Espaces verts : trouver 300 hectares
Fruit de deux années de négociations entre les composantes de la majorité de la maire Anne Hidalgo, ce texte de référence -3.000 pages- pour l'instruction des permis de construire et l'aménagement urbain doit dessiner une capitale "mieux adaptée au changement climatique" à l'horizon 2035-2040.
Avec l'adoption du plan, qui n'interviendra dans sa version définitive que fin 2024 ou début 2025 à l'issue de l'enquête publique, "40% de l'espace public sera désimperméabilisé d'ici 2050" et 300 hectares d'espaces verts supplémentaires deviendront accessibles au public, assure l'exécutif de gauche.
Nouveau parc dans le nord-est parisien, parkings de résidences débitumés, espaces privés ouverts au public.... L'adjoint à l'urbanisme Emmanuel Grégoire, qui dit avoir "déjà identifié 110 hectares", entend "ouvrir tout ça dans les dix ans".
Mais l'écologiste Emile Meunier (EELV) a "quelques interrogations sur la capacité d'Emmanuel Grégoire et Anne Hidalgo à atteindre" ces 300 hectares de plus et demande "un compteur de m2 d'espaces verts sur le fronton de la mairie".
Rachida Dati (LR) a qualifié cet objectif d'"irréaliste" et de "démagogique".
L'exécutif promet aussi la protection des 100.000 arbres d'alignement de la capitale. De l'aveu d'Emmanuel Grégoire, "le PLU actuel ne protégeait pas les arbres".
Sur toutes les parcelles de plus de 150 m2, les projets immobiliers devront avoir une part croissante -jusqu'à 65%- réservée à la pleine terre.
Logement : transformer l'existant
Malgré cet effort, le futur PLU "ne sera pas un PLU anti-construction: il permettra de construire là où il y a de la place. Mais on mise plus sur la transformation", a résumé Emmanuel Grégoire.
La mairie ayant quasiment atteint son objectif de 25% de logements sociaux à l'horizon 2025, elle entend aller plus loin avec 40% de logement public - 30% de logement social et 10% dit "abordable" - dix ans plus tard.
Mais dans le même temps, "123.000 Parisiens ont fui Paris depuis 10 ans", a rappelé Rachida Dati.
Environ 1.000 nouvelles réserves - des parcelles "pastillées" pour devenir des logements sociaux - ont été identifiées, avec un budget pour les préemptions qui doit doubler, passant de 200 à 400 millions d'euros. La hausse de la taxe foncière décidée fin 2022 permet cet effort.
Et tout immeuble de bureaux de plus de 5.000 m2 construit ou rénové devra consacrer 10% de sa surface à la création de logements, une "mixité fonctionnelle" qui déplait à droite.
Des mesures "contre-productives", selon l'élue LR Valérie Montandon, qui vont "décourager les propriétaires à faire les rénovations thermiques".
Les communistes, par la voix de Jacques Baudrier, mettent en avant "un PLU historique pour les équipements publics" avec 180 parcelles réservées à la santé, au sport, à la culture ou à la petite enfance.
Plus ou moins de densité ?
Les Verts ont obtenu une limitation des futurs immeubles à 37 m de hauteur, la "hauteur historique de 1977" à laquelle les socialistes ont ensuite dérogé jusqu'à 180 m avec le tribunal des Batignolles, une tour Duo et la tour Triangle actuellement en construction, a rappelé Emile Meunier.
Pour l'écologiste, la gauche parisienne "a tourné la page sombre de l'urbanisme mené par Mme Hidalgo et M. Missika", le prédécesseur de M. Grégoire.
Si la liste des bâtiments protégés par la mairie doit s'allonger de plus de 800 adresses, les surélévations resteront possibles dans les rues les plus larges.
Rachida Dati a dénoncé les 1.500 surélévations permises par la gauche parisienne depuis l'adoption de l'actuel PLU en 2006, qui ont "contribué à la disparition des dents creuses et de notre patrimoine faubourien".
Les surélévations "doivent être délivrées avec infiniment de précaution", a demandé Béatrice Lecouturier (MoDem).
Avec ces mesures, l'exécutif pourra "densifier davantage", redoute Jean-Pierre Lecoq (LR), alors que les 3,8 millions de m2 construits depuis vingt ans ont "saturé et minéralisé la ville", déplore Pierre-Yves Bournazel (Horizons).