L'institut national de la statistique table, comme la Banque de France, sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 6,7% en 2021, après la chute de 8% l'année précédente.
Le gouvernement n'a pas formellement révisé sa prévision de 6,25%, mais le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a reconnu que ce chiffre serait dépassé.
Si ces prévisions se confirment, la France aura été un des pays les plus performants de la zone euro en 2021, la croissance ayant par exemple plafonné en Allemagne à 2,7% (-4,9% en 2020), frappée de plein fouet par les pénuries de matières premières et de composants pour l'industrie.
Fini les montagnes russes de 2020, où les confinements avaient mis à l'arrêt ou nettement freiné l'activité: 2021 a été l'année de la reprise, d'abord lente en début d'année puis nettement plus franche à partir du printemps, malgré les troisième et quatrième vagues de l'épidémie de Covid-19.
"Ce qui a joué favorablement sur l'économie française, c'est que toute la politique économique s'est concentrée sur la réduction de tous les risques pour les entreprises et les ménages", analyse Philippe Waechter, chef économiste de Ostrum Asset Management.
Ainsi, l'État a encore dépensé l'an dernier un peu plus de 60 milliards d'euros pour soutenir l'économie et éviter les faillites et la hausse du chômage, au prix d'un déficit public qui devrait avoisiner les 7%.
L'emploi a aussi connu une année faste, avec un taux d'emploi (nombre de Français ayant un travail) à un niveau jamais vu depuis 1975, selon les chiffres publiés en novembre par l'Insee. Le taux de chômage était de 8,1% à fin septembre.
"On a l'impression que les chefs d'entreprise sont prêts à embaucher quoi qu'il arrive et ne donnent pas le sentiment d'inquiétude qu'on a généralement en sortie de récession ou de crise", analyse Philippe Waechter.
L'investissement des entreprises et des ménages, en particulier dans l'immobilier grâce au surplus d'épargne engrangé depuis 2020, ont aussi dépassé leur niveau d'avant-crise.
La consommation des ménages est plus lente à se rétablir et l'Insee dira vendredi si elle a retrouvé au dernier trimestre son niveau d'avant la pandémie.
Le danger de l'inflation
L'économie française entame ainsi 2022 dans un contexte favorable et l’enchaînement des variants Delta et Omicron du Covid-19 ne devrait "pas peser tant que cela", sauf dans "deux ou trois secteurs", à savoir l'hôtellerie-restauration, les activités de loisirs et les transports, victimes des restrictions, juge Stéphane Colliac, économiste à BNP Paribas.
L'Insee prévoit une croissance de 0,4% au premier trimestre, puis 0,5% au deuxième. Le gouvernement table lui sur une hausse du PIB de 4% sur l'ensemble de l'année, contre 3,6% pour la Banque de France.
Une des grandes inquiétudes sera l'impact de l'inflation, avec la hausse des prix du pétrole, de l'électricité et des prix alimentaires. Elle a atteint 2,8% sur un an en décembre.
Cela pourrait pénaliser le pouvoir d'achat des ménages malgré la "dynamique des revenus" due aux créations d'emploi, et peser sur la consommation, principale composante de la croissance française, prévient M. Colliac.
A l'approche de l'élection présidentielle, l'exécutif tente d'éteindre les premiers feux, avec plusieurs dispositifs comme un nouveau chèque énergie, une indemnité inflation en cours de versement à 38 millions de personnes, le plafonnement des prix du gaz et de l'électricité et une meilleure indemnité kilométrique.
Mais compte tenu de la situation des finances publiques, cela ne pourra pas durer, estime Philippe Waechter.
"Pour l'instant on est passé entre les gouttes et on a maintenu le pouvoir d'achat. Si à partir de mai la question de la crise sanitaire s'estompe, c'est là que les choses vont être compliquées" pour le futur gouvernement, qui devra aussi "donner des gages" à nos voisins européens, ajoute-t-il.