A l'époque, la chute d'imposants morceaux de poutres en bois avait interrompu John David, un tailleur de pierres, dans sa tentative de sauvegarder certains des trésors contenus dans cette cathédrale, l'une des plus emblématiques du Royaume-Uni.
Il avait lui-même contribué à restaurer le monument, qui a retrouvé tout son lustre après plusieurs années d'efforts méticuleux. Il estime que le même tour de force peut être réussi concernant Notre-Dame, à condition d'y consacrer le temps nécessaire.
"Si les réparations doivent prendre vingt ans, alors ça prendra vingt ans", déclare-t-il à l'AFP dans l'atelier de la cathédrale, où sont sculptées des pierres de calcaire provenant d'une carrière alentour.
"Aujourd'hui, tout le monde veut que les choses aillent vite", observe-t-il, en référence à la volonté du président français Emmanuel Macron de reconstruire Notre-Dame en cinq ans. "Les monuments sont plus importants, il me semble, que telle ou telle personne. Ils représentent la nation, le pays, l'Eglise".
Il compte sur ses doigts recouverts de poussière toutes les inconnues auxquelles il faudra répondre dans les années à venir pour mener à bien le chantier parisien.
"Ce sont des bâtiments qui bougent, ils ne sont pas coulés dans du ciment", souligne-t-il pour exposer l'un des principaux dangers qu'il identifie. Avec la destruction de la charpente et de la flèche de Notre-Dame, beaucoup moins de poids repose désormais sur les murs et les arches de la cathédrale. Or, "c'est la charpente qui assurait que tout tienne bien ensemble", remarque-t-il.
Bien avant leurs incendies respectifs, les deux monuments suivaient déjà des destins parallèles depuis plusieurs siècles. A York, la cathédrale avait été édifiée en 1360, soit 15 ans seulement après celle de Notre-Dame. Les mêmes matériaux de construction avaient été utilisés pour les deux monuments, qui présentent une architecture comparable.
La pluie, problème majeur
Geoff Brayshaw, lui, a d'autres inquiétudes. Ce menuisier sexagénaire avait seulement 27 ans quand son équipe fut chargée d'assembler les poutres nécessaires au remplacement du toit de la cathédrale de York.
La reconstruction du monument britannique avait été perturbée par les intempéries. "Nous étions sans cesse inondés, c'était notre plus gros problème", se remémore-t-il.
Les architectes avaient finalement élaboré un plan qui leur avait permis de mener à bien la reconstruction en quatre ans. Mais le projet était bien moins conséquent que celui de Paris: à York, le brasier avait été circonscrit dans une seule tour, et éteint avant d'attaquer l'ensemble de la charpente.
Pour prévenir un nouveau désastre, il avait mis en place avec son équipe un système de protection contre le feu.
Des éléments ignifugés avaient été incorporés au toit, capable d'empêcher la progression des flammes. Un système d'arrosage automatique en cas d'incendie avait été écarté, en raison du risque de fuite d'eau.
"Je ne pense pas que vous puissiez parvenir à quelque chose qui soit totalement ininflammable", souligne-t-il. "Évidemment on avait mis le paquet pour essayer".
L'Eglise d'Angleterre a déjà proposé de mettre sa longue expérience en matière de rénovation à disposition des autorités françaises.
Geoff Brayshaw, lui, juge bien faibles ses chances de participer au chantier parisien. "Je pense que quand le projet sera réglé, je serai déjà à la retraite".