Réduire les tensions dans les recrutements
Jean Castex a évoqué, en présentant ce plan depuis un centre de formation à Châtellerault (Vienne), le "problème extrêmement sérieux" des tensions sur le marché du travail.
A ses côtés, Élisabeth Borne a pointé "la situation paradoxale" consistant à avoir des entreprises "qui ne parviennent pas à recruter" et "des chômeurs qui ne parviennent pas à retrouver un emploi".
Le gouvernement table notamment sur la réforme de l'assurance chômage pour "encourager le travail, le retour à l'emploi et ce, sur des contrats moins précaires", a souligné M. Castex, le nouveau mode de calcul des allocations entrant en vigueur au 1er octobre.
L'exécutif mise aussi sur un renforcement de l'"attractivité des métiers" qui passe par des négociations de branche, pour certaines déjà engagées.
La troisième réponse, le "coeur des mesures nouvelles" présentées lundi, selon M. Castex, est "l'investissement dans les compétences" qui vise à former salariés et demandeurs d'emploi, notamment de longue durée.
Le gouvernement entend mobiliser 1,4 milliard d'euros supplémentaires sur 2021 et 2022, dont 900 millions dès cette année pour la formation professionnelle, avec l'objectif de former 1,4 million de demandeurs d'emploi en 2022. Pour cette année, le plan est financé par redéploiement, notamment via des crédits d'urgence budgétés pour la crise sanitaire.
Pour les salariés
L'État va débloquer 600 millions d'euros pour "booster" la formation des salariés par les PME. Il s'agit de permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350.000 personnes supplémentaires (300.000 formations "courtes" de 40 heures en moyenne et 50.000 formations longues de 400 heures en moyenne).
Le gouvernement entend aussi favoriser les reconversions professionnelles grâce au dispositif des "transitions collectives", pour que des salariés dont l'emploi est menacé se tournent vers des métiers qui recrutent.
Ce dispositif, lancé début 2021, et qui "a tardé à décoller" selon le Premier ministre, doit être plus accessible aux PME. Il pourra aussi être utilisé dans le cadre d'une rupture conventionnelle collective (RCC).
Pour les demandeurs d'emploi
Dans le cadre du Plan d'investissement dans les compétences (PIC), lancé au début du quinquennat, 560 millions d'euros supplémentaires seront fléchés pour former 1,4 million de demandeurs d'emploi en 2022.
Selon le gouvernement, actuellement "dplus d'1 million de personnes en recherche d'emploi sont formées chaque année, contre 600.000 avant le +PIC+".
Le gouvernement entend encore "muscler" ces formations. L'idée est de permettre de financer de nouvelles actions "ciblées vers les métiers en tension, largement basées sur la formation en entreprise, en situation de travail, qui présente les taux de retour à l'emploi les plus importants (jusqu'à 85 %)".
Volet spécifique demandeurs d'emploi longue durée
Pour accompagner plus spécifiquement les demandeurs d'emploi de longue durée (plus d'un inscrit sur deux à Pôle emploi), le gouvernement table sur des actions de "remobilisation" et une aide à l'embauche.
Ainsi, 240 millions d'euros seront consacrés à étendre les aides à l'embauche de 8.000 euros dans le cadre des contrats de professionnalisation, pendant toute l'année 2022. Mme Borne a affirmé que l'"objectif est d'augmenter d'un tiers le nombre de ces contrats signés avec des demandeurs d'emploi de longue durée".
Pôle emploi s'est également engagé à recontacter tous les demandeurs d'emploi de longue durée d'ici fin 2021 et les orienter vers les nouvelles mesures du plan.
Pour les demandeurs d'emploi de très longue durée (inscrits depuis plus de deux ans), l'opérateur proposera en outre un "parcours de remobilisation" plus intensif. Testé dans 12 agences jusqu'en décembre, ce parcours sera ensuite généralisé de façon progressive. L'ensemble des demandeurs d'emploi de très longue durée se verront proposer ces parcours d'ici fin 2022. Pour cela, un millier d'agents recrutés à l'automne 2020 en prévision d'une explosion du chômage qui n'a pas eu lieu seront redéployés.
Lors d'un déplacement dans une agence Pôle emploi à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Elisabeth Borne a enfin annoncé le déblocage de 70 millions d'euros pour une nouvelle prestation d'accompagnement social et psychologique pour lever "les freins", comme la santé, qui peuvent bloquer le retour à l'emploi. Le budget d'innovation de Pôle emploi sera renforcé de 20 millions d'euros pour soutenir les meilleures initiatives locales en agence pour remobiliser ces chômeurs.