L'échec de leur combat au printemps, qui avait pourtant rassemblé à plusieurs reprises plus d'un million de participants selon les autorités, n'a pas entamé la motivation des membres de l'intersyndicale même si sur le terrain, la mobilisation devrait être bien plus faible.
CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires et FSU, avec plusieurs organisations de jeunesse, appellent à manifester vendredi "contre l'austérité et pour l'augmentation des salaires, des pensions et l'égalité femmes-hommes".
Cette journée constitue "une première mobilisation dans un cadre syndical européen", signale l'intersyndicale. A l'appel de la confédération européenne des syndicats (CES), des manifestations seront également organisées en Italie, Belgique, Allemagne, Espagne, entre autres, avant un nouveau rendez-vous prévu le 13 décembre.
Quelque 200 actions sont annoncées dans de nombreuses villes en France, selon la CGT. Au total le mouvement pourrait réunir, selon les autorités, 150.000 personnes dans tout le pays (dont Paris, où la police attend entre 10.000 et 15.000 personnes).
Le cortège parisien s'élancera à 14H00 depuis la place d'Italie (13e arrondissement) en direction de la place Vauban (7e arrondissement).
"Phare dans la tempête"
"Le sujet de la rentrée c'est la question des salaires et de l'égalité femmes-hommes", martèle la numéro un de la CGT, Sophie Binet.
L'intersyndicale réclame "l'augmentation des salaires, du Smic, des pensions" ou la suspension des "exonérations fiscales" accordées aux entreprises si celles-ci refusent d'ouvrir des négociations salariales, indique la centrale de Montreuil, qui défend aussi pour sa part "l'indexation des salaires sur les prix".
"Les attentes sont extrêmement fortes de la part du monde du travail", a souligné la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, pour qui "sur le plan social, la situation demeure inquiétante". "La question du pouvoir d'achat est la priorité avec une inflation qui affole les compteurs (...) De nombreuses personnes basculent dans la pauvreté", s'est-elle alarmée.
Pour les syndicats, l'enjeu est aussi de continuer à se montrer unis alors que les négociations sur l'assurance chômage restent difficiles, après qu'un accord a été trouvé avec le patronat sur les retraites complémentaires, accord critiqué par le gouvernement.
Ils seront rassemblés vendredi matin au siège de Force ouvrière à Paris pour une conférence de presse commune, au cours de laquelle interviendront aussi leurs homologues européens.
"Dans ce contexte trouble, l'unité syndicale est très importante et l'intersyndicale est un phare dans la tempête", fait valoir Mme Binet.
Nouvelle génération d'adhérents
"Cette rentrée sociale est largement liée à l'ensemble des évènements qu'on a pu vivre depuis plusieurs mois", a aussi relevé Mme Léon. "Si aujourd'hui on voit se profiler une conférence sociale, un agenda social, des négociations tripartites, (...) c'est parce qu'il y a eu des millions de travailleurs qui se sont mobilisés pendant des mois."
Tout l'enjeu est donc pour les syndicats d'être nombreux avant la conférence sociale, présidée par la Première ministre Elisabeth Borne, qui se tiendra lundi au Cese (Conseil économique social et environnemental). La journée du 13 octobre doit servir de "tremplin", estime Mme Binet.
Au-delà du match retour, les syndicats doivent également répondre aux attentes d'une nouvelle génération d'adhérents (près de 28.000 chez FO au premier semestre, environ 60.000 pour la CFDT, 50.000 pour la CGT).
Mais de l'avis même d'une source syndicale, "ce ne sera pas un raz-de-marée".
"Après la séquence sur les retraites", Murielle Guilbert, co-déléguée de Solidaires, craint elle aussi que ce soit "plus difficile encore pour les salariés ou les précaires de se mobiliser" et estime qu'"une journée ne suffira pas". Elle donne rendez-vous "après la conférence sociale pour voir quel rapport de force on peut construire."