Ce changement structurel des modes de vie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires, qui reste le secteur le plus énergivore, est essentiel pour que tout un chacun puisse obtenir des économies d’énergie dans la durée et développer les sources de flexibilité.
Changer les habitudes
Cette étude montre le nécessaire passage d’une baisse conjoncturelle des consommations marquée par la crise de l’énergie, à une baisse structurelle et pérenne, grâce à la mise en œuvre des écogestes techniques.
L’hiver dernier, la hausse des factures d’énergie ainsi que les tensions sur les systèmes énergétiques ont rendu nécessaire, de la part de l’ensemble des acteurs (territoires, entreprises, particuliers, bailleurs…), des efforts et une quête de solutions pour réduire les consommations énergétiques. Chez soi ou au travail, chacun a été sensibilisé sur le besoin de réduction et report de ses consommations d’électricité, à travers la campagne de sensibilisation du gouvernement « Je baisse, j’éteins, je décale » ainsi que la mobilisation autour d’EcoWatt.
Cette expérience grandeur nature a déjà permis d’obtenir selon Rte 9% d’économies d’énergie en un temps record ! Elle a également révélé une prise de conscience collective du levier que représente la sobriété pour consommer moins et différemment via une demande croissante de l’auto-consommation (en lien avec le développement du photovoltaïque et la recharge de véhicules électriques), ainsi que le retour de la gestion de la puissance dans les bâtiments pour répondre aux signaux tarifaires et de flexibilité.
Un gisement d’économies d’énergie entre 15 et 30 % grâce à une « chasse au gaspi » dans les bâtiments
Il est essentiel que les gestes de sobriété dans les bâtiments s’ancrent dans les habitudes en hiver comme en été, y compris pour éviter les effets rebonds. Baisser le chauffage lorsqu’un logement ou un espace de bureau est vide doit devenir automatique, comme celui d’éteindre la lumière.
Cette chasse à la réduction de nos consommations a été motivée par un impératif de sobriété sur un temps court. Pour s’inscrire dans la durée, il est nécessaire de passer de l’écogeste manuel à l’écogeste technique, afin d’avoir les moyens d’agir sans y penser ou en un clic sur smartphone ; par exemple en affinant les régulations, en adaptant les « réduits de nuit », en s’appuyant sur l’inertie des bâtiments, en instrumentant les bâtiments (thermostats connectés, détecteurs de présence ou de luminosité, régulation par pièces…).
Cela rendra cette optimisation énergétique dans les bâtiments d’autant plus tolérée par les Français/occupants, qu’elle se fera sans perte de confort ni sentiment de déclassement. Et pour atteindre au quotidien les performances, en consommant moins et au bon moment, cette recherche d’économie doit aussi s’accompagner de moyens humain et organisationnel.
Avec une massification des écogestes techniques grâce aux solutions de pilotage installées et maintenues par des professionnels, un gisement de 15 et 30 % d’économies peut être atteint de façon pérenne selon la filière. Le gisement d’économie mobilisable est donc très important dans un secteur qui représente 45 % des consommations énergétiques totales du pays. Les économies faites cet hiver n’en sont donc que les prémices.
Une filière engagée pour équiper 100 % du parc résidentiel et tertiaire à horizon 2030
La filière électrique a constaté une dynamique beaucoup plus forte du marché des solutions de pilotage, que ce soit pour le bâtiment résidentiel (+ 15 % des ventes de solutions de pilotage du chauffage selon IGNES) ou pour le bâtiment tertiaire (+ 22 % selon le GIMELEC). On note également qu’1 thermostat vendu sur 2 au 4e trimestre 2022 était connecté, contre moins de 1 sur 3 au 1er trimestre 2022.
Néanmoins, avec un niveau d’équipement en solutions de pilotage de 12 % pour le résidentiel et de 6 % pour le tertiaire de + 1000m², le défi reste immense !
Outre un fort relais par les entreprises de la filière de la campagne incitant à la sobriété auprès de leurs salariés, de leurs clients et du grand public, la filière s’est pleinement mobilisée en recrutant, en formant massivement et en investissant pour répondre aux enjeux d’installer des solutions de pilotage dans 100 % des bâtiments résidentiels et tertiaires à horizon 2030. Un objectif qui ne pourra être atteint sans un plan d’action et d’investissement ambitieux.
5 recommandations de la filière pour massifier et ancrer la sobriété comme levier à l’atteinte des objectifs de décarbonation
- Améliorer le taux d’équipement des bâtiments en solution de pilotage et systématiser le recours à des professionnels pour une optimisation des performances (généraliser la mise en place de plans de sobriété, intégrer systématiquement un « lot pilotage/smart du bâtiment", favoriser le recours au commissionnement…)
- Intégrer la sobriété dans les aides financières (CEE, programme OSCAR, MaPrimeRénov’…)
- Sensibiliser aux écogestes techniques pour ancrer la sobriété d’hiver et d’été dans les pratiques (campagne de communication, guides de bonnes pratiques…)
- Introduire la sobriété d’été et d’hiver dans le DPE pour matérialiser l’existence des solutions capables d’agir pour consommer moins et mieux
- Encourager à ce que les bâtiments deviennent une réserve de flexibilité pour le système énergétique (incitation économique, culture de la puissance, stockage…).