Le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait augmenter de 2,6% en 2023, contre 2,2% anticipés en novembre dernier par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon ses perspectives publiées vendredi. L'an dernier, la croissance mondiale s'était élevée à 3,2%.
En 2024, la croissance mondiale devrait s'accélérer à 2,9%, soit 0,2 point de pourcentage de plus que prévu précédemment.
Pour l'instant toutefois, la guerre en Ukraine "continue à avoir de profondes répercussions économiques et sociales", a constaté le secrétaire général de l'OCDE Mathias Cormann lors d'une conférence de presse.
"Par rapport à novembre, les perspectives économiques sont légèrement plus optimistes, mais elles restent fragiles", a-t-il estimé.
Les économies continueront ainsi à subir le contrecoup du relèvement des taux directeurs décidé par les banques centrales pour lutter contre l'inflation, qui reste le problème numéro un.
De plus, ces politiques monétaires plus restrictives mises en place pour combattre la hausse des prix "pourraient continuer de mettre au jour des vulnérabilités financières liées à un endettement élevé et à la valorisation excessive de certains actifs", comme l'a montré récemment la faillite de trois banques américaines, selon le rapport de l'OCDE.
Pour autant, l'organisation écarte tout risque de "crise systémique" comparable à celle de 2008.
"Nous avons créé une réglementation plus forte, les banques centrales et les régulateurs ont appris des crises précédentes (...) et la plupart des banques bien capitalisées", a assuré le chef économiste de l'organisation Alvaro Pereira.
"Même s'il y a évidemment un risque accru pour la stabilité financière, nous pensons que les risques d'une contagion plus large sont plutôt limités", a abondé Mathias Cormann.
Les difficultés de Credit Suisse, dont l'action a plongé cette semaine, sont dues à une "réaction du marché" à la suite de la faillite de Silicon Valley Bank, a expliqué le dirigeant de l'organisation, notant que "les autorités suisses avaient agi rapidement pour limiter le risque de contagion". L'action a toutefois de nouveau plongé vendredi à la mi-journée, signe des difficultés rencontrées par la deuxième banque helvétique pour regagner la confiance des marchés.
Mais en dépit des turbulences que cela peut engendrer dans le secteur financier en particulier et l'économie en général, la lutte contre la hausse des prix doit rester la priorité des banques centrales, "jusqu'à ce que l'on observe des signes clairs de réduction durable des tensions inflationnistes sous-jacentes" (hors alimentation et énergie), estime l'OCDE.
Talon d'Achille
Autre talon d'Achille pour de nombreux pays, les prix de l'immobilier qui ont commencé à baisser, avec de possibles effets en cascade sur d'autres secteurs.
Malgré ces risques, une "amélioration progressive" de la situation économique générale est prévue tout au long de 2023 et 2024, avec un certain apaisement de l'inflation.
Dans les pays du G20 qui représentent quelque 85% du PIB mondial, la hausse des prix devrait ainsi passer de 8,1% en 2022 à 4,5% en 2024, anticipe l'OCDE.
La croissance mondiale devrait aussi bénéficier de "la réouverture complète de la Chine" post-Covid" dont la croissance devrait rebondir à 5,3% en 2023, contre 3% l'an dernier.
L'OCDE a relevé ses perspectives pour 2023 pour la plupart des grandes économies de la planète, mais les a abaissées pour le Japon, la Corée du Sud, le Brésil, l'Argentine ou encore la Turquie.
L'Allemagne échapperait désormais à une récession pour cette année avec une croissance de 0,3%, contre 0,7% pour la France (+0,1 point par rapport à novembre).
La croissance américaine devrait atteindre 1,5% en 2023, contre 0,5% prévu précédemment.
Enfin l'Inde devrait avoir cette année la croissance la plus forte du G20 avec 5,9%.
Au niveau mondial, "la demande devrait être préservée grâce à un nouvel assouplissement des taux d'épargne des ménages qui n'ont pas encore totalement utilisé l'épargne supplémentaire accumulée pendant la pandémie", explique l'institution.
Face à la flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation, l'organisation recommande aux États d'instaurer des aides "davantage ciblées sur ceux qui en ont le plus besoin".
Concernant l'énergie en particulier, les aides "devraient promouvoir l'efficacité énergétique" afin d'éviter de subventionner des activités non soutenables à moyen terme en raison du changement climatique.