Après le plan de sobriété énergétique dévoilé en octobre, qui visait à réduire de 10% la consommation d'électricité et de gaz de l'Etat entre 2019 et 2024, "le plus dur est devant nous", a confié le ministre à l'AFP.
D'ici 2050, le gouvernement espère abaisser à 2 millions de tonnes d'équivalent CO2 les émissions de gaz à effet de serre de l'Etat, contre 10 millions de tonnes annuelles à l'heure actuelle, selon l'estimation du ministère de la Fonction publique.
Les émissions résiduelles devront être contrebalancées par des projets de compensation carbone, de façon à atteindre l'objectif français et européen de neutralité carbone en 2050.
Pour relever ce défi, "il va falloir élargir le champ d'action, ne pas se concentrer que sur les sujets de sobriété énergétique mais aussi appréhender les questions de déplacements, de commande publique, de numérique écoresponsable, d'alimentation..." a énuméré M. Guerini.
L'Etat compte aussi produire une partie de l'énergie décarbonée qu'il consomme. Le ministre a inauguré vendredi, sur le toit de la direction départementale des territoires (DDT) de la Vienne, le premier parc photovoltaïque d'une série de 300 parcs destinés à alimenter d'ici 2025 les bâtiments publics.
Depuis le raccordement au réseau de la DDT en décembre 2022, "on a mis en service une deuxième installation, un bâtiment du CNRS à Bron" près de Lyon, affirme Cécilia Reilhan, la responsable du déploiement des 300 parcs de l'Etat (budgétés à environ 50 millions d'euros hors taxes).
"On travaille sur beaucoup d'autres projets: la cité administrative de Limoges, l'école de gendarmerie de Tulle, un bâtiment de l'Inrae à Bordeaux...", poursuit-elle.
Quarante-cinq centrales photovoltaïques au sol doivent également être construites, selon Cécilia Reilhan.
Le but n'est pas l'autosuffisance: le parc inauguré à Poitiers fournit moins de la moitié de la consommation d'énergie (43%) du bâtiment de la DDT.
Et les 300 projets d'énergie photovoltaïque destinée à la consommation sur site ne suffiront pas à verdir la consommation de tout le parc immobilier de l'Etat, qui compte 190.000 bâtiments au total.
Cette production d'énergie renouvelable n'équivaut toutefois pas à "un droit à consommer" pour les agents qui en bénéficient, avertit Mme Reilhan, en pointant le risque d'un "effet rebond" de la consommation.
L'Etat a encore un effort considérable à mener en matière de compensation carbone, le sujet étant assez neuf pour l'administration. Sur le seul volet des économies d'énergie, le gouvernement affirme avoir déjà atteint l'objectif de réduction de 10% de la consommation.
Selon des chiffres du ministère de la Fonction publique, basés sur un échantillon de 10.000 bâtiments publics qui représentent les trois quarts de la consommation d'énergie de l'Etat, celle-ci a baissé de 10% sur un an, davantage pour le gaz (-12%) que pour l'électricité (-8%).
Les chiffres portent sur la période de novembre 2022 à janvier 2023, que le ministère a comparée à la même période en 2021-2022.