"Danser, faire la fête, se serrer dans les bras... Toutes ces choses qui nous semblaient acquises, se sont évaporées du jour au lendemain", observe Technopol, l'association de défense des musiques électroniques et organisatrice de la Techno Parade, qui a lancé "Danser demain", collectif créé pour "penser la fête d'après".
Pour Tommy Vaudecrane, président de Technopol, "il ne faut pas être inquiet pour l'avenir de la fête, mais pour la forme qu'elle prendra".
Une première table ronde, organisée récemment sur Facebook et toujours disponible en replay, a déjà été suivie par plus de 60.000 internautes.
"Depuis l'apparition des musiques électroniques, on a dû les imposer en trouvant des circuits alternatifs. C'est une gymnastique dont on est familier", assure Tommy Vaudecrane.
"Pendant le confinement, la fête digitale s'est distinguée avec un public fidèle. Bob Sinclar, en mixant depuis chez lui en direct, a mis la pêche, même si on ne pourra pas se passer du vivre ensemble. Si demain, les fêtes de plus de 1.000 personnes restent interdites, que va-t-on faire ?", se demande le président de Technopol.
"Sortir la fête de ses murs"
Pour le musicien Jean-Michel Jarre, pionnier des musiques électroniques, qui participe aussi au collectif "Danser demain", "le contact physique est irremplaçable. Les e-concerts sont des moyens de communiquer d'une autre manière, en attendant le réel".
Parmi les autres intervenants du collectif, le géographe et urbaniste Luc Gwiazdzinski, professeur à l'université de Grenoble, estime que la crise sanitaire s'est attaquée au cœur même de ce qu'est une ville, mais aussi à la vie nocturne.
"La fête convoque les corps, les face à face, l'émotion... Le Covid met cela à distance. C'est un défi à la ville et à la nuit, posant de grosses difficultés pour ceux qui fabriquent la fête", dit à l'AFP le président du conseil scientifique de la Plateforme nationale de la vie nocturne, un club de réflexion réunissant des élus, experts, professionnels, universitaires...
"Une des clés est la possibilité d'avoir accès à l'espace public: en ouvrant les parcs, en créant des rues réservées, tout en prenant en compte les riverains qui risquent de s'être habitués au silence...", ajoute Luc Gwiazdzinski.
"Si la fête veut s'en sortir, elle doit sortir de ses murs, récupérer l'espace public en partenariat avec les collectivités pour se diluer et éviter la saturation, sur des temps plus longs, dans la journée par exemple, avec aussi des micro-fêtes où on maîtrise mieux les règles sanitaires", suggère-t-il, suggérant par exemple d'investir toujours plus "des halles d'exposition ou des friches, d'autant que la fête, souvent à l'avant-poste, n'a pas attendu" pour gagner ces lieux.
Le temps presse toutefois: "Dehors Brut", club électro parisien en plein air sur une friche de la SNCF près de Bercy, n'a pas résisté à la crise sanitaire et se retrouve en liquidation judiciaire.