Néanmoins, le rebond est sensible puisqu'à fin mai, les livraisons de BPE des trois derniers mois progressaient de 7% par rapport aux trois mois précédents tandis que celles des granulats grimpaient de +4,4%. Si les mois d'avril et de mai n'ont pas complètement permis de combler le freinage du début d'année, ils donnent cependant un signal encourageant pour les mois à venir. La demande de matériaux reste plutôt bien orientée du côté du bâtiment, la dynamique constructive restant haussière, notamment dans le segment du non-résidentiel. Quant aux travaux publics et routiers, le niveau actuel des carnets de commandes invite à rester optimiste.
Le mois de mai confirme le rebond d'avril
Le repli du premier trimestre a cédé la place à un raffermissement de l'activité des matériaux ces deux derniers mois. En mai, les livraisons de granulats ont rebondi de +6,6% par rapport à celles d'avril et de +12,4% par rapport à celles de mai 2017 (données cvs-cjo). Sur les trois derniers mois connus, elles enregistrent ainsi une progression de 4,4% par rapport aux trois mois précédents et de 5,4% au regard de la même période d'il y a un an.
De janvier à mai, la production de granulats s'inscrit ainsi en hausse de +3,6% sur un an tandis qu'en cumul sur douze mois, l'augmentation revient à 2,8%. Du côté du BPE, le profil conjoncturel est très proche même si le rebond apparaît moins marqué. En effet, les ventes se sont stabilisées à leur niveau d'avril (+0,1%) mais ont également nettement augmenté par rapport à celles de mai 2017 (+7,7%). Sur les trois derniers mois allant de mars à mai, les livraisons ont grimpé de +7% par rapport aux trois mois précédents et de +5,4% sur un an. En cumul, sur les cinq premiers mois, la production de BPE affiche une hausse de 3,2% sur un an laissant le cumul sur douze mois à +5,5%.
Notre indicateur, qui regroupe un ensemble de matériaux, suit lui aussi une évolution comparable avec un léger repli au premier trimestre (-0 ,8% sur un an) après une fin d'année très dynamique (+6,8% au quatrième trimestre). L'amélioration du printemps permet de redresser la tendance et les résultats provisoires sur les cinq premiers mois de 2018 font apparaître une hausse de +2% sur un an.
Bâtiment : le moral tient bon
En dépit d'une activité constructive moins bien orientée en avril dans le segment du logement, le moral des chefs d'entreprises du bâtiment se maintient à haut niveau. En effet, selon la dernière enquête menée en juin par l'INSEE auprès des industriels du secteur, le climat des affaires se stabilise bien au-dessus de sa moyenne de longue période. Leur opinion sur l'activité passée et à venir reste favorable et se maintient elle aussi au-dessus de sa tendance moyenne de long terme. Par ailleurs, on compte en juin nettement plus d'entrepreneurs qu'en mai qui estiment que leurs carnets de commandes sont bien garnis. Compte tenu de leurs effectifs (qui se sont étoffés), ces carnets leur assurent 7,4 mois de travail, dont plus de 8 mois dans le gros oeuvre, soit un plus haut historique. Les perspectives d'activité demeurent bien orientées dans le segment de l'entretien-amélioration, du non résidentiel mais aussi dans celui du logement, et ce malgré des mises en chantier en léger repli sur les derniers mois.
En effet, de février à fin avril, le nombre de logements commencés a baissé de -7,8% par rapport aux trois mois précédents (dont -11,4% dans le seul segment du collectif, données cvs-cjo) et de -6% par rapport à la même période d'il y a un an. S'il est vrai que le cycle constructif arrive sans doute à maturité, ce repli est peut-être aussi pour partie imputable aux conditions climatiques du premier trimestre. Sur les douze derniers mois, on compte cependant près de 423 000 mises en chantier, soit une hausse de +7,1% sur un an. Du côté des permis, la dynamique tend elle aussi à ralentir, la progression des trois derniers mois revenant à +1,6% par rapport aux trois mois précédents (données cvs-cjo) et -1,9% par rapport à l'an passé. Sur douze mois, la tendance perd aussi de sa vigueur avec +3,2% sur un an (à 495 100 permis). En revanche, du côté des locaux d'activité, la tendance haussière ne se dément pas. Sur les trois mois de février à avril, les surfaces commencées ont progressé de +1,9% sur un an laissant le cumul sur douze mois sur une hausse annuelle de +7,4%. Les locaux du tertiaire (bureaux, commerces, hébergement hôtelier et artisanat), qui représentent le tiers du total des permis et mises en chantier, augmentent pour leur part de +15%, tout comme les locaux publics et collectifs (18% du total des mises en chantier).
Quant aux autorisations de surfaces, elles restent également dynamiques avec une hausse sur un an de +4,2% pour le trimestre février-avril et de +10,5% en cumul sur les douze derniers mois.
TP : début d'année encourageant
La dernière enquête menée par la FNTP auprès des professionnels du secteur, indique que le montant des facturations, en valeur, a continué d'augmenter en avril de +7,9% par rapport à avril 2017, laissant le cumul sur les quatre premiers mois de l'année sur une hausse annuelle de +9% (données cvs-cjo). Certes, les prises de commandes tendent à se replier (-27,1% entre avril 2018 et 2017 et -0,4% en cumul depuis le début d'année) mais ce recul s'explique par un effet de base défavorable en 2017 lié à l'attribution des projets du Grand Paris. Hormis cet effet, les marchés conclus demeurent bien orientés dans la majorité des secteurs selon la FNTP. Dans celui des routes, les carnets ont quant à eux affiché un net rebond en mars-avril, la hausse sur les quatre premiers mois de l'année atteignant près de +12% sur un an.
Perspectives 2018 : statu quo
Dans un contexte où la majorité des indicateurs confirme leur bonne orientation, que ce soit dans le secteur du bâtiment comme dans celui des travaux publics, les prévisions d'activité pour les matériaux sont maintenues à leur niveau de mars, à savoir +3,5% pour les granulats et +4% pour le BPE en 2018. Si les intempéries du début d'année ont quelque peu perturbé l'activité, le retard a déjà commencé à se combler au cours du printemps et une accélération n'est pas à exclure dès le début de cet été et pendant le second semestre.