Le groupe international d’audit et de conseil a analysé l’activité de l’ensemble des groupes européens, pure players ou acteurs diversifiés autour des métiers de la construction, dont le chiffre d’affaires consolidé est supérieur à 5 Md€, soit 17 groupes.
- 2017 marque une année de nette reprise de l’activité des majors européens de la construction (+6,9%), et notamment pour les groupes français (+8,7%)
- En augmentation de 2,7%, les carnets de commandes affichent des niveaux records
- L’immobilier (+8,8%), le BTP (+8,6%) ainsi que les concessions et infrastructures (+7,6%) sont les secteurs qui connaissant la plus forte évolution de leur activité
- Un premier semestre 2018 prometteur : une croissance moyenne de l’activité des majors de 3%, en ligne avec les prévisions de croissance de l’activité de la construction en Europe pour 2018 à 2,9%
- Des prévisions encore plus optimistes pour les groupes français, portés par une forte croissance du carnet de commandes (+6,7%)
« Dans un contexte de reprise économique, la bonne santé de l’activité de la construction s’explique par le redémarrage de la commande publique sur les marchés matures en Europe ou aux Etats-Unis et par la bonne conjoncture globale, permettant une croissance organique des principaux majors. En outre, la politique de croissance externe, qui s’accroît depuis 2 ans, porte ses fruits avec la finalisation d’acquisitions significatives. Les majors peuvent ainsi capter de nouveaux contrats et renforcer leur offre dans un secteur à forte demande. » estime Olivier Thireau, Associé responsable Immobilier & BTP Mazars France.
Une nette accélération de la croissance pour les majors en 2017
L’année 2017 est un très bon cru pour l’ensemble du secteur de la construction en Europe. La croissance de l’activité est de 3,5%, principalement portée par le secteur du logement résidentiel neuf (+8,6%) et par le non résidentiel privé et le génie civil (+2,8% chacun). Pour la première fois, depuis de nombreuses années, cette croissance est supérieure à celle du PIB de l’Union européenne (2,4%). La FIEC (Fédération de l’Industrie Européenne de la Construction) explique cette évolution positive par l’amélioration du marché du travail avec un taux de chômage européen à son plus bas niveau depuis 2009. En outre, la confiance élevée chez les consommateurs et les entreprises a entraîné une hausse de la demande domestique, encouragée par des conditions de financement attrayantes et par la relance des investissements publics en Europe.
À l’image du secteur de la construction, la croissance moyenne des majors européens s’est nettement accélérée sur 2017 avec une augmentation de l’activité à +6,9%, après une baisse de -0,9% en 2016. Les groupes français (+8,7%) se démarquent encore davantage de leurs concurrents européens, portés par une reprise des investissements.
Cette hausse d'activité vient renforcer les éléments positifs observés fin 2016 : démarrage de plusieurs projets majeurs et reprise des acquisitions, mais également un niveau élevé du carnet de commandes. En effet après une hausse d’environ 6% constatée fin 2016, les carnets de commandes continuent de progresser à hauteur de 2,7% à fin 2017, confirmant ainsi la reprise des activités liées à la construction notamment pour les groupes français (+6,7%) et suédois. Cette évolution positive des carnets de commandes augure des perspectives favorables pour l’exercice 2018.
La reprise d’activité ne s’est pas faite au détriment du taux de marge qui est resté stable. En effet, en 2017 et après deux années de légère hausse (0,2 point en 2016 et 0,3 point en 2015), les majors européens voient leur taux de marge opérationnelle se maintenir à 7,2% en moyenne. Ils ont ainsi su se préparer à la reprise du secteur grâce à une politique de sélectivité et de baisse des coûts opérationnels amorcée au cours des périodes d’activité atone.
La marge opérationnelle des majors français du BTP augmente légèrement (+0,1%). En France, où la part de leur activité s’élève à environ 60%, ils subissent cependant les effets de la reprise de la demande du marché, avec une tension sur les effectifs, ainsi qu’un effet ciseau entre les marchés signés les années précédentes et des hausses de coûts des sous-traitants. L’un des enjeux en 2018 consistera à augmenter le niveau de prix des nouvelles affaires afin de compenser les hausses de coûts anticipées et de pouvoir envisager une amélioration des marges opérationnelles à l’avenir.
Le développement international : un enjeu déterminant pour la croissance des majors en 2018
Comme amorcé depuis plusieurs années, le développement de l’activité des majors européens à l’international se poursuit en 2017 grâce au renforcement de leur présence sur des marchés stratégiques et aux gains de nouveaux contrats d’envergure. La part de l’activité au sein de l’Union européenne est relativement stable (-0,1 point à 27%) tandis que celle des marchés domestiques affiche un léger recul (-0,9 point à 47,6%). La part de l’international hors Europe progresse de manière constante (+1 point à 25,4%), notamment aux États-Unis où les besoins de renouvellement en infrastructures sont importants.
Depuis plusieurs années, certains majors ont contré la décroissance de l’activité sur leur marché domestique en menant une politique de croissance externe. Les cibles se situent principalement en Europe, en Amérique du Nord ainsi qu’en Australie. L’impact de ces opérations se poursuivra en 2018 et permettra de sécuriser une partie de la croissance d’activité des majors européens et d’augmenter encore la proportion du chiffre d’affaires à l’international. Les publications à fin juin 2018 confirment d’ores et déjà cette tendance avec une croissance moyenne de l’activité des majors de 3%, en ligne avec les prévisions de croissance de l’activité de la construction en Europe pour 2018 à 2,9%.
« Le dynamisme du marché européen de la construction se confirme, les signaux pour les prochains mois sont encourageants à l’instar des grands projets nationaux : Grand Paris, Great Dublin Area, plan de modernisation routier et autoroutier, ainsi que des projets de grande ampleur au Royaume-Uni tel que l’autoroute entre Londres et le Nord de l’Angleterre. Néanmoins, la prudence reste de mise puisque l’accélération de la croissance ne s’est pas accompagnée en 2017 d’une hausse de la rentabilité opérationnelle. L’activité 2018 pourrait être impactée par certains facteurs de risque tels que les incertitudes sur la mise en œuvre du Brexit, la suppression progressive des mesures de relance ou la mise en place de mesures protectionnistes dans certains pays. » conclut Olivier Thireau, Associé responsable Immobilier & BTP Mazars France.
L’étude Mazars « Le secteur de la construction en Europe » est disponible ici.
Méthodologie
L’étude est fondée sur les documents de référence et les autres communications des groupes du Panel. Certaines informations sectorielles reposent sur les données publiées par la FIEC (Fédération de l’Industrie Européenne de la Construction), Xerfi et Bloomberg. Le Panel 2018 intègre l’ensemble des groupes européens, pure players ou acteurs diversifiés autour des métiers de la construction, dont le chiffre d’affaires consolidé est supérieur à 5 Md€, soit 17 groupes.