"Les frais liés aux problèmes de qualité" des éoliennes du groupe, mais aussi l'augmentation des coûts des matériaux de production "ont gravement impacté les résultats de l'exercice 2023 et continueront d'avoir un impact sur la rentabilité du groupe à court et moyen terme", a indiqué l'entreprise dans un communiqué.
La branche éolienne ne devrait désormais atteindre la rentabilité qu'en 2026. Le groupe est pour le reste actif dans la construction notamment de turbines de centrales au gaz ou d'équipements à l'hydrogène, ainsi que de transformateurs.
La perte correspond à ce que qu'avait prévu Siemens Energy en août. L'an dernier, le groupe avait déjà subi une perte nette de 647 millions d'euros.
Son carnet de commandes a pourtant atteint un nouveau record à 112 milliards d'euros alors que l'Europe est en pleine transition énergétique, des énergies fossiles vers le renouvelable et l'électrique.
Défaillances
Mais la filiale espagnole du groupe, Siemens Gamesa, en charge des éoliennes terrestres, a été fragilisée par des défaillances découvertes sur ses produits, des vibrations dans les pales de rotor et problèmes de roulements de certains modèles d'éoliennes.
Ces difficultés ont empêché le groupe de pouvoir répondre à la demande, entraînant une baisse de ses revenus, et fait dévisser le cours en Bourse de l'entreprise. D'autant qu'elles sont intervenues dans un contexte déjà très difficile pour les acteurs de l'éolien en Europe.
Le groupe a souffert "de la hausse des taux d'intérêt, de la perturbation de la chaîne d'approvisionnement mondiale et de la poursuite de la guerre en Ukraine", ainsi que de la hausse des coûts des matières premières, a dit l'entreprise.
Mardi, l'Etat allemand a du coup volé au secours de l'entreprise, stratégique pour les projets du gouvernement de transition énergétique, avec un plan de sauvetage de 15 milliards d'euros de garanties de prêts au total, financé à moitié par des fonds publics.
Le reste vient de banques privées et d'actionnaires, dont Siemens qui en détient encore 25% de la société.
De plus, le groupe va vendre une partie de sa participation dans une co-entreprise fondée en Inde avec l'ancienne maison mère Siemens, pour dégager des fonds.
Entreprise stratégique
Celle-ci a annoncé mercredi son intention d'acquérir 18% de la co-entreprise pour un prix d'achat de 2,1 milliards d'euros, profitant d'une décote de 15% par rapport au prix moyen. Cela réduit les parts de Siemens Energy à 6%.
Le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 31 milliards d'euros au cours de son exercice annuel décalé, en hausse de 7% et s'attend à une croissance comparable pour 2024. Siemens Energy espère dégager l'an prochain un bénéfice de 1 milliard d'euros.
En fin de matinée, le titre prenait 3,27% à la bourse de Francfort.
Le coup de pouce du gouvernement allemand s'explique par l'importance de l'entreprise dans le tissu industriel allemand (26.000 salariés dans le pays) et par celle de l'éolien dans la transition énergétique allemande: le pays vient d'abandonner le nucléaire et prévoit de sortir du charbon si possible en 2030.
Il confirme plus largement une tendance à l'intervention croissante de l'Etat allemand dans la marche des entreprises jugées stratégiques.
Le secteur des énergies renouvelables en Europe se plaint d'une concurrence souvent jugée déloyale venue de Chine. Nous devons résoudre nos problèmes pour être capables de battre les concurrents chinois sur un pied d'égalité", a commenté Christian Bruch, PDG de Siemens Energy.