, la banque centrale attendant les détails de toutes les mesures.
Le PIB français retrouverait ainsi son niveau d'avant-crise dès début 2022, soit un peu avant ce qu'elle anticipait jusqu'ici, c'est-à-dire mi-2022. Ce sera aussi un peu plus tôt que ce qui attend le PIB de la zone euro, souligne la banque centrale française.
Au plus fort du confinement, l'économie française tournait seulement au deux tiers et, en août et septembre, la perte d'activité devrait être ramenée à -5% par rapport à son niveau d'avant-crise, puis entre -3,5 et -4% à la fin de l'année, selon la Banque de France.
"Nous rentrons dans la phase où l'activité va continuer de progresser mais plus du tout au même rythme que celui qu'on a connu au cours des derniers mois", a noté Olivier Garnier.
Ainsi, le bâtiment a presque retrouvé une activité normale et si les situations sont très hétérogènes dans l'industrie et les services, même l'automobile, l'hébergement-restauration ou l'aéronautique ont vu leur activité fortement progresser cet été.
L'institution prévoit donc une progression du PIB de 16% au troisième trimestre, après la chute de 13,8% au deuxième.
Incertitude sanitaire
La moitié des chefs d'entreprise interrogés par la Banque de France dans son enquête mensuelle de conjoncture envisagent ainsi un retour à la normale dès cette année, et un quart d'ici à 2022. En revanche, signe de l'incertitude qui persiste, près d'un quart des dirigeants ne sont pas en mesure de dire quand ils retrouveront une activité normale.
La Banque de France précise d'ailleurs que ses prévisions restent sujettes à d'importants aléas du fait des incertitudes sur l'évolution de l'épidémie mais aussi de l'issue des négociations difficiles sur le Brexit. Autre inconnue, le rythme auquel les ménages vont dépenser l'épargne de précaution engrangée ces derniers mois, le dispositif de chômage partiel ayant préservé l'essentiel de leurs revenus.
Selon la BdF, le rebond de la consommation privée, observé dès l'été, devrait se poursuivre pour revenir fin 2020 à un niveau proche de celui de fin 2019. L'épargne accumulée en fin d'année devrait ainsi finalement être inférieure aux 100 milliards d'euros prévus par la banque centrale.
"L'élément essentiel sera la confiance des ménages", en lien avec l'évolution de la situation sanitaire, de la fiscalité et de leurs inquiétudes sur l'emploi, a estimé M. Garnier. Sur ce dernier point, la Banque de France a aussi revu à la baisse l'impact de la crise. Si le chômage va bien grimper cette année, avec "environ 800.000" suppressions d'emplois, et un taux de chômage qui pourrait atteindre 11,1% en 2021, "plus de 700.000 emplois" seraient recréés en 2021 et 2022.