A Dole (Jura, 24.000 habitants), la vacance commerciale en centre-ville est passée de 20 à 6% en 10 ans, se félicite le maire LR Jean-Baptiste Gagnoux.
"C'est l'image qu'on renvoie de notre ville", dit-il à l'AFP pour souligner l'importance de cette tendance.
"Quand vous visitez une ville, vous allez au centre parce que c'est là que ça se passe. Si vous trouvez une ville complètement dégradée, avec un commerce sur deux qui est fermé, vous allez renvoyer une image d'une ville en perte de vitesse", affirme l'élu.
A Dole, une initiative "Coeur de ville" a précédé le programme national "Action coeur de ville" lancé en 2018 et son pendant "Petites villes de demain" pour les petites communes.
Dole a créé une société publique pour racheter et réhabiliter les commerces vacants, en même temps qu'elle a "donné un coup de neuf" au centre, en changeant l'éclairage public ou en ravalant les façades.
Si le maire constate que "les gens consomment moins" depuis que l'inflation a accéléré en 2022, cela n'a "pas d'effet visible sur la vacance commerciale... pour le moment".
Réhabiliter
Selon la fédération des commerçants Procos, le taux de vacance en pied d'immeuble, forme de commerce la plus courante en centre-ville, est proche de celui de l'ensemble des commerces (9,8% contre 9,7% en 2023).
Son évolution, avec une vacance repartie à la hausse en 2023 (+0,6 point) après trois années de baisse, est proche également de la moyenne (+0,5).
Des chiffres moins bons que dans les zones commerciales (6,6%, évolution stable) mais meilleurs qu'en centre commercial (14,9%, +0,9 point).
Le programme "Action Coeur de ville", qui vise à réhabiliter le bâti des centres-villes, a eu des effets largement bénéfiques, ont témoigné experts et élus lors du congrès de Sélestat.
"La meilleure façon d'aider les commerçants, c'est de dynamiser nos cœurs de ville, c'est d'y créer de l'animation et c'est d'y ramener les habitants", a affirmé Christine Guillemy, maire MoDem de Chaumont (Haute-Marne, 21.000 habitants), lors d'une table ronde.
Y réhabiliter des logements permet d'avoir des rues moins dégradées et plus attractives, a-t-elle détaillé.
Mais elle a ajouté avoir lutté pour y maintenir des services publics, tentés de déménager eux aussi en périphérie.
"J'ai dû me battre fortement pour que le nouvel hôpital de Chaumont reste en coeur de ville. (...) Imaginez, pour le commerce, ce que peut être la disparition d'un hôpital au coeur de ville !", a-t-elle dit.
"Boîtes à chaussures"
Mais la concurrence des zones commerciales de périphérie, de plus en plus décriées pour leur impact esthétique, écologique et économique, reste une épine dans le pied des élus.
"On ne peut pas penser des centres-villes sans penser la périphérie avec", a affirmé Frédéric Chéreau, maire PS de Douai (Nord, 40.000 habitants), fustigeant la multiplication de grands espaces commerciaux en périphérie, qu'il compare à des "boîtes à chaussures" en raison de leur forme.
"Au début, quand on était propriétaire, on a vendu les premières parcelles, on maîtrisait à qui on les vendait. Maintenant, c'est du second marché, on ne maîtrise plus rien du tout", a-t-il déploré, estimant ne pas avoir les moyens juridiques de limiter leur expansion.
"Quatre logements créés en périphérie, ça crée une vacance commerciale. Et la vacance, elle va toujours être dans le centre-ville", a-t-il constaté.
Autre levier mis en avant par les élus: l'accompagnement des commerçants eux-mêmes aux nouvelles façons de consommer. Présence en ligne, incitation à revoir leurs horaires d'ouverture...
"Les modes de consommation évoluent, il faut que les centres-villes et les commerces s'adaptent à cette évolution", a tranché Dominique Consille, directrice des programme Action coeur de ville et Petites villes de demain.