Le produit intérieur brut (PIB) devrait croître d'environ 1% au premier trimestre, après sa chute historique de 8,2% en 2020, selon une prévision de l'Insee publiées jeudi, révisant ainsi un peu à la baisse sa précédente prévision de 1,5%.
Puis la croissance pourrait atteindre encore 1% au deuxième trimestre, dans l'hypothèse d'une amélioration de la situation sanitaire à partir de la mi-avril, avec la diffusion de la vaccination et la levée de certaines restrictions.
La semaine dernière, la Banque de France avait aussi indiqué s'attendre à une "légère hausse" du PIB au premier trimestre, même si l'activité resterait encore inférieure à son niveau d'avant-crise.
Selon l'Insee, au premier trimestre, le PIB sera 4% inférieur à son niveau de fin 2019, et l'écart sera encore de 3% au deuxième trimestre.
A mi-année, l'acquis de croissance, c'est-à-dire l'augmentation du PIB qui serait enregistrée en 2021 si la croissance était nulle sur la deuxième moitié de l'année, serait d'environ 5,5%, souligne l'Insee.
Une évaluation qui donne des raisons d'espérer au gouvernement, qui table sur une croissance de 6% en 2021, contre 5% pour la Banque de France et 5,9% pour l'OCDE. L'Insee n'a pas encore donné de prévision pour l'ensemble de l'année.
"Les chiffres qui viennent de tomber montrent que l'économie française retrouve des couleurs", s'est réjoui le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur Radio Notre-Dame.
"Le premier trimestre se caractérise un peu comme un entre-deux ou comme une ligne de crête", sanitaire et économique, "avec tout à la fois des signes de lassitude, mais aussi des signes de résistance", a souligné Julien Pouget, chef du département conjoncture de l'Insee, lors d'une visioconférence de presse.
Parmi les signes de résistance, figure notamment l'adaptation de la consommation aux contraintes sanitaires, grâce à la préservation des revenus des ménages. Elle devrait progresser de 1% au premier trimestre.
Par ailleurs, la production industrielle est nettement repartie en début d'année et l'investissement a mieux résisté qu'attendu.
Enfin, l'environnement international s'annonce plus favorable, avec la reprise qui se dessine au niveau mondial ou encore le massif plan de relance américain.
Emploi en baisse
A l'inverse, plusieurs facteurs montrent que la partie n'est pas gagnée.
D'abord, les perspectives d'emploi sont plutôt défavorables au premier trimestre, en particulier dans les services.
L'Insee anticipe une baisse de 91.000 emplois au premier trimestre (dont 77.000 emplois salariés), notamment dans l'hébergement-restauration et les services aux ménages.
"Ces chiffres de destructions d'emplois dans les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme montrent qu'il est indispensable de conserver un soutien fort pour ces secteurs", a réagi Bruno Le Maire.
Car à mesure que le temps passe, les entreprises devraient progressivement "renoncer à retenir de la main d'oeuvre dans leurs effectifs, en abaissant notamment l'ampleur de leur recours au chômage partiel", explique l'institut.
Il table aussi sur une progression du taux de chômage à 8,5%, après 8% fin 2020, du fait du retour sur le marché du travail de personnes sans emploi et qui avaient cessé d'en chercher.
Ces tendances illustrent "les deux économies" qui cohabitent actuellement en France, selon les mots du ministre de l'Economie.
D'un côté l'industrie, dont une partie est revenue à son niveau d'avant-crise, et qui pourra bénéficier du plan de relance, et de l'autre les services, ces derniers ayant vu leur situation se dégrader.
Ce déséquilibre devrait se poursuivre au deuxième trimestre, avec une poursuite de la reprise dans la quasi totalité de l'industrie, un redressement dans les services aux ménages et les transports, quand l'hébergement-restauration ne comblerait que "la moitié de l'écart le séparant de son niveau d'activité d'octobre" 2020, selon l'Insee.
Pour ces secteurs toujours touchés par la crise, le gouvernement a assuré que les mesures de soutien seraient prolongées autant que nécessaire.