La Zone touristique de Wonsan-Kalma est coincée entre un aéroport récent et la côte orientale du pays reclus, dans une région où Pyongyang a tiré des missiles balistiques et mené des exercices d'artillerie.
Le site est destiné à devenir la pièce maîtresse de l'industrie touristique naissante de la Corée du Nord. Celle-ci cherche à développer son économie malgré les sanctions internationales qui la punissent pour ses programmes nucléaire et balistique interdits.
L'année dernière, le Nord a accueilli 100.000 touristes étrangers, essentiellement des Chinois, selon les estimations de professionnels du tourisme. Pyongyang ne publie pour sa part aucun chiffre.
Les travaux dans la Zone touristique sont étroitement surveillés par le dirigeant nord-coréen et une grande cérémonie d'ouverture a été annoncée pour octobre, lorsque le pays fêtera le 74ème anniversaire de la création du Parti des travailleurs au pouvoir.
Le site 38 North a publié des images satellite datant de décembre pour les plus récentes, montrant que l'extérieur de la plupart des bâtiments qui étaient auparavant en cours de construction "est près d'être achevé" et que "plusieurs bâtiments nouveaux ou redessinés en sont à des stades avancés". Les images montrent aussi un toboggan aquatique et un cinéma.
Enfant, Kim Jong Un est réputé avoir passé ses étés dans la région. Il s'est rendu sur place au moins trois fois en 2018, reprochant parfois leurs manquements aux gestionnaires du projet et donnant des ordres précis pour le déroulement des travaux, selon la presse officielle nord-coréenne.
M. Kim a "trouvé que la rue toute entière n'était pas parfaite du point de vue artistique", avait rapporté l'agence KCNA après une inspection menée par le dirigeant nord-coréen en octobre.
Des "super plages"
"Il a donné l'ordre aux responsables d'envisager la construction d'hôtels et d'auberges plus nombreuses, de plus de 30 étages", de davantage de salles de jeux, de cinémas, d'un "stade multifonctions" et "d'un vaste parc aquatique" ainsi que d'une "fête foraine", ajoutait l'agence.
Le président américain Donald Trump, ancien promoteur immobilier devenu milliardaire, avait mis en exergue le potentiel de développement touristique de la Corée du Nord lors de son sommet historique avec M. Kim en juin à Singapour.
Après la diffusion d'une étrange bande-annonce façon Hollywood apparemment destinée à illustrer la manière dont les Etats-Unis pourraient fournir leur aide économique et technologique au Nord, M. Trump avait évoqué le potentiel de développement immobilier dans ce pays qui manque cruellement de liquidités.
"Par exemple, il y a des super plages", avait-il dit aux journalistes. "On le voit à chaque fois qu'ils font exploser leurs canons dans la mer. Je me dis, dis-donc, regarde-moi cette vue. Ca ne ferait pas des super apparts?"
M. Kim a mentionné le projet Wonsan-Kalma dans son discours du Nouvel An. D'après 38 North, l'avancée des travaux illustre le "désir" de Pyongyang de "démontrer que la Corée du Nord, malgré les sanctions économiques, a une économie qui progresse et montre des signes de prospérité".
"Cela pourrait aussi refléter les espoirs" du Nord, "qu'à mesure qu'il améliore ses relations politiques extérieures, le tourisme suivra", ajoutent les chercheurs.
Pour l'instant, les Etats-Unis interdisent à leurs ressortissants de faire du tourisme en Corée du Nord.
Des centaines de Sud-Coréens se rendaient jadis chaque année au Mont Kumgang près de la frontière intercoréenne, résidant dans un complexe touristique financé par Séoul, le premier projet important mené en coopération par les deux voisins.
Tout cela prit fin abruptement en 2008 quand un soldat nord-coréen avait abattu une touriste sud-coréenne qui s'était égarée.