Le rendez-vous qui s'est tenu depuis mercredi au Museum national d'Histoire naturelle dans la capitale française, dans le cadre des sommets ONE Planet déclinés par le président français Emmanuel Macron ces dernières années, a abouti à un "appel de Paris pour les pôles et les glaciers" qui, selon le président français, réunit déjà "une trentaine d'Etats signataires".
Parmi eux, plusieurs pays européens mais aussi l'Inde, Singapour, la Corée du Sud... Ou encore Tuvalu et l'Australie, qui vient d'offrir l'asile climatique aux 11.000 citoyens de ce petit ensemble d'îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux et menacé de disparition.
L'appel de Paris se veut un cri d'"alarme" face à la fonte des glaces mais aussi un encouragement à la coopération et au développement de la recherche.
Le glaciologue Jérôme Chappellaz, co-président du Comité de conseil scientifique du sommet, a fait part à son issue de son "grand niveau de satisfaction" tout en regrettant que la coalition ne soit pas "encore plus large".
"Coopération"
Avant les responsables politiques, des scientifiques s'étaient réunis pendant deux jours dans la capitale française pour faire tirer un bilan inquiétant de l'état de la cryosphère, qui désigne l'ensemble des glaces présentes sur Terre (banquise, glaciers, icebergs ou permafrost).
Ces espaces sont menacé par le réchauffement climatique d'origine humaine, lié essentiellement à l'utilisation des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz).
Face à "l'effondrement" des surfaces gelées de la planète, un défi "inédit" et "civilisationnel" pour l'humanité, Emmanuel Macron a plaidé pour "un niveau de coopération inédit" malgré le "regain des tensions géopolitiques". La guerre en Ukraine "vient fragiliser la coopération avec de grandes puissances géopolitiques et scientifiques", a-t-il relevé, dans une allusion à la Russie.
"Malgré toutes ces tensions, il est clair que nous devons agir, faire des pôles et glaciers des espace privilégiés de paix, de coopération scientifique et environnementale", a plaidé le président français.
Nouveau navire
Pressé par la communauté scientifique de renforcer ses moyens, il a également annoncé que la France investirait un milliard d'euros "d'ici 2030" dans la recherche polaire. Ce milliard s'entend sur la période 2024-2030 et représente le double des crédits sur la période précédente 2017-2023, selon son entourage.
Le président a plus spécifiquement annoncé la construction d'un nouveau navire. Basé entre Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, et Hobart, en Australie, ce bâtiment dit "à capacité glace", capable de naviguer dans les glaces qui encombrent les mers polaires et qui peuvent atteindre plusieurs mètres d'épaisseur, se partagera entre le Pacifique Ouest et l'Antarctique.
Il portera le nom de l'ex-Premier ministre Michel Rocard, qui fut le premier ambassadeur de France pour les pôles, a précisé le président français.
L'enveloppe d'un milliard participera aussi au financement de deux initiatives d'ampleur dans les deux pôles: le Polar Pod avec l'explorateur Jean-Louis Etienne dans l'océan Austral, et la Station Arctique portée par la Fondation Tara.
La France reconstruira en outre dès 2026 sa station Dumont d'Urville sur la péninsule antarctique et s'emploiera à la rénovation de la station franco-italienne Concordia, en tenant le cap des meilleures normes environnementales, a encore dit le chef de l'Etat, ajoutant que Paris participerait en lien étroit avec ses partenaires européens à un grand projet de recherche en Antarctique Est, où les connaissances sont encore limitées.
Ces nouveaux moyens étaient très attendus. "Nous avons besoin de soutien", avait lancé le paléoclimatologue Jean Jouzel en ouverture de la séquence scientifique du sommet mercredi.
"La recherche polaire a besoin de moyens, ils sont très insuffisants", s'était également alarmé Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France pour les pôles et l'océan.
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