Les matériaux biosourcés : une industrie en forte croissance
Encouragé par la décarbonation du bâtiment, l’usage des matériaux biosourcés, notamment des isolants et des bétons, se fait de moins en moins rare sur les chantiers de construction. Alors qu’elle représentait à peine 6% de parts de marché en 2016, les isolants biosourcés représentent désormais 11% de parts de marché en 2021. En combles perdus, ils atteignent 20% de parts de marché, notamment grâce à la ouate de cellulose. Une croissance exponentielle de + 138% en volume et + 105% en chiffre d’affaires entre 2016 et 2021.
La filière biosourcée, réunie au sein de l’Association des Industriels de la Construction Biosourcée (AICB), pèse plus de 120 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Entre 2015 et 2021, 163 millions de m² d’isolants biosourcés ont été mis en œuvre en France, soit l’équivalent de plus de 120.000 maisons individuelles isolées. Aujourd’hui, 1 comble perdu sur 5 est isolé avec un isolant biosourcé.
L’atout des biosourcés : des ressources variées, disponibles et renouvelables
Les matériaux biosourcés sont fabriqués à partir de ressources renouvelables et locales issues de la biomasse végétale (bois, chanvre, lin, paille, herbe…), animale (laine de mouton) ou des filières de recyclage (papier, textile).
Pour Olivier Joreau, Président de l’AICB : « Cette variété des ressources, aux contraintes différentes d’un matériau à l’autre, présente un double avantage : d’abord, cela permet à la filière de répondre parfaitement à la demande, même croissante. Ensuite, cela évite l’épuisement des ressources en favorisant la rotation des matériaux. »
Matières renouvelables et véritables puits de carbone naturels, les matériaux biosourcés contribuent activement à l’objectif de neutralité carbone fixé par l’Union Européenne à l’horizon 2050. Alors que l’agence de l’ONU pour l’environnement appelait mi-septembre 2023 à une révolution pour décarboner le bâtiment, responsable de 37% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la filière biosourcée est prête pour faire face aux défis environnementaux à venir.
« Dans un contexte où la pression sur les ressources fossiles est à son paroxysme, l’utilisation massive des biosourcés est une solution aussi ancestrale que pérenne pour éviter l’épuisement des ressources non renouvelables », plaide le Président de l’AICB.
Une filière industrialisée et une capacité de production doublée d’ici 2025
Avec 12 unités de production pour le marché français (France, Belgique, Suisse, Espagne) et 4.000 emplois directs et indirects, la filière biosourcée s’est beaucoup industrialisée ces dix dernières années.
Pour Olivier Joreau : « Le stade de la production artisanale, c’est de l’histoire ancienne ! Aujourd’hui, la plupart des matériaux biosourcés sont sous avis technique, répondent aux DTU ou aux règles professionnelles et aux exigences de la garantie décennale, et bénéficient de la certification volontaire Acermi, au même titre que les matériaux traditionnels. »
Par ailleurs, les matières premières utilisées pour la fabrication des matériaux biosourcés issus du végétal stockent du CO2 (photosynthèse) par nature.
Pour répondre aux enjeux de la rénovation et de la construction neuve, les industriels de la filière ont engagé 60 millions d’euros d’investissements pour doubler leur capacité de production d’ici 2025. L’objectif : atteindre une capacité de production de 60 millions de m² de matériaux biosourcés par an.
L’exemple de Cavac Biomatériaux
Pionnier de l’isolation à base de chanvre, Cavac Biomatériaux fabrique depuis 2009, dans son usine de Sainte-Gemme-la-Plaine en Vendée (85), les panneaux isolants Biofib en chanvre ou en mélange de chanvre, lin et coton.
A partir de 2.000 hectares de chanvre cultivés en Vendée et dans les Deux-Sèvres (79) par 250 producteurs partenaires, Cavac Biomatériaux produit chaque année 150.000 m3 d’isolants biosourcés. Un circuit court où tous les composants de la plante sont utilisés, ne laissant aucun déchet : la paille de chanvre est d’abord défibrée. La fibre ainsi obtenue est ensuite nappée pour produire les panneaux isolants. La chènevotte, l’autre composant issu du process de défibrage, est ensuite revendue pour la fabrication de béton végétal ou de paillage.
Pour accélérer son développement, Cavac Biomatériaux investit 27 millions d’euros dans une nouvelle usine en cours de construction à Sainte-Hermine (85), dont la livraison est prévue au deuxième trimestre 2024. L’objectif pour l’entreprise : tripler sa capacité de production. Cette nouvelle usine portera la production d’isolant biosourcé de 150.000 m3 à 450.000 m3 par an, avec une trentaine d’embauches à la clé.
Pour Olivier Joreau, Président de Cavac Biomatériaux et Président de l’AICB : « Nous disposons de 200.000 hectares de culture potentiels et allons porter à 6.000 hectares nos parcelles de chanvre dans les 12 mois. Nous avons donc toutes les ressources nécessaires pour répondre à la demande grandissante du marché, avec de belles perspectives de croissance. »