Dans la mesure où la construction d'un bâtiment se décompose en autant de lots que de métiers du BTP, il est nécessaire de décider au préalable s'ils seront exécutés ou non par la même entité juridique. En effet, les implications sur l'organisation du chantier ne sont pas les mêmes, notamment pour les architectes et les maîtres d'œuvre responsables de la conduite et de la bonne exécution des travaux.
L'entreprise générale : un interlocuteur unique
La première option est de rechercher une seule entreprise du bâtiment capable de réaliser l'ensemble des prestations prévues par les plans d'exécution.
Aussi appelée « entreprise tout corps d'état », l'entreprise générale prend en charge la totalité des travaux de construction, du gros œuvre (fondations, toiture...) au second œuvre (plomberie, électricité...). En sa qualité de contractant unique, elle est la garante de leur bonne exécution. Toutefois, le maître d'œuvre aura affaire à une seule personne lors du déroulement des travaux : le responsable de chantier de l'entreprise. En cela, le suivi et les réunions de chantier s'en trouvent facilités étant donné qu'il ne s'adressera qu'à une seule personne, quelle que soit la nature des travaux concernés. Aussi, la réception des travaux se fera avec l'unique responsable de chantier.
De la même manière, le temps consacré à la consultation des entreprises est plus simple, car nettement réduit. En effet, l'appel d'offres se résume à étudier les propositions de quelques entreprises, contre plusieurs dizaines en corps d'état séparés. Cependant, l'enveloppe budgétaire proposée est souvent plus élevée d'environ 10%. Ceci correspond en général à l'économie que fait le maître d'ouvrage sur la coordination des travaux du fait de l'interlocuteur unique.
Les entreprises générales sont le plus souvent des entreprises du bâtiment spécialisées dans un métier du BTP qui font appel à des sous-traitants pour les lots qu'elles ne maîtrisent pas. Même si elle ne dispose pas de toutes les compétences techniques, une entreprise générale est en quelque sorte le chef d'orchestre qui dirige les travaux et endosse toutes les responsabilités juridiques. À ce titre, une entreprise dont l'assise financière est sûre sera plus à même d'affronter les difficultés que peuvent générer un abandon de chantier, un accident ou un dépôt de bilan par l'un de ses sous-traitants. C'est également l'entreprise générale qui est tenue d'en supporter l'assurance décennale.
Les corps d'état séparés : plusieurs métiers du BTP
Faire appel à des corps d'état séparés consiste à travailler différemment dans la préparation et l'organisation du chantier.
Contrairement à l'entreprise générale, le recours à des corps d'état séparés nécessite de faire autant d'appels d'offres que de lots à contractualiser. Chacun des différents intervenants avec qui le maître d'œuvre est amené à négocier est un spécialiste dans le secteur du bâtiment. La procédure de consultation des entreprises est par conséquent plus longue. Mais à son issue, il travaillera avec des prestataires compétents qui auront été choisis pour leur compétitivité, leur savoir-faire, mais aussi leur solidité financière. Cela n'exclut cependant pas le risque d'un dépôt de bilan de l'un d'entre eux. Dans cette éventualité, le maître d'ouvrage en supportera directement les conséquences. Par ailleurs, en matière de garanties, celles-ci sont réparties par travaux.
En évitant les intermédiaires, on peut compter sur des économies substantielles. Lorsque chaque prestation de chaque offre est soupesée, analysée et négociée, le maître d'œuvre a de meilleures chances de respecter le budget prévisionnel alloué et s'assure une bonne gestion financière. Ceci est d'autant plus réaliste que chaque corps d'état est directement responsable de la qualité de son ouvrage et doit fournir une garantie décennale sur ses travaux.
La réalisation d'un chantier en corps d'état séparés génère des besoins spécifiques lorsqu'il s'agit de coordonner les travaux. Il est clair que la démultiplication des intervenants exige le respect des règles de sécurité et d'organisation, de l'ouverture à la réception du chantier.
Si l'entreprise générale prend en charge de fait la coordination des travaux puisqu'elle fait intervenir ses employés et ses propres sous-traitants, le recours à des corps d'état séparés nécessite un pilote de chantier. Cela peut être un coordonnateur OPC (ordonnancement, pilotage, coordination) ou un AMO (assistance à maîtrise d'ouvrage). Celui-ci aura alors la charge l'avancement des travaux et de faire respecter les délais.
« Beaucoup de promoteurs ou de maîtres d'ouvrage s'interrogent sur la pertinence d'un chantier en entreprise générale ou en corps d'état séparés. La réponse ne peut cependant pas être tranchée. Elle dépend de nombreux facteurs dont notamment la nature du projet de construction et le budget alloué. Mais cela va bien au-delà.
En effet, la maîtrise d'ouvrage doit aujourd'hui relever de nombreux défis, mais aussi affronter des risques assortis de contraintes croissantes. Réaliser un bâtiment à forte performance énergétique est un défi de plus en plus exigeant. Respecter des règles constamment de plus en plus contraignantes en matière de santé et de sécurité les expose à de nombreux risques de nature pénale. Quant aux délais de réalisation des travaux, ils doivent être toujours plus courts pour répondre aux contraintes d'une nouvelle clientèle, plus exigeante. »
-Alexandre Brochot, Président Cofondateur d'AOS