La France est un grand pays forestier avec près de 17,3 millions d'hectares en métropole, soit près de 31% du territoire métropolitain(1). À l’heure où le bois est de plus en plus sollicité pour construire un monde plus durable, cette richesse forestière française apparaît comme un atout de la transition écologique. Pourtant, si l'appétence des Français pour le bois ne fait que croître, peu veulent entendre parler de forêts de production.
En 2023, les débouchés du bois (construction - énergie - industrie) sont encore perçus comme une menace pour la forêt. 53% des Français interrogés pensent que les forêts françaises sont surexploitées. 52% considèrent que la récolte du bois en France détruit la forêt sur le territoire. Et 44% estiment que la première action de gestion durable de la forêt en France serait d'arrêter totalement la coupe des arbres(2).
La forêt française menacée ?
Contrairement aux idées reçues, la forêt française se porte bien. En moins de deux siècles, sa surface a quasiment doublé, passant de 8,9 millions d’hectares en 1840 à 17,3 millions d’hectares en 2022(3). Malgré ces chiffres, la production de bois est encore considérée dans l’imaginaire collectif comme une menace. L'amalgame entre “production de bois” et “coupe rase” persiste, et toute coupe de bois est souvent perçue comme synonyme de déforestation.
Pour Sarah Laroussi, directrice générale du CNDB : « La désinformation est portée par des personnes paradoxalement souvent engagées en faveur de l'environnement mais non expertes ou aguerries au sujet de la forêt qui s'imaginent sauver la forêt d'une menace humaine fantasmée. »
Pourtant, la coupe rase, qui consiste à abattre la totalité des arbres présents sur une parcelle forestière, ne représente que 0,3% de la surface forestière en France métropolitaine. Aujourd’hui, le forestier ne prélève pas plus que ce que la forêt produit puisque seulement 58,5% de l’accroissement naturel des forêts est prélevé chaque année.
Utiliser le bois des forêts c’est faire un geste “pour” la planète
Les forêts françaises sont néanmoins en danger. Les mutations climatiques à grande vitesse engendrent des modifications structurelles importantes sur les forêts françaises. Feux, sécheresses, tempêtes, maladies… Dans tous les territoires la forêt souffre. Mais si les forêts sont les premières victimes du réchauffement climatique, elles sont aussi l’une des meilleures chances pour l’enrayer.
L’enjeu de l’utilisation du bois est un véritable enjeu écologique. La forêt, 2e puits carbone mondial derrière les océans, permet la séquestration, c'est-à-dire l'absorption du carbone par la photosynthèse. Le bois, même transformé, remplit aussi un rôle de stockage, soit la capacité à garder ce carbone. Le bois permet enfin la substitution. En tant que ressource naturelle et renouvelable, le bois peut, pour certains usages, être utilisé à la place de matériaux ou de sources d'énergie plus énergivores ou d'origine fossile comme le plastique, l'aluminium ou le pétrole.
Construire l’avenir
Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, le bois est un atout incontournable, notamment dans le secteur de la construction qui représente 23% des émissions de gaz à effet de serre français. Outre son rôle de séquestration du carbone, le bois présente des qualités exceptionnelles pour rendre le secteur plus durable. Très bon isolant, le bois apporte un excellent confort thermique et phonique pour des bâtiments donc moins énergivores. 5 fois moins lourd qu’une structure en maçonnerie, le bois permet l’utilisation de fondations plus légères, réduisant ainsi la quantité de béton nécessaire. Une faible densité qui en fait aussi le matériau idéal pour des chantiers de surélévation.
Le bois permet enfin de réduire les nuisances sur les chantiers. Les constructions en bois sont la plupart du temps préfabriquées hors site, avec des murs entiers, voire des pièces complètes, conçus sur mesure dans des installations spécialisées. Bien plus rapide que les travaux traditionnels en maçonnerie, la construction ou la rénovation bois implique ainsi une diminution conséquente des nuisances sonores, du trafic et de la production de déchets engendré par un chantier classique.
Pour Sarah Laroussi, directrice générale du CNDB : « Le changement climatique, la crise immobilière, les mutations sociétales et environnementales que nous traversons actuellement bousculent notre vision de la ville et de l'habitat. Résilient, le bois s'adapte très facilement aux évolutions du monde. Encore faut-il lui laisser sa chance ! »
Pour cela, l’intervention des femmes et des hommes forestiers est indispensable. Sur le terrain les coopératives de l'UCFF (Union de la Coopérative Forestière Française) accompagnent et conseillent les propriétaires forestiers privés dans leur travaux d'entretien et de production de bois. Les conditions météorologiques intenses auxquelles la forêt française est confrontée nécessitent des mesures particulières et adaptées d'une région à l'autre. Sans ces actions locales, la quantité et la qualité des bois français seraient en péril. Nous leur devons donc beaucoup.
(1) Ministère de l’Agriculture. Disponible ici
(2) Sondage OpinionWay pour UCFF, Les Français et les forêts (octobre 2023). Disponible ici.
(3) Institut national de l’information géographique et forestière, Inventaire forestier (2022). Disponible ici.
Image d'illustration de l'article via Depositphotos.com.