Urgence sur l'emploi des jeunes
Alors que 700.000 jeunes sont attendus sur le marché du travail à la rentrée, "il y aura des incitations financières à l'embauche et un ensemble de mesures pour ne laisser aucun jeune sans solution", a promis Emmanuel Macron.
Le président, qui devrait annoncer lui-même des mesures le 14 juillet, doit arbitrer entre un allégement de cotisations sociales salariales, poussé par le cabinet sortant du ministère du Travail, mais dont le coût potentiel fait tiquer Bercy qui plaide plutôt pour une prime à l'embauche.
D'autres mesures sont prévues, comme l'extension de la Garantie jeunes - un accompagnement renforcé en mission locale pour les non qualifiés - une hausse des places en service civique ou en lycée professionnel pour les apprentis sans employeur, etc. Ce dossier de l'emploi des jeunes pourrait être suivi plus particulièrement par la ministre déléguée à l'Insertion, Brigitte Klinkert.
Contenir les plans sociaux
Elisabeth Borne devra convaincre les entreprises en difficulté d'éviter les licenciements massifs en ayant recours aux dispositifs alternatifs, notamment la nouvelle "activité partielle de longue durée" pour les secteurs durablement touchés comme l'aéronautique.
L'idée est de négocier un accord d'entreprise (ou de branche) d'une durée de six à 24 mois qui définira un maximum de 40% d'heures chômées, compensées par l'Etat plus fortement que le chômage partiel de base, avec des engagements sur l'emploi.
La ministre devra apporter sa part au plan de relance préparé à Bercy pour fin août, notamment sur le volet "formation et compétences" ainsi que sur le "partage de la valeur" qui pourrait se traduire par l'imposition d'accords d'intéressement dans les entreprises de moins de 50 salariés.
Par ailleurs, des mesures sont aussi dans les tuyaux sur la régulation du travail détaché: durcissement des contrôles, formation des demandeurs d'emploi dans les branches fortement utilisatrices (agriculture, BTP et industrie), refus des aides publiques pour les entreprises qui y recourent.
Réforme de l'assurance chômage: stop ou encore ?
Avec un taux de chômage attendu à 11,5% mi-2021 par la Banque de France, les syndicats demandent l'abandon complet de la réforme de 2019, qu'ils ont toujours contestée.
Si l'exécutif a fait comprendre qu'il reviendrait sur le durcissement de l'ouverture de droits (six mois de travail sur les 24 derniers depuis le 1er novembre contre quatre sur 28 avant), il reste flou sur deux mesures prévues au 1er septembre: le nouveau calcul de l'allocation pour ceux, souvent précaires, qui alternent contrats courts et chômage d'une part et la dégressivité après six mois pour les haut salaires d'autre part.
Les dispositions pour lutter contre les abus de contrats courts (bonus-malus dans certains secteurs et taxe de 10 euros sur certains CDD) ont du plomb dans l'aile car elles touchent des secteurs très frappés par la crise comme l'hôtellerie restauration.
La ministre doit aussi décider d'un renforcement des moyens de Pôle emploi en prévision d'un afflux d'inscriptions dans les mois qui viennent.
Réforme des retraites: le retour
Contrairement à Muriel Pénicaud, Elisabeth Borne aura en charge le dossier inflammable de la réforme des retraites remis à l'agenda par Emmanuel Macron bien que les partenaires sociaux y soient opposés.
Le chef de l'Etat juge son projet de système universel toujours "juste", même s'il se dit "ouvert" à ce que sa réforme "soit transformée".
Il souhaite "réengager rapidement une concertation en profondeur (...) dès l'été sur (le) volet des équilibres financiers" et considère que "la question du nombre d'années pendant lesquelles nous cotisons demeure posée".
Le déficit du système de retraites devrait approcher cette année le niveau record de 30 milliards d'euros, très loin des 4 milliards attendus avant la crise.