Dans leur dernière publication, les consultants des Échos Études dressent un tour d'horizon complet des enjeux économiques, réglementaires et financiers des CEE et des conséquences que peuvent avoir la crise actuelle sur le marché. Ils comparent les stratégies de production de CEE des obligés et des délégataires et leurs possibles ajustements face à la situation.
Bilan incertain
Le mécanisme des certificats d'économie d'énergie (CEE) n'est pas nouveau. Mais sur cette 4e période, qui s'achèvera au 31 décembre 2021, EDF, Total, Engie et tous les autres doivent collecter en tout 2 133 TWh cumac en 4 ans, soit 40 fois plus que leurs obligations de la 1ère période. Pour l'instant, le bilan ressort mitigé. Du côté des CEE précarité, nouveauté réglementaire introduite au 1er janvier 2016, les obligés et délégataires sont nettement en avance et leurs efforts devraient sans doute être moins intenses dans les mois à venir. En revanche, pour les CEE classiques, le compte n'y est pas et l'écart sera dur à rattraper. Le retard pourra, toutefois, être comblé par les surplus de CEE précarité. Mais cela suffira t-il ? D'autant que le confinement a porté un coup d'arrêt brutal aux travaux de rénovation énergétique, et donc un effondrement de la capacité à produire des CEE. Dans le résidentiel diffus et le petit tertiaire, la production de CEE a été famélique sur cette période. De plus, la crise a fragilisé nombre d'entreprises artisanales avec un risque de cessation d'activité pesant sur la capacité à produire des CEE à l'avenir.
Coup de pouce de l'État
À l'approche de la fin de la P4, les obligés et les délégataires n'auront d'autres choix que d'accélérer leurs efforts de production de certificats. Ce phénomène observé à chaque fin de période ne manquera pas de se reproduire. Pour remplir leurs objectifs, ils pourront aussi compter sur un soutien de l'État qui souhaitera probablement s'éviter le risque de voir l'objectif non atteint. Plusieurs mesures ont d'ores et déjà été adoptées pendant le confinement, comme la prolongation des deux opérations Coups de pouce (chauffage et isolation) jusqu'au 31 décembre 2021, alors qu'elles devaient initialement s'arrêter le 31 décembre 2020, ou l'allongement de 6 mois du délai de dépôt des demandes de CEE pour les opérations d'économies d'énergie achevées entre le 1er mars 2019 et le 31 août 2019.
Opportunités en vue
Entre production en propre (via des versements de primes aux consommateurs ou le financement de programmes par exemple), recours à des délégataires, appui sur des réseaux d'installateurs, appel à des mandataires, ou encore, intégration de la chaîne de valeur de l'efficacité énergétique pour développer une offre globale, les options qui s'offrent aux obligés sont nombreuses. Le mix est largement orienté par la taille de l'obligation. Mais la crise sanitaire, et maintenant économique, a aussi rebattu les cartes et nécessite des ajustements. Avec un seul enjeu en tête : contenir l'inflation des coûts du mécanisme.
D'autant que la course à la collecte de CEE ne se fera pas sans heurts. Il y aura obligatoirement des perdants. A l'inverse, des opportunités se dessinent pour d'autres. Chez les délégataires, les tours de tables pourraient évoluer, face aux pressions sur la trésorerie, le nerf de la guerre. 2019 a déjà été une année riche en mouvements, avec 3 d'entre eux qui ont changé de main, un score inégalé jusqu'à présent. L'arrivée de Bureau Veritas qui a repris Capital Energy ou du groupe La Poste qui a accéléré sa diversification en reprenant Économie d'Énergie est un signal clair que le marché est attractif…