
La Première ministre a ouvert les travaux, qui doivent déboucher sur des annonces attendues en fin de journée, par une minute de silence en hommage à Dominique Bernard, l'enseignant tué dans une attaque au couteau vendredi à Arras (Pas-de-Calais).
"Nous n'accepterons pas que le terrorisme mette notre pays à l'arrêt", a déclaré la cheffe du gouvernement, qui se rendra avec le ministre de l'Education Gabriel Attal à Conflans-Saint-Honorine (Yvelines) pour participer vers 14H00 à la minute de silence au collège de Samuel Paty, professeur décapité le 16 octobre 2020 par un jeune radicalisé.
Autour d'Elisabeth Borne et de six ministres sont présentes sept organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Solidaires et Unsa) et six patronales (Medef, U2P, CPME, FNSEA, Fesac et Udes) pour cette grand-messe qui se déroule toute la journée au Conseil économique, social et environnemental (Cese) à Paris.
"Nous nous retrouvons aujourd'hui avec la volonté que le travail paye mieux et de relancer la promotion sociale", a souligné la Première ministre.
Mais "c'est la négociation qui amènera la révision des grilles de classifications" et "qui fera évoluer les salaires minimums des branches qui sont encore en dessous du Smic", a-t-elle précisé. Néanmoins, "bien sûr, l'Etat prendra toute sa part".
"Enfin !"
Plusieurs experts ont pointé la difficulté de faire évoluer les salariés au niveau du Smic, les augmenter se traduisant par des cotisations supplémentaires et moins de prestations sociales (allocations logement, primes d'activité).
Lors de cette conférence sociale, la Première ministre doit notamment annoncer la mise en place d'un "Haut Conseil des rémunérations" au sein duquel siègeraient les partenaires sociaux, les administrations de statistiques (Insee, Dares, Drees) voire des experts, selon Matignon.
Autre sujet attendu par l'ensemble des syndicats et sur lequel la Première ministre pourrait avancer : la "conditionnalité des aides publiques aux entreprises", soit le maintien des exonérations de cotisations à condition que la branche n'ait pas de minima en-dessous du Smic.
La conférence sociale se tient trois jours après une manifestation en demi-teinte pour défendre le pouvoir d'achat, qui a rassemblé entre 92.500 et quelque 200.000 personnes en France, selon les sources policières ou syndicale.
"Alors que l'inflation rend les fins de mois plus difficiles pour beaucoup, le pouvoir d'achat (...) est la préoccupation numéro un des Français", a martelé la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, première leader à prendre la parole.
"Enfin ! Enfin, on parle de salaires dans un cadre tripartite", a aussi salué son homologue de la CGT Sophie Binet, mettant en avant le "besoin que cette journée soit productive".
"Pas l'aumône"
Elle a appelé une nouvelle fois le gouvernement à mettre en plus une "indexation des salaires sur les prix".
"Pour les travailleurs, on ne fait pas l'aumône, et c'est avec le salaire que nous remplissons le frigo", a aussi lancé Frédéric Souillot (FO).
"Nous pouvons dès ce soir donner (aux salariés) un signe d'espoir", a appelé de ses voeux Cyril Chabanier (CFTC).
Ombre au tableau, la conférence se tient sur fond de profond désaccord entre les partenaires sociaux et le gouvernement sur les régimes des retraites complémentaires du privé (Agirc-Arrco) et de l'assurance-chômage (Unedic).
L'Etat veut les ponctionner pour combler le déficit du régime général des retraites ou abonder France Travail, le nouveau service public de l'emploi.
"Il n'a jamais été question de les ponctionner", se défend Mme Borne, souhaitant toutefois "sanctuariser" les économies réalisées dans les régimes complémentaires grâce à la réforme des retraites.
Sophie Binet a pressé la Première ministre de dire si elle "s'engage ou non (...) à respecter l'accord", en prévenant qu'il n'était "pas question" d'y revenir "au détour d'un amendement voté à 3H00 du matin".