Si rien ne s’impose aujourd’hui aux bâtiments existants, 500.000 d’entre eux * devraient néanmoins être amenés à évoluer chaque année, dans l’hypothèse d’une massification de la rénovation conforme à la stratégie nationale. Par ailleurs, le cadre de la trajectoire nationale bas-carbone fixe à 3% la part de parc tertiaire à rénover par an ** et le décret tertiaire fixe l’objectif de -40 % de réduction des consommations énergétiques à atteindre dès 2030 pour les bâtiments soumis à son obligation***.
Or contribuer efficacement à des bâtiments toujours plus performants implique de nouvelles manières de penser l’Analyse du Cycle de Vie du bâtiment dans sa globalité, l’enjeu environnemental de la rénovation ne pouvant se réduire au volet énergétique.
C’est pourquoi l’Alliance HQE-GBC France, dans la logique d’innovation collaborative qui lui est chère, pilote depuis 2 ans le programme de recherche NZC Rénovation (Net Zéro Carbone Rénovation ), financé par la Fondation REDEVCO, et organisé en collaboration étroite avec AIA ENVIRONNEMENT. Ce programme vise à identifier une méthode cohérente pour augmenter la performance des bâtiments existants sur l’ensemble du cycle de vie.
A l’issue d’une phase de tests menés sur 7 familles de projets représentatives, le programme de recherche NZC Rénovation livre aujourd’hui des clés de lecture et des enseignements : il apporte une définition du concept de neutralité carbone dans un projet de rénovation, montre précisément que le concept peut être illustré par un indicateur de temps de retour carbone et met en évidence les leviers bas-carbone, efficaces et concrets, pour la réduction des émissions de carbone sur le marché français de la rénovation.
Pour Marjolaine Meynier-Millefert, Présidente de l’Alliance HQE-GBC France : « La route vers la massification de la rénovation est enfin pavée ! Le projet de recherche NZC Rénovation s’inscrit logiquement dans l’évolution du secteur du bâtiment. Dans un monde où l’on vise les 2 degrés, recourir à ces informations est vital pour la prise de décisions et pour se faire, l’acculturation massive des acteurs de la construction à ce type de modélisation est indispensable. »
*et **Scénario SNBC révisé (neutralité carbone), mars 2020
*** Décret tertiaire, Arrêté du 10 avril 2020
La notion de temps de retour carbone : un indicateur pertinent pour mesurer les ACV.
Dans la durée de vie du bâtiment, la notion de temps de retour carbone est le point d’équilibre carbone à surveiller : le palier à partir du duquel les émissions de GES évitées apparaissent, soit le moment où les bénéfices de la rénovation compensent l’investissement initial en matière de carbone.
A l’échelle du temps, plus ce point apparaît tôt, mieux c’est ! C’est ce qu’on appelle le temps de retour carbone et il doit être le plus faible possible. Selon les cas étudiés, si aucune attention n’est portée à cet indicateur, le temps de retour carbone peut excéder les 50 ans pour un bâtiment rénové selon la réglementation actuelle !
Les leviers bas-carbone identifiés pour la rénovation :
Pour que l’indicateur carbone en rénovation soit le plus faible possible, le projet NZC a permis d’identifier 5 leviers à la lumière des enseignements mesurés lors des expérimentations :
- La tacticité, ou comment rechercher un juste équilibre entre préservation de l’existant et gain de performance sur le long terme? Et maximiser durablement la valeur d’usage tout en minimisant le recours à des matériaux inutiles.
- La circularité, ou comment s’appuyer sur l’économie circulaire : une façon d’inscrire le projet dans une stratégie ambitieuse d’économie circulaire en maximisant la partie réemployée des matériaux et en privilégiant le réemploi in situ ou à proximité.
- La matérialité, ou l’étude du poids carbone des matériaux et équipements : la mixité constructive : intégrer le bon matériau au bon endroit en s’appuyant sur les singularités du bâti existant et de son contexte.
- La technicité, ou la nécessité de s’attarder sur les interactions que le bâtiment peut avoir avec son environnement : afin de choisir la bonne technologie avec discernement, en évitant les dispositifs complexes ou surajoutés.
- L’externalité, c’est-à-dire s’interroger sur les externalités positives que peut avoir la rénovation. Par exemple, comment contribuer à réduire les déplacements quotidiens et plus largement inciter à de nouveaux modes de vie bas-carbone à l’échelle du quartier ?
Le projet de recherche NZC Rénovation livre donc des enseignements précieux sur le poids carbone de la rénovation. Il ouvre également des perspectives pour donner suite aux optimisations NZC réalisées sur les 7 familles de projets.
En s’appuyant demain sur le réseau du World GBC qui permettra une communication plus large du projet, et soutenu financièrement par la Fondation REDEVCO, l’Alliance HQE-GBC France est désormais sur le point de diffuser ses travaux à l’International en mettant à disposition en anglais la méthodologie et les études de cas réalisés : une valorisation du savoir-français au-delà de nos frontières !